Présenté en 1909, le Berliet Type M marque l’aboutissement des essais du constructeur lyonnais pour arriver dans l’univers du poids-lourd : Berliet, jusqu’alors connu pour ses voitures, développe un camion qui connait un important succès…
Si Berliet est connu comme un constructeur de poids-lourds, au départ, en 1895, c’est en construisant son premier moteur en 1894 et sa première voiture que Marius Berliet peut imaginer fonder sa propre entreprise de construction automobile, en 1899. Les voitures Berliet connaissent le succès, permettant à son constructeur d’investir dans l’outil industriel, lui offrant la possibilité de se diversifier, notamment vers les camions, avec le type L réceptionné aux services des Mines en 1907, suivi du Type M à partir de 1909.
Cette arrivée sur le marché du poids-lourds est concomitante à l’instauration de primes à l’achat par le Ministère de la Guerre sur les camions. Dès 1905, dans le cadre du concours annuel de l’ACF, une série d’épreuves est réservée aux militaires pour tester des véhicules, avec des petites commandes à la clé. Au fil des années, au lieu d’acheter des véhicules, le gouvernement français instaure un système de primes pour inciter les entreprises civiles à se motoriser, le tout en vue d’une éventuelle guerre que l’on sait inéluctable, la contrepartie de la prime est la réquisition du matériel – et de son chauffeur – au profit de l’armée. En 1907, le gouvernement définit les modalités d’attribution de cette prime (pour faire simple, les lauréats du concours militaire bénéficieront de primes à l’achat), ce n’est qu’un 1910 que cette prime est fixée : 2.000 Francs à l’achat et 1.000 francs pour l’entretien sur trois ans pour les véhicules de 2 à 8 tonnes de charge utile.
Le Type M est construit autour d’un châssis permettant d’emporter une charge utile de 3,5 tonnes, le moteur quatre cylindres essence de 4,5 litres de 22HP permettant de mouvoir ce camion jusque’à 25km/h, ce qui était à l’époque une vitesse remarquable en charge. Le mouvement passe par une transmission par chaîne et une boite à trois rapports et une marche arrière complète le tableau. Le freinage est assuré par un système à double pédales agissant sur l’essieu arrière et la boite de vitesses.
Le Berliet Type M réussit à être primé lors du concours lors du Concours Annuel, ce qui permet quasiment de réduire par deux le coût à l’achat du châssis, tarifé 13.500 francs au catalogue. Berliet investi également dans une campagne de publicité mêlant campagnes de démonstrations, catalogues, affiches… L’un des axes de communication est la complémentarité du poids-lourd avec le train : au chemin de fer le convoyage de marchandise sur de longues distances, le Berliet Type M peut faire le transport entre la gare et les entreprises. Le pari est gagnant pour Berliet, le Type M bénéficie d’une réputation qui s’installe au fil des ans dans toute la France et même au-delà de nos frontières.
Assemblé de 1909 à 1913, le Berliet Type M est un succès commercial pour son constructeur et s’écoule à plusieurs centaines d’unités, il installe durablement Berliet dans le domaine des poids-lourds. Un Berliet Type M a survécu et est présent de nos jours au sein de la Fondation Marius Berliet, un véhicule retrouvé à la fin des années 1980 et profondément restauré, et classé Monument Historique en 1987 comme représentatif de la première génération de poids-lourds.
Sources : - Fondation de l'automobile Marius Berliet - Gallica BNF