Dans la nuit du 03 au 04 Mars 1942, la Royal Air Force opère un bombardement sur les usines Renault situées à Boulogne-Billancourt. L’attaque inflige de sévères dégâts aux installations industrielles de Renault et fait plusieurs centaines de victimes. Retour sur cette attaque…
Le contexte : la France, cible des bombardements alliés
En 1940, le territoire français est envahi par l’Allemagne nazie, la France devient donc un territoire ennemi aux yeux des alliés. Rapidement, l’Angleterre commence à effectuer des bombardements côtiers, les premières cibles sont les installations portuaires les plus proches de l’Angleterre, puis les bombardiers anglais iront de plus en plus loin, jusqu‘à lacher des bombes sur le port de Bordeaux. Ports, nœuds de communication, installations militaires sont alors les cibles prioritaires. Mais dès août 1941, le Bomber Command de la RAF se questionne sur l’utilité des bombardements, et surtout sur leur efficacité.
C’est ainsi qu’une étude est réalisée sur les bombardements effectués entre Juin et Août 1941 avec des relevés d’informations en territoire hostile. Les résultats sont décevants, seul un avion sur trois arrive à larguer des bombes, lesquelles tombent dans un rayon de huit kilomètres autour de la cible visée. Bref, la précision n’est pas de mise… Les résultats des bombardements sont donc très décevants, seule une minorité de bombes arrivent sur les cibles choisies… Les autres tombent parfois sur des habitations civiles, faisant des victimes collatérales.
Dès lors, la RAF met au point une nouvelle tactique à partir du début 1942, le bombardement de zone remplacera le bombardement de cible avec des opérations gigantesques engageant plusieurs centaines d’avions, plusieurs tonnes de bombes pour raser au cours d’une seule opération une usine, un quartier … voire une ville. Petit à petit, cette stratégie se met en place, le Bomber Command souhaite frapper un grand coup pour montrer son changement de tactique et ses capacités. Mais plutôt que d’aller frapper directement l’Allemagne, le Royaume-Uni décide de frapper la France qui collabore avec l’occupant. Cette cible est avant tout politique afin de montrer au reste du monde que le Royaume-Uni combat l’idéologie nazie chez son ancien allié, la France.
Le choix de l’usine Renault de Boulogne Billancourt
En bombardant un objectif en France, le Royaume-Uni démontrait qu’il ne faisait pas la distinction entre l’Allemagne et la France occupée dont l’économie était tournée vers l’effort allemand. Au début de l’année 1942, le ministère de l’air anglais mentionnait que l’utilisation de l’outil industriel des pays occupés par les allemands était un facteur à ne pas négliger, ce qui ouvrait la voie au bombardement d’usines collaborant avec l’Allemagne. Mais contrairement au territoire allemand à proprement parler, l’Angleterre souhaite viser d’avantage l’outil industriel français que les villes en elles-mêmes afin d’éviter la mort de civils.
C’est donc naturellement que la RAF et le Bomber Command recherchent un site industriel français pour mettre en œuvre leur nouvelle technique de bombardement. Mais il fallait une usine dont la collaboration avec l’Allemagne était notoire. Sur ce point, le ministère de l’air britannique avait dressé en Novembre 1941 quatre cibles clés produisant des munitions : l’usine Matford de Poissy, les ateliers d’aviations de Villacoublay, l’usine Gnôme & Rhône de Gennevilliers et enfin, le complexe industriel de Renault de Boulogne-Billancourt.
Début 1942, l’armée britannique opte pour les usines Renault. Les raisons de ce choix sont multiples, il y a tout d’abord la proximité immédiate avec Paris, permettant de montrer aux allemands que la RAF est capable de bombarder la capitale française. Ensuite, il y a la taille du complexe industriel qui permet de le viser facilement et de limiter le nombre de victimes civiles. Mais encore, Renault est une cible de choix puisque il était le plus grand constructeur français, et la collaboration avec l’Allemagne était actée sur plusieurs points : production de camions, de voitures, de moteurs d’avions, de blindés, et peut-être de munitions. Les anglais avaient même cités Renault comme l’entreprise française « la plus activement engagée dans la production d’équipements militaires pour l’ennemi ».
