Présentée en 1984, l’Alpine GTA succède à l’A310 et permet à Renault de positionner une voiture dans la catégorie des GT, un segment phare de l’époque. Mais sur ce marché, l’Alpine souffre d’une concurrence féroce et connait une carrière en demi-teinte. En 1990, pour tenter de dynamiser les ventes qui s’essoufflent, Alpine propose la série limitée « Le Mans »…
Commercialisée depuis six ans en 1990, l’Alpine GTA n’aura pas rencontré son public, le chiffre des ventes a tout juste dépassé la barre des 6.000 exemplaires depuis son lancement ! Pour dynamiser les ventes, l’idée d’une série limitée émerge, c’est la GTA Le Mans. Attendue comme la version couronnant la fin de règne de la GTA, les passionnés de sportive française attendaient la voiture au tournant. Et lors de sa présentation en Avril 1900, la GTA Le Mans surprend tout le monde : la voiture s’améliore sur le plan de l’esthétique et parait plus sportive, mais à la lecture de la fiche technique, nombre de fans d’Alpine se sont décomposé. La cause, la puissance de la voiture car la GTA Le Mans affiche 185Cv quand la version de base en proposait 200… La polémique enfle !
Mais essayons de resituer Alpine en 1990, propriété du groupe Renault, celui-ci était dans une mauvaise posture financière à la fin des années 1980 et avait du abandonner sa filiale américaine. Alpine avait pourtant développé une version américaine de la GTA, laquelle était prête à être commercialisée quand Renault décide de quitter le nouveau continent. Faute de réseau de distribution, Alpine ne peut rien faire de la GTA US dont le développement avait couté 180 millions de francs, une somme qui avait asséché les finances de la marque Dieppoise.
L’Alpine GTA voit ses ventes chuter et la nouvelle A610 est loin d’être prête. La série limitée était donc le seul moyen de donner un coup de jeune à la GTA pour, au mieux, soutenir les ventes. Mais Alpine butte sur le problème du moteur, la législation impose la présence d’un catalyseur pour l’année 1990 qui inexorablement, fait perdre de la puissance aux mécaniques quand celles-ci se prêtent à recevoir un tel équipement. Car le V6 PRV de 200Cv ne peut s’équiper de catalyseur ! Dans la gamme Renault, la R25 V6 reçoit un nouveau moteur de 205Cv avec catalyseur, mais cette mécanique ne peut être monté sur la GTA sauf à engendrer d’importants coûts de développement, ce qu’Alpine ne peut se permettre…
Du coup, les choix d’Alpine sont restreints, le moteur de la future A610 aurait pu être une solution mais celui-ci ne devait pas être arrivé au terme de son développement au début de l’année 1990. C’est finalement le moteur de la GTA US qui est donc utilisé, porté à 185Cv quand la version US en aurait fait 180. Au passage, utiliser ce moteur permet aussi d’amortir légèrement les frais de recherche engendrés pour cette version américaine qui n’aura pas vu le jour…
Il n’en fallait pas plus pour voir les critiquer fuser dans tous les sens. Le design lui aussi est décrié, notamment sa face avant jugée trop sage. Celle-ci avait été dessinée en 1987 par Kleinemeir, un spécialiste allemand du tuning qui proposait un kit sur la GTA pour affirmer son côté sportif. Cette réalisation trouve écho du côté des dirigeants de la Régie, les designers adaptent le kit pour une production en série, on le retrouve ainsi que la GTA Le Mans. Voilà comment donner l’aspect du nouvelle voiture à moindre frais !
Quant à l’habitacle, s’il est en tout point identique à la GTA de base, l’équipement de série est plus complet avec une chaîne hi-fi, un ABS… En option, Alpine proposait une climatisation, et une préparation Danielson pour porter le moteur à 210Cv. La sellerie pouvait en option être réalisée en cuir, une option pas forcément inintéressante pour tenter de masquer la finition à la Renault, qui a causé du tort à la carrière de la GTA…
Certes, les critiques sont présentes et se font fortes sur cette série limitée, cela n’empêche pourtant pas Renault d’en écouler 325 exemplaires alors que cette série était initialement prévue pour 300 exemplaires. Il faut dire que la GTA Le Mans, malgré ces 185Cv, entre en concurrence frontale avec les Venturi les moins puissantes, battues à plat de couture au niveau des ventes !
Au final, l’Alpine GTA Le Mans est ni plus ni moins qu’une voiture incomprise, ses défauts mis en avant, les personnes qui franchissent le cap de s’essayer à cette voiture font rarement la différence avec la version de base pour ce qui est de la conduite. Et avec un cheptel réduit, l’Alpine GTA Le Mans est une voiture recherchée par les collectionneurs, avec une cote élevée, bien plus que la GTA de base…