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Renault 7 – 1982

            Des Renault méconnues sous l‘ère de la Régie nationale, il en existe assez peu : on pourrait citer la Rambler, la R3 et la R7. Si les deux premières ont été commercialisées en France, la Renault 7 se cantonne au seul marché hispanique sans jamais avoir été commercialisée dans l’hexagone. C’est pourquoi cette voiture peut légitimement être oubliée, car en croiser une en France relève d’un coup de chance. Et j’ai même eu l’occasion de l’essayer, alors en avant !

Renault 7 (1)

              Ne l’appelez pas « Siete », car la voiture que nous avons l’occasion d’essayer pour cet article est une « Renault 7 », que l’on peut donc prononcer en français ! La différence entre les deux, la Renault 7 remplace la Renault Siete à partir de 1980, l’occasion de repartir sur l’histoire du modèle mais aussi de la branche espagnole de Renault !

              L’Espagne a rapidement été un marché convoité pour Renault, Louis Renault y commercialise des voitures dès le début du XXème siècle avant de se retirer de ce marché en 1936 du fait de la guerre civile. Une fois devenue Régie, l’entreprise de Billancourt tente de relancer une société d’importation en Espagne mais le gouvernement d’alors, protectionniste, fait barrage à cette tentative. Pour s’implanter en Espagne, Renault fonde avec l’INI (une société publique Espagnole) la société FASA en 1951, laquelle produit à compter de 1953 la Renault 4CV sous licence. Cette société était composée d’une majorité de capitaux espagnols comme l’exigeait la législation d’alors et disposait d’une usine à Valladolid, Renault n‘avait qu‘une participation de 15% dans cet ensemble.

                 Mais les débuts sont difficiles, le marché espagnol n’est pas encore assez riche pour que l’automobile s’y démocratise, bien que Fasa élargit sa gamme à la Dauphine en 1959, puis lance la R4 en 1964 pour remplacer la 4CV. Toutefois, au milieu des années 1950, le gouvernement franquiste lance une politique économique qui modernise le pays, les usines ouvrent et petit à petit, les ouvriers disposent de revenus suffisant pour acheter leur automobile. Les années 1960 voient ainsi ce marché exploser, profitant à Seat et à Renault-Fasa. En 1964, la superficie de l’usine FASA-Renault avait quadruplée pour soutenir la hausse des commandes, car le constructeur représentait 20% du marché automobile, un chiffre honorable face à Seat.

                   Comme le marché espagnol devient juteux, Renault monte au capital de FASA à hauteur de 49,9% et rachète quelques sous-traitants afin de contrôler le processus de production et surtout, que les Fasa-Renault aient 70% de pièces espagnoles comme l’exige la loi. Avec cet important effort, FASA-Renault grappille des parts de marché et atteint en 1973 un tiers des ventes en Espagne, une nouvelle usine est ouverte à la fin de l’année 1972 et produit à partir de 1973 des Renault 5.

                      Le rôle de la R5 est alors de concurrencer la Seat 127 présentée la même année, la voiture séduit la clientèle avec son look et son côté pratique, mais une grande partie du marché espagnol préfère les voitures à trois volumes. Et comme un tel véhicule n’existe pas dans la gamme Renault, Fasa-Renault va pour la première fois développer une automobile. Mais pour des raisons évidentes de coût, Fasa-Renault part de la Renault 5 et demande aux bureaux d’études français d’en décliner une berline. La voiture est fin prête en 1974 et présentée au public dans la foulée sous la dénomination « Renault Siete ».

                    La Siete partage beaucoup d’éléments avec la Renault 5, la caisse de la voiture est spécifique (à l’exception de la partie avant) car la plate-forme est rallongée de dix centimètres afin de dégager un habitacle permettant, outre de recevoir quatre portes, d’accueillir quatre passagers à son bord. Bien évidement, la partie arrière est la grande spécificité de la Renault Siete, avec un coffre volumineux d’une capacité de 400dm3, lequel allonge la voiture de presque 40 centimètres ! Egalement plus lourde, le moteur est revu à la hausse et passe à 1.037cm3 pour développer 50Ch, soit 6Ch de plus pour absorber les 85kg supplémentaires de la Siete.

                  Une fois commercialisée, les ventes de la Renault Siete dépassent rapidement les 20.000 unités par an et flirtent même avec les 30.000 unités de 1976 à 1978. C’est un succès commercial pour cette voiture spécifique à l’Espagne, Fasa-Renault lui apporte chaque année quelques petites évolutions tantôt sur la finition, tantôt sur le confort… Puis vient l’année 1979 durant laquelle Fasa-Renault opère un changement de dénomination : la Siete devient « Renault 7 ». Par la même occasion, la voiture obtient une finition plus simple pour réduire les coûts de production : enjoliveurs simplifiés, calandre et rétroviseur en plastique noir, perte de la baguette de bas de caisse, protections latérales en caoutchouc plus épaisses … Et surtout, des feux arrières agrandis.