Le bombardement du 03 Mars 1942
La politique du bombardement de zone consiste à envoyer le plus de bombardiers possible pour larguer des bombes sur une zone précise pour la rayer de la carte. Le bombardement des usines Renault fut un test grandeur nature de ce procédé qui allait être mis en œuvre pour la première fois. La date est rapidement actée, le bombardement se déroulera dans la nuit du 03 au 04 Mars 1942 en raison de la pleine lune attendue qui permettra aux aviateurs de voir la cible à haute altitude. Quant au procédé, à cette époque, les outils de pilotage n’étaient pas encore précis, quelques avions éclaireurs lâcheront des fusées éclairantes qui permettront aux bombardiers suivant d’identifier la cible.
Mais auparavant, la RAF va préparer le terrain, des vols de reconnaissance sont réalisés pour prendre des clichés de la zone. Le 1er Mars 1942, soucieux d’épargner la vie d’innocents civils, un groupe d’avions de la RAF large sur Boulogne-Billancourt des tracts à destination de la population civile l’enjoignant de quitter les zones résidentielles à proximité des « usines travaillant pour le compte d’Hitler ». Le bombardement des usines Renault était imminent.
Au début de la soirée du 03 Mars 1942, 235 bombardiers anglais décollent direction Boulogne Billancourt, la première vague arrive au dessus des usines Renault à 21h30 et lâche les premières bombes. L’attaque dura quelques minutes, puis le calme revient avant qu’une seconde vague de bombardiers arrive aux alentours de 23 heures. En moins de deux heures, les bombardiers britanniques lâchaient plusieurs tonnes de bombes sur Boulogne Billancourt. L’attaque a surpris tout le monde, les sirènes n’ont pas été activées ce soir là, et la défense anti-aérienne présente en région parisienne n’a pas tiré le moindre coup de feu.
Quant aux résultats de cette attaque, c’est une réussite du côté anglais car le complexe industriel de Renault est sévèrement atteint, une éventuelle reconstruction prendra plusieurs mois. Français, allemands comme anglais ont mit plusieurs jours à faire le bilan de cette attaque, sur le plan matériel, 11% de la surface des usines Renault sont détruites, 5% des machines présentes et une centaine de véhicules. Les installations de gaz et d’électricité de l’Ile Seguin, la forge, la fonderie, les ateliers d’outillage et les bureaux d’études sont gravement touchés côté Boulogne-Billancourt. Mais hélas, le bombardement toucha également les villes voisines et plus de 200 immeubles ont été éventrés, des milliers de logements détruits…
Sur le bilan humain, les pertes sont lourdes, les sources oscillent entre 350 et 450 victimes, plus de 1.000 blessés. Si le bilan est aussi lourd, c’est parce qu’une partie de la population de Boulogne Billancourt se trouvait dans les rues au moment du second bombardement afin de comprendre ce qu’il venait de se passer, et tenter de secourir quelques victimes sous les gravats.
Conséquences
Le bilan du bombardement du 03 Mars 1942 est très lourd sur le plan humain et équivaut, sur le nombre de victimes, aux frappes sur les villes allemandes (Lubeck, Cologne, Rostock) qui se dérouleront dans les semaines qui suivent. Cette attaque est le premier bombardement massif réalisé par la RAF, une pratique qui était jusque là réservée à la Luftwaffe, et le bombardement allié le plus meurtrier depuis le début des hostilités. Pour faire simple, au petit matin du 04 Mars 1942, aucune ville française ou allemande n’avait été aussi lourdement touchée par une telle opération.
Le bombardement des usines Renault fait ainsi l’objet de propagande dans les deux camps. Du côté de Vichy, on condamne violemment cette attaque pour faire naître un sentiment anti-anglais auprès de la population française, on rassemble les cercueils des victimes sur la place de la Concorde pour que la nation leur rende hommage dans une mise en scène sordide. Du côté anglais, la Royal Air Force lâche à nouveau des tracts sur la région parisienne à partir du 5 Mars indiquant les motivations du bombardement sur les usines Renault en rappelant que toute usine travaillant pour le Reich serait détruite de la sorte. Côté anglais encore, ce bombardement réussi permet un gain au moral des aviateurs après avoir douté sur l’efficacité de cette nouvelle doctrine.
