Si nous avons tendance à penser que l’automobile est née avec le moteur à pétrole, en réalité, un embryon d’automobile naît à partir des années 1830 avec les importants progrès réalisés dans les machines à vapeur. Pour parler véritablement d’industrie, il faut attendre la fin des années 1880 avec la première voiture produite à plusieurs exemplaires, La Mancelle d’Amédée Bollée.
Le XIXème siècle est celui de la révolution industrielle, le développement de la machine à vapeur permet de faire fonctionner nombre d’outillages, puis amène à l’invention du train qui est capable de transporter de lourds chargements. Les progrès réalisés sur les machines à vapeur sont importants et incitent de nombreux ingénieurs à se pencher sur une automobile. En France, l’ingénieur le plus connu dans ce domaine est sans conteste Amédée Bollée.
Amédée Bollée est né en 1844 au Mans, son père gérait une activité de fonderie dans laquelle Amédée explora des nouvelles voies pour couler le métal. Puis, en visitant l’exposition universelle de 1867 qui se tenait à Paris, Amédée Bollée y fait la découverte d’un véhicule à vapeur et décide de se lancer sur ce secteur. Si la guerre Franco-prussienne de 1870 le retarde dans l’exploration de cette voie, il se consacre à l’automobile et présente son premier véhicule en 1873 : l’Obéissante. Voiture à vapeur capable d’emporter 12 personnes à plus de 40km/h, elle se fait rapidement remarquer par sa maniabilité et par son silence.
Hélas, si la voiture est remarquée pour son audace, les ventes ne viennent pas malgré les efforts déployés, et des visites de villes en ville avec, en 1875, le trajet Le Mans-Paris effectué en 18 heures. Le concept de l’automobile était sans doute trop novateur et effrayait nombre de personnes. Ou peut être ses dimensions importantes empêchait une véritable commercialisation. C’est en tout cas le constat que dresse Amédée Bollée, son véhicule est trop lourd, il démarre alors une nouvelle réflexion sur une automobile plus petite, et donc plus légère.
Le travail n’est pas une mince affaire, car réduire le poids de la voiture signifie aussi miniaturiser la machinerie. Plusieurs années furent nécessaires pour sortir ce véhicule qui apparait en 1878 sous le nom « La Mancelle ». Entre temps, Amédée Bollée avait signé un omnibus à vapeur pour, sans doute, essayer de conquérir le marché du transport en commun.
La Mancelle s’habillait d’une carrosserie Victoria capable d’accueillir six personnes et gagnait sur la balance en affichant seulement 2,75 tonnes (L’obéissante pesait 4,8 tonnes). La voiture s’équipe d’un seul moteur à cylindres verticaux qu’Amédée Bollée place à l’avant, une première dans le monde de l’automobile, et recouvert d’un capot de protection. Certes, une partie de la machinerie se trouve à l’arrière de la voiture, dont notamment la chaudière. Au final, celle-ci permet de faire rouler La Mancelle jusqu’à 42km/h.
La partie « châssis » fait elle aussi l’objet d’innovations, Amédée Bollée dote La Mancelle d’une suspension à roues indépendantes et revoit le système de direction en conséquent. La voiture ne rate pas l’évènement phare de l’année, l’exposition universelle qui se tient à Paris et y trouve son premier client, Gustave Koechlin, un industriel alsacien.
Aussi, la voiture est remarquée par des hauts dignitaires autrichiens, lesquels souhaitent fonder une société d’exploitation de voitures à vapeur dans les rues de Vienne. Un essai de la Mancelle est réalisé à Vienne en présence de l’empereur François-Joseph et d’un public venu nombreux. Une société fut créée pour exploiter les brevets de Bollée mais hélas, la firme ne fabriqua que des voitures miniatures pour enfants.
Mais le pire est encore à venir, la société autrichienne rompt son accord avec Bollée et cède les brevets à la banque allemande Arons qui se met en relation avec le constructeur de locomotives Wöhlert, allemande elle-aussi. C’est ainsi que La Mancelle de Bollée se voit fabriquée en Allemagne à partir d’Août 1880, date de la présentation de la voiture dans les rues de Berlin. Là-bas, la Mancelle allait devenir la première voiture à être produite à plusieurs exemplaires, 22 unités furent commercialisées en Allemagne, le dernier exemplaire aurait été réalisé en 1881. Si Amédée Bollée avait été intégré à l’affaire et conservait ses droits sur les sols Français et Britannique, la société Allemande ne lui versa jamais ses droits et fit faillite en 1883 sans jamais dédommager Bollée.
Entre temps, Amédée Bollée s’était consacré à d’autres projets, dont les fameux « trains Bollée » et d’autres modèles de voitures à vapeur nommées Nouvelle ou Rapide. L’histoire le retiendra comme l’un des pionniers de l’automobile moderne, hélas effacé par l’importante innovation de la fin des années 1880, le moteur à explosion fonctionnant au pétrole…
Bonjour ne s’agit-il pas de Monsieur Isaac Koechlin premier client et non Gustave Koechlin?