                Pour compenser, l’habitacle devient plus complet avec un volant à quatre branches, un tableau de bord revu avec une nouvelle présentation des compteurs, un accoudoir à l’arrière, des cendriers, une lunette dégivrante et des ceintures de sécurité à enrouleur. Hélas, cela ne provoqua pas le sursaut escompté, les ventes étant retombées à 23.000 exemplaires en 1979 puis 17.334 unités pour 1980, année où la R7 remplace définitivement la Siete.

                 Par conséquent, nouveau changement en 1981, la gamme évolue et un nouveau moteur apparaît d’une cylindrée de 1.108cm3, un moteur partagé avec les Renault 5 européennes. Cependant, sa puissance descend à 45Ch mais Fasa-Renault met en avant sa souplesse et sa sobriété, bien supérieures à l’ancien modèle. La voiture obtient également un système de freinage assisté, un emplacement radio et des appuie-tête sur les fauteuils avant. Mais ce modèle ne resta que deux ans au catalogue avec 8.919 unités écoulées en 1981 et 1982, car cette dernière année, la Renault 7 s’efface pour accueillir la nouvelle Renault 9 et la Renault 5 à cinq portes qui arrivent en Espagne.

                 Pour dresser un bilan pour cette Renault Siete/7, c’est en tout 162.533 exemplaires qui ont été assemblées entre 1974 et 1982, un résultat honorable mais toutefois en deçà des ventes de la Renault 8 en Espagne qui avaient pris fin en 1977. Mais la Siete/R7 est loin d’être un échec, elle prouve même à la Régie Renault la nécessité de s’adapter à la demande locale en extrapolant des modèles à moindre frais afin d’asseoir sa position sur certains marchés extérieurs. Bref, carrière réussie pour la Renault 7 !

             Après avoir conté l’histoire de cette voiture, intéressons-nous au modèle mis à notre disposition. Il s’agit d’une Renault 7 de 1982, donc l’une des dernières produites mais aussi la seconde année de la plus faible production avec seulement 2.406 unités, seule 1974 fait pire avec 1.152 exemplaires. Pour cette dernière année de production, la Renault 7 ne connaissait plus qu’un seul niveau de finition, la GTL, on retrouve donc le moteur 1.108cm3 de 45Ch sous le capot, et un habitacle avec appuie-tête sur les fauteuils avant.

              Jamais commercialisée hors d’Espagne, cette Renault 7 a donc été importée en France par un passionné de la marque qui souhaitait rouler décalé sans pour autant tirer un trait sur la fiabilité et sans rechercher des pièces spécifiques pour rouler au quotidien avec. La R7 était donc le meilleur (pour ne pas dire le seul) véhicule pour répondre à ses souhaits, un modèle qu’il a été cherché en Espagne et qu’il a ensuite immatriculé en carte grise collection car le modèle n’a jamais été homologué pour la France.

              Cette Renault 7 porte encore quelques preuves de son origine espagnole, l’autocollant de lunette « Renault, Mecanica y Confort » ou encore le pare-choc à lame qui porte encore son étiquette « distribuido por Sapra ». D’ailleurs, puisque nous évoquons les pare-chocs, ceux de notre modèle sont équipés d’un élément optionnel, les lames qui protègent les optiques dont je vous laisserais seul juge de l’esthétique de ces derniers.

              Ensuite, notre modèle du jour se trouve dans un très bel état de conservation, la voiture présente un petit jus qui tend à nous prouver que la carrosserie n’a jamais été repeinte, et n’a pas été victime de chocs. Quant à la rouille, notre modèle n’en est malheureusement pas exempt, vous avez peut-être pu remarquer quelques taches de rouille sur la jupe avant, quelques petites cloques apparaissent également sur la malle arrière, mais heureusement, rien de grave dans l’ensemble car ces attaques sont seulement superficielles.

              Curiosité du modèle oblige, je n’ai pas hésité à la tentation d’ouvrir la malle de coffre, pour y trouver un important volume de chargement largement suffisant pour y mettre les bagages d’une famille qui partirait en vacance. Hélas, le seuil de chargement est trop haut et ne s’avère pas des plus pratiques pour charger les lots les plus lourds.

                Passons désormais dans l’habitacle, celui de notre modèle est très bien conservé, seuls les assises sont un peu distendues mais, ramené à l’âge de la voiture, il n’y a rien d’anormal. Le sol est recouvert d’une épaisse moquette marron assortie à la couleur des fauteuils, ce qui n’est pas le meilleur choix pour rentrer avec des chaussures sales ou mouillées. Preuve en est, la moquette sous les pieds du conducteur est devenue noire et mériterait un bon nettoyage.