Quant aux usines Renault, Louis Renault n’a qu’une hâte, lancer la reconstruction des ateliers détruits. Cette reconstruction est réalisée avec l’aide des allemands qui détourneront une petite partie des matériaux attribué au mur de l’Atlantique. Cette reconstruction était également espérée par la quasi-totalité des ouvriers de Renault d’alors qui, à défaut, seraient déportés en Allemagne pour satisfaire au Service du Travail Obligatoire. Une reconstruction qui attira de nouveau les bombardiers alliés en 1943…
la guerre si vous l aviez subit, ou faite, bien de nos élites et de nos politique ne dirait pas toutes leurs conneries
Les bombes (de la royal air force) je l’ai subi au 56 quai du point du jour le 3 mars 1942 (et après) des centaines de morts civiles (au lieu de frapper l’Allemagne) Cette cible est avant tout politique, comme toutes les guerres. les politiques ne se soucie pas de la morts de civiles , les guerres, j’en ai fait 2
la vie des soldats (14/18) des civiles d’Hiroshima, , des irakiens ne comptes pas , les généraux ne meurt pas au front ou ne risque leurs vies (sauf les Russes et de Rare Francais, comme notre regretté Delattre ou Bigeard (dit Bruno)
Bonjour mon vrai grand-père que j’aimerais faire reconnaître comme mon vrai grand-père est mort sous les bombardements de Boulogne-Billancourt dans la boulangerie bio qui lui appartenait. Il s’appelait Dionisio Genovesi. Pouvez vous m’aider à retrouver des informations sur lui et sa boulangerie et comment lui rendre hommage ??? Merci
Je me souviens du 1er bombardement de Boulogne, j’avais 3 ans 1/2. Coupure d’électricité.
J’avais perdu ma pantoufle sous la table ! puis nous nous sommes retrouvés sur le palier pour échanger avec les voisins, mon frère aîné avait aussi le même souvenir
je sais que nous n’avions plus de vitres à nos fenêtres (cela m’a été raconté). Nous avons dû déménager pour St Cloud. Je ressens encore l’ atmosphère qui régnait dans la voiture de déménagement tirée par des chevaux. J’ai analysé cet instant : je me sentais recroquevillée
dans le noir par l’angoisse. Et l’angoisse elle est en moi.
Vivre pendant une guerre, laisse des traces indélébiles.
Et les hommes ne finiront jamais de s’entretuer !
En lisant les messages ci-dessus, j’ai appris que Louis Renault n’était pas un personnage recommandable je dirais même méprisable.
Michelle, votre dernière phrase me met mal à l’aise. Elle implique que l’on peut légitimer la mort de plusieurs centaines de civils innocents par la personnalité controversée de Louis Renault. Toute la question est là, et il ne faut surtout pas chercher une réponse dans les justifications fournies par les propagandes des uns et des autres. Les exemples n’ont cessé de se multiplier depuis la fin de la seconde guerre mondiale : le dernier en date est cette guerre en Ukraine qui occupe les devants de l’actualité. On compte une par une les malheureuses victimes des bombardements russes. Apparemment, personne n’a songé à incriminer le profil psychologique de Volodymyr Zelensky…
Si Louis Renault n’avait pas collaboré il n’y aurait pas eu de bombardements. Comparaison honteuse avec l’ignoble agression russe en Ukraine
Démolir pour reconstruire avec le plan marchal… les américains et les anglais voulaient détruire l’industrie française et ont inventé des prétextes fallacieux pour cela. Les Rothschild sont à la manœuvre !
Bien sur, et le Protocole des Sages de Sion est donc d’apres vous mis en pratique. La guerre, c’est a cause des Juifs, bien sur. Les Rothschild ont aussi edifies les chambres a gaz.
Non mais, je croyais qu’en France on ne parle plus comme cela…
Oui hallucinant !
On croirait lire Charles Maurras ou Philippe Henriot !
Et si les américains avaient un plan Marshall, les allemands avaient un plan Marechal !
