Parmi les voitures capables de faire rêver plusieurs générations, on cite souvent les marques de supercars, italiennes notamment. Mais certains constructeurs généralistes ont réussi à réaliser LA perle rare, le genre de voiture capable de rester à la postérité parmi les milliers de modèles que le monde automobile peut connaitre. Et dans ces joyaux, il a la Toyota 2000GT.
Le conglomérat japonais Toyota se lance dans l’aventure automobile dès 1933 et commercialise sa première voiture en 1936. Cette branche évolue pour devenir l’une des plus importantes du groupe. Comme tout constructeur automobile, Toyota participe à divers compétitions dès les années 1950, les succès remportés dans certaines épreuves poussent le constructeur à réfléchir sur une sportive dès le début des années 1960. L’objectif visé est de réaliser une voiture capable de s’imposer au niveau mondial , et ce n’est pas une mince affaire entre les roadster anglais ou encore les productions italiennes.
La genèse de la sportive Toyota est quelque peu compliquée. En effet, Toyota souhaitait réaliser une voiture 100% japonaise et ne comptait aucunement s’associer avec un acteur européen ou américain dans une telle aventure, qu’il soit constructeur, motoriste ou carrossier. L’image de la marque est en jeu, puisque si Toyota réussi son pari, cette sportive servira de vitrine au niveau mondial pour le reste de sa gamme. C’est ainsi qu’une équipe d’ingénieurs des bureaux d’études est mise sur le projet et y travaille de manière autonome.
Au lieu de partir d’une page blanche, Toyota achète quelques voitures de sport, les teste et les démonte pièces par pièces pour obtenir une analyse très poussée. De ce travail, Toyota retiendra le châssis des Lotus ou encore la ligne de la Jaguar Type E. On accuse souvent les japonais de copier sur ce qu’il se fait ailleurs, alors pour les défendre, quelques Honda S800 ont subit le même sort dans le projet de Toyota. Au milieu des années 1960, le projet prend forme, l’ensemble des éléments principaux ont été décidés. il n’y a plus qu’à produire des prototypes.
Mais à la même époque, Nissan et Yamaha préparaient ensemble un projet similaire, mais Nissan finit par abandonner le projet après la production des premiers prototypes. Yamaha se tourne alors vers Toyota qui s’intéresse au projet, et fini par l’intégrer dans le sien qui mènera à la 2000GT. De cet échange naît un accord par lequel Yamaha obtient le développement du moteur et la production de la voiture. La Toyota s’équipe également des jantes en magnésium qu’avait développé Yamaha.
1965 voit apparaître les premiers prototypes, souvent malmenés au cours d’essais intensifs, l’un d’eux fut assemblé avec soin pour être présenté au salon de Tokyo de la même année. Remarquée d’emblée, la Toyota 2000GT attire la presse du monde entier par ses lignes élégantes et sa fiche technique. La voiture n’est encore qu’un prototype, mais Toyota convie des journalistes étrangers essayer la voiture courant 1966, un bon moyen d’obtenir les ressentis de personnes expérimentées tout en faisant parler de la marque et du modèle. En Octobre 1966, les ingénieurs entreprennent de faire rouler une 2000GT pendant trois jours sur le circuit de Yatabe au Japon, la voiture bat dix records internationaux avec une vitesse moyenne au delà des 200km/h.
Toyota croit en l’avenir du modèle, qui se dévoile pour la première fois en dehors du Japon en novembre 1966 lors du salon de San Francisco. La 2000GT se fait une nouvelle fois remarquer, nombre d’articles de presse sont élogieux à son égard : performances au rendez-vous, tenue de route excellente, confort digne d’une berline de luxe… la 2000GT a tout pour elle ! Du côté des performances, la 2000GT affiche un 210km/h et un peu plus de 8 secondes pour effectuer le 0-100km/h.
Il a fallut attendre encore quelques mois pour prendre commande d’un exemplaire, la commercialisation de la Toyota 2000GT débutant en mai 1967, mais le prix est élevé, d’autant que la marque Toyota n’a pas le prestige comparé aux marques concurrentes.
Même si Toyota ne jouit pas d’une notoriété égale à d’autres constructeurs, la marque japonaise avait engagée la 2000GT en compétition avant même le début de sa commercialisation, la voiture affiche un beau palmarès avec les 1.000km de Suzuka 1966, les 500km de Suzuka l’année suivante, un doublé aux 24 heures du Fuji 1967…
En 1969, la 2000GT reçoit une modification de sa face avant qui est redessinée, tout comme le tableau de bord et le volant, tandis que l’habitacle gagne en volume . La suspension est rendue plus souple. Mais cette version ne resta que quelques mois au catalogue, car en 1970, Toyota stoppe l’aventure de la 2000GT après 351 exemplaires, dont 109 de la seconde génération.
Si la voiture est un échec sur le plan commercial, le projet 2000GT reste bénéfique pour Toyota dont l’image se trouve améliorée avec ce modèle. D’un producteur de voitures rustiques et populaires, Toyota montre sa capacité à produire un véhicule sophistiqué et capable de tenir la dragée haute aux voitures de référence dans l’univers des sportives. Et avec sa ligne intemporelle, la 2000GT reste aujourd’hui une voiture recherchée pour sa beauté, allant jusqu’à être considérée pour certains comme une oeuvre d’art. Et forcément, la rareté n’aidant pas, la cote du modèle est devenue indécente et hors de la portée des passionnés… ou de la plupart d’entre eux…
voiture extrêmement rare, 337 ou 351 exemplaires seulement selon les source et sur le total, seulement 115 ont été exportées (58 aux États-Unis, 25 en Europe, et 9 en Australie)
La voiture a été rendue célèbre grâce au James Bond, On ne vit que deux fois en 1967
2 spiders ont donc été conçus sur base du coupé, pour le film, il semblerait qu’il n’en subsiste qu’un, conservé au Musée Toyota au Japon. Cependant Le célèbre animateur Jay Leno a fait une présentation d’un spider 2000 GT. Est-ce celui du musée Toyota ou le 2e exemplaire ?
Vidéo de Jay Leno : https://www.youtube.com/watch?v=N77m1gRC7F4
Très bel article comme tous ceux que réalise Alex. Ceci étant, Je me suis documenté à gauche et à droite et, jamais, je n’ai eu de réponses satisfaisantes quant à l’échec commercial de la 2000 GT. On peut peut-être invoquer une certaine méfiance envers la production japonaise (il faut remonter à quelques décennies) mais quid du marché intérieur?
Merci beaucoup Jean-Louis !
Oui, je pense que la méfiance envers les produits japonais est une clé de l’échec de la 2000Gt !