                Les fauteuils sont recouvert d’un tissu épais dans le même style que celui des Renault 5 et sont relativement confortables. Les panneaux de porte sont exactement ceux de la R5, quant au tableau de bord, il est beaucoup plus simple et parait même trop vide, avec par exemple qu‘un seul aérateur en son centre. L’épais volant noir a tendance à masquer légèrement le tachymètre, lequel est mis à coté de quelques indicateurs et voyants. Bref, un intérieur bien pauvre… maintenant que nous sommes bien installés, mettons la clé dans le contact et partons faire un essai…

                Prendre les clés d’une Renault 7, voilà qui n’est pas banal ! Sans m’épancher sur sa quasi-jumelle Renault 5 dont j’avais été déçu par son train avant lourd et son manque de punch, c’est un peu sur la réserve que je démarre cet essai. Avant, un petit passage à la pompe s’impose pour rouler en toute sérénité au cours duquel la voiture est remarquée par quelques passionnés d’anciennes, et après avoir avalée quelques litres d’essence, l’heure du test commence. Débutons tout d’abord avec de la route départementale avec quelques bonnes lignes droites, la R7 s’élance convenablement pour une voiture de son époque, bien que l’accélération pourrait être un peu plus franche, cela reste bien suffisant pour s’immiscer dans le flot de la circulation actuelle. En revanche, je trouve plutôt regrettable que la voiture plafonne vite, dans une zone limitée à 90km/h, les 80km/h semblent être une bonne vitesse de croisière pour notre Renault 7. Certes, on pourrait aller plus vite mais en montant dans les tours moteur, avec un bruit qui devient de plus en plus lourd dans l’habitacle… ce qui serait sans intérêt.

                   Mais déjà, à cette vitesse, la Renault 7 me donne quelques sueurs froides, la voiture ne tient pas son cap, il faut sans cesse la rattraper puisqu’elle dévie soit vers la voie opposée, soit vers le fossé. Soit le problème vient de la R7, soit je ne sais pas manier la barre d’une R7… Les deux sont possibles. Un peu plus loin sur la route, une portion sinueuse nous tend les bras , la zone est limitée à 70km/h mais à cette vitesse, malgré les grandes courbes, je sens la voiture à la limite de ce qu’elle peut supporter, et la direction se montre une nouvelle fois sous vireuse.

                    Heureusement, nous arrivons dans un petit village, le rythme baisse donc avec l’arrivé d’un rond point. On freine, on rétrograde, et on s’arrête. Pour repartir, la voiture s’élance et, j’aurais le plus grand mal à passer la seconde. J’avais déjà eu ce problème en partant de la station-service, mais je pensais alors avoir loupé mon passage de vitesse, mais cette fois, je sens que c’est la boite qui ne veut pas, il faut donc décomposer le mouvement et prendre son temps pour réussir à mettre en marche cette seconde vitesse.

               Dans ce petit village, la Renault 7 se comporte plutôt bien, la voiture est vive et la direction est convenable bien qu’il faut quelques tours de volant pour faire tourner la voiture en angle droit. La voiture se fait remarquer, l’essai se faisait un samedi matin, jour de marché, nombre de personnes d’un certain âge ont tourné leur tête vers cette voiture, qu’ils devaient, sans être prétentieux, voir pour la première fois.

            Mais ne nous attardons pas, prenons le grand large sur une petite route de campagne, une route étroite avec quelques virages mais qui roule plutôt bien entre les champs, une route parfaite pour se mettre en condition ballade. Et la Renault Sept se montre relativement à son aise, le rythme n’est pas soutenu mais que demande-t-on à une voiture de collection ? Certes, il faut s’adapter à sa conduite, à ses défauts, et je suis sur que la Renault 7 plairait à certains amateurs… Mais ce n’est pas mon cas…

                   En effet, je trouve les défauts de la Renault 7 trop prononcés pour prendre plaisir à son bord, peut-être m’aurait-il fallu plus de temps pour m’adapter à cette voiture, ou peut-être que mon style de conduite ne convient pas à la Renault 7. Tout du long, je me suis battu avec cette seconde vitesse qui avait du mal à passer, avec la direction beaucoup trop floue et sous vireuse, et finalement, peut-être que je me suis trop focalisé sur ces défauts au dépend du reste…

Renault 7 (a)

Les +
_ Voiture rare et atypique
_ Cote accessible
_ fiabilité mécanique

Les –
_ Pièces de carrosserie spécifiques
_ agrément de conduite
_ design clivant

Renault 7 (b)

L’avis d’Alex

                 Même si l’essai ne m’a pas plu, essayons d’être impartial sur la voiture ! La Renault 7 est une voiture rare dans notre hexagone ce qui en fait son attrait, du moins pour les collectionneurs de l’univers Renault, car l’amateur d’anciennes lambda, s’il connait déjà la Renault 7, n’aura peut-être pas l’idée d’en posséder une. Par conséquent, pour une voiture rare, la côte reste accessible faute de véritable intérêt autour du modèle. Et si vous souhaitez vous porter acquéreur d’une Renault 7 ou Siete, essayez de privilégier un modèle déjà immatriculé en France, car à contrario, il faudra passer par le service des mines ou lancer une procédure carte grise de collection, quelques tracasseries administratives qui décaleront de quelques semaines la prise du volant sur les routes françaises. Pour le reste, la R7 permettra de rouler décalé tout en lançant d’innombrables conversations sur les rassemblements…

Remerciements au Relais de L'Auto Ancienne à Limoges pour le prêt de cette Renault 7, l'occasion de faire un essai et quelques prises de vues !