Connaissiez vous la famille GENOVESI et Irène Caillard qui habitaient dans l’immeuble avec la boulangerie bio. Si oui appelez moi au [MODERE]. Je viendrai vous voir … Merci
où trouver la liste des victimes des bombardements de boulogne? merci
Les mairies de Sèvres et de Boulogne disposent d’archives.
400 morts en avril 1942 et 300 morts en avril 1943.
Il semble aussi qu’il y ait eu des morts à Longchamp en 1943, les pilotes s’étant dans un 1er temps trompés de cible.
Mon grand pere habitait Boulogne
Apres les bombardements, ramassant une chaussure, il constata que s’y trouvait aussi un pied …
Mon autre grand pere, à Sèvres, fut enseveli 6 heures sous les debris de son immeuble … la plupart des habitants decederent …
https://genealomaniac.fr/bombardement-de-lusine-renault-de-billancourt/
bonne recherche
J’avais 8 ans au moment de ces terribles bombardement des Usines Renault … Nous habitions à Sèvres près du bois … et avec nos voisins, nous étions à la fenêtre, aux « premières loges », à regarder, ne pas comprendre, les enfants pensant à un feu d’artifice … notre ami jouant au piano … c’était irréaliste … jusqu’à ce que mon père s’inquiète de sa belle sœur qui habitait Billancourt …. et aille la chercher le matin … découvrant l’horreur mais ramenant ma jeune tante effrayée, mais en vie !
Janette
bonjour
mon papa décédé cette semaine habitait rue anne amieux
la plupart des habitants de leur immeuble sont décédés ce jour làmon grand pere dégagé au bout de 6 heures de deblaiement
si vous me contactez j’aurai plaisir a partager vos souvenirs
vin100[point]moreau[at]gmail.com
Louis Renault était notoirement antisémite, appelant André Ciroën le « Youpin de Javel ». Il a rencontré, à sa demande, Hitler dès 1935. Il avait nommé son neveu François Lehideux à la tête des ses usines avant que celui-ci ne devienne ministre de Pétain – Lehideux restera antisémite jusqu’à la fin de sa vie, compagnon de Tixier-Vignancour. Même sa femme était la maitresse de Drieu-La-Rochelle, autant dire que tout ce milieu était enfoncé dans la collaboration.
Oui le bombardement fut très meutrier, le grand Georges Hourdin fondateur de la Vie Catholique et Télérama y perdut une fille – il habitait Meudon. Etant enfant j’habitais face à l’usine, le mur de ma chambre en avait conservé une belle lézarde même si fort heureusement je n’ai pas connu cette époque. J’ai par contre connu le pont de Sèvres en bois qui a subsisté de 1943 à 1963. L’ancien avait été détruit en 1943, seconde attaque alliée contre l’usine
même en 2016, il y a toujours contreverse quant à la collaboration de Louis Renault. Il paraît qu’il détestait les Allemands, d’ailleurs, si l’on en croit les historiens de l’automobile et les récits de personnes ayant travaillé dans ses usines(exemple Fernand Picard patron du bureau d’études à cette période), il n’aimait personne et était quelqu’un d’abject et d’inhumain. Mais par contre, pour préserver l’outil de travail et empêcher le départ des ouvriers pour l’Allemagne(pas pour les personnes elles-mêmes,mais pour leur valeur économique), la partie ne devait pas être facile à jouer. La patron de SIMCA, Henri-Théodore Pigozzi, plus impliqué dans la collaboration que Louis Renault paraît-il, a pourtant été rétabli à la tête des usines après la Libération, alors que Renault a été nationalisé et que Louis Renault est mort en prison. Il faut dire que Pigozzi était quelqu’un de très manoeuvrier et machiavélique.Les dirigeants de Peugeot et Pierre-Jules Boulanger de Citroën ont eu un meilleur comportement, toujours selon les historiens. De toute façon, l’époque était trouble et il est facile de juger à postériori.
Louis Renault n’aimait pas les Allemands, mais à l’image d’une certaine élite économique, politique et militaire « Hitler plutôt que le juif Blum et le front populaire », trés bien expliqué par le général Anglais Liddell Hart dans « Histoire de la seconde guerre mondiale » il y à 40 ans.