Histoire peu connue, Alfa Romeo a parfois produit des véhicules sous licence afin de compléter sa gamme, on peut penser à l’Alfa Romeo Arna, ou encore la collaboration avec Renault pour la R4 et la Dauphine. Pour cet article, il n’est point question de parler voiture, mais utilitaire, puisque Alfa Romeo disposait d’une filiale, « Alfa Romeo V.I » qui produisait de tels véhicules. Et cette filiale produira durant quelques années des Saviem sous licence. Retour sur cette page méconnue du constructeur italien.
Après la seconde guerre mondiale, l’Etat italien, propriétaire d’Alfa Romeo, fait participer la marque à la reconstruction du pays en reprenant une activité d’avant guerre, les poids lourds. De là sortira en 1954 un fourgon Alfa Romeo à traction avant, qui n’évoluera guère pendant 10 ans avant de subir un gros lifting en 1967. La dénomination de ce fourgon change selon les options choisies par le client, qui comporte une lettre suivie de deux chiffres : A pour « Autocarro » (camionnette) ou F pour « Furgone » du fourgon. Quand au chiffre, c’était soit 11 ou 12, selon la charge utile exprimée en quintaux comme il est d’usage en Italie.
Mais l’Etat italien manquait de volonté pour dynamiser la branche véhicules industriels d’Alfa Romeo, et pour cause, l’Italie est déjà bien doté avec Fiat, la nécessité d’un second acteur sur le marché n’est pas urgente. Par conséquent, peu de crédits sont alloués à cette filiale, si bien qu’Alfa Romeo, pour élargir sa gamme industrielle, va faire appel à d’autres constructeurs pour lancer une production sous licence.
L’un des constructeurs à qui Alfa Romeo fait appel fut Saviem, filiale de la Régie Renault avec qui Alfa Romeo entretenait des liens jusqu’en 1965 pour produire la R4 et la Dauphine. Malgré cet échec, la collaboration entre les deux firmes continue puisque dès 1966, les deux entreprises entrent à nouveau en contact, et finalement, un accord de collaboration est signé entre Alfa Romeo et Saviem en 1967. Alfa Romeo obtient la licence des Saviem SG2 et SG4 (lire aussi : Saviem gamme SG), lesquels seront produit dans l’usine de Pomigliano d’Arco se situant près de Naples.
Le SG2 devient ainsi Alfa Romeo A15 et fut proposé à la vente dès 1968, il avait une charge totale de 3.500kg. Une version de 3.900kg est proposée sous la dénomination A19, et s’équipe du même moteur que le A15, un quatre cylindres en ligne de 72Cv permettant une vitesse maximale de 92km/h.
Quant au SG4, celui-ci devient l’Alfa Romeo A38, avec une masse totale de 6.300kg et était disponible en plusieurs variantes, le A38 de base, et les A38 L1 et A38L2 à empattements longs. Peu d’évolution à noter quant à cette gamme, en 1970, les phares ronds sont remplacés par des phares ovales. Dans le même laps de temps, le Alfa Romeo A38 devient A38n, un modèle évolué auquel Avia et Man ont apporté leur contribution.
Apparaît également une version quatre roues motrices développée en collaboration avec la société Man Meccanica sur la base d’un Alfa Romeo A19, une adaptation quasi identique à celle réalisée en France par SINPAR pour donner naissance au TP3. Le succès de la transformation est au rendez-vous, si bien que le A38 sera également, à son tour, décliné en version 4×4.
Au côté des « Autocarro » sont également proposé des « Furgone », l’Alfa Romeo F20 vient compléter la gamme avec ses 4.300kg de poids total. Celui-ci est proposé en trois déclinaisons : un fourgon tôlé à porte latérale coulissante, un autre avec des portes latérales de chaque côté, et une dernière version sans aucune porte latérale. Une version châssis-nu était également proposé aux carrossiers pour réaliser d’autres déclinaisons.
Quand à la production de ces véhicules produit sous licence Saviem, il semblerait qu’elle ait cessé en 1975. Cependant, face au peu d’informations sur le sujet, affirmer que la production des Alfa Romeo-Saviem s’est faite en 1975 m’est impossible, et surtout, me pose un problème : en 1975, aucun nouveau véhicule ne viendrait remplacer ces Saviem, il faut attendre 1978 pour voir apparaître les Alfa Romeo AR40 et AR80, qui étaient des Iveco Daily rebadgés. Car entre temps, Alfa Romeo V.I. venait d’intégrer le groupe Fiat, et petit à petit, les forces de production d’Alfa Romeo en ce qui concerne les véhicules utilitaires disparaîtra pour ne laisser place qu’à la marque Iveco.
Rien de bien surprenant car des années 20 à 50 une bonne partie de l’activité d’Alfa Romeo fut la production de camions mais aussi d’autocars
Si cette production d’utilitaires n’a rien de surprenant, il est tout de même étonnant de voir la Régie Renault et Alfa Romeo se relancer dans une collaboration quelques années après leur « échec » de la Dauphine et R4.
Alex »