Dévoilé au premier semestre 1984, le Renault Espace défriche le marché des monospaces et connait un succès dans la durée. Concept novateur, l’Espace aurait pu avoir ses chances aux Etats-Unis. D’ailleurs, AMC envisagea de l’importer mais ce projet resta sans lendemain malgré plusieurs études…
En Europe, l’année 1984 voit apparaître l’Espace, un concept novateur mis au point par Matra et commercialisé par Renault : le monospace. Ce type de véhicule, totalement inconnu en Europe, fait envisager à Renault l’échec commercial du produit et une potentielle reconversion en utilitaire. Heureusement, malgré les premières semaines de ventes infructueuses, le monospace trouve sa clientèle et, sans concurrence véritable, s’assure de bons volumes de ventes.
De l’autre côté de l’Atlantique, les monospaces arrivent quasiment en même temps, avec la primauté pour Chrysler et son Voyager fin 1983, suivi en 1985 par Chevrolet avec l’Astro puis Ford et son Aerostar. Plus tard (mais uniquement en 1989), Pontiac suit avec son TransSport. En Amérique du nord, où les vans sont légion, le concept du monospace parait davantage en phase avec la clientèle. Aux Etats-Unis, justement, Renault y était présent dans les années 1980 avec son allié AMC, en conséquence, l’Espace aurait pu avoir un rôle à jouer sur les terres de l’Oncle Sam.
C’était d’ailleurs la pensée d’AMC, la branche américaine de Renault, qui demanda à au constructeur français de lui fournir un exemplaire de l’Espace à peine celui-ci présenté, pour l’américaniser et effectuer, dès juin 1984 (un mois avant le lancement de sa commercialisation en France), une version US sous la direction de Tom Scoot. Pour répondre aux normes locales, les optiques avant sont remplacées, des catadioptres sont installées sur les ailes et le pare-chocs avant discrètement revu. Néanmoins, le gabarit de l’Espace est inférieur aux rivaux américains, et l’absence de porte arrière coulissante pourrait être un frein sur le marché américain.
Souhaitant que l’Espace intègre la gamme aux côtés des Alliance, Encore et Fuego, AMC tente de convaincre la Régie Renault que le monospace a sa place aux Etats-Unis. Faute de réponse venant de Boulogne Billancourt, AMC communique discrètement autour de l’Espace, début octobre 1984, avec un communiqué de presse datant du 2, reprenant les photos de la version européenne, annonçant la future importation de l’Espace aux Etats Unis et au Canada à partir du millésime 1986. AMC avait-elle obtenu un accord de la Régie Renault ? Ou était-ce un appel du pied pour se faire entendre, voire pour tester la réaction de la clientèle nord-américaine.
Au milieu des années 1980, l’état-major de Renault aux Etats-Unis préféra miser sur une berline haut de gamme pour compléter sa gamme plutôt que sur l’Espace, jugeant le marché des multivans peu abordable avec l’Espace. Les crédits sont affectés à l’étude de la Premier, présentée en mars 1987… [En savoir plus…]
Malgré la détermination d’AMC, Renault stoppe courant mars 1985 le projet d’importation de l’Espace en Amérique du Nord. Du moins, il est officiellement repoussé en 1986-1987 avec l’arrivée de l’Espace restylé. Plusieurs justifications peuvent être avancées : le fait que Renault était dans une position financière délicate, avec plusieurs plans produits qui minaient les marges (les sorties des Supercinq, R25, Alpine GTA courant 1984-1985 qu’il faut désormais amortir, et les nécessaires projets des futures R19 et R21…), une dette abyssale qu’il faut rembourser, une usine nouvelle au Canada et le projet de la Premier qui limitent également les possibilités d’AMC, sans oublier un retournement de marché qui, aux Etats-Unis, détourne la clientèle des compactes, Alliance et Encore en tête, alors qu’elles étaient les fers de lance de la gamme américaine.
Pour monter en gamme, Renault mise à partir de 1986 sur l’Alpine GTA pour permettre de proposer un coupé sportif dans sa gamme, à l’instar des constructeurs japonais. Si le projet et poussé très loin, la vente d’AMC à Chrysler a raison du projet, dont une partie fut reprise pour l’A610… [En savoir plus…]
Aussi, l’Espace US présente un casse-tête pour Renault : aux Etats-Unis, le Chrysler Voyager est proposé à un prix agressif que Renault ne peut concurrencer en produisant l’Espace US en France comme initialement envisagé : taux de change défavorable, droits de douanes élevés. Puis Matra avait-elle de quoi produire 15.000 Espace par an uniquement dédiés au marché nord-américain, alors que l’Espace montait en puissance en Europe (d’ailleurs, l’usine Renault de Dieppe est venu à la rescousse de l’usine matra de Romorantin pour les livraisons européennes d’Espace à compter de 1988...). Et produire entièrement l’Espace sur le sol américain ne pourrait se faire, d’une part, qu’avec l’accord de Matra, et d’autre part, au prix d’un investissement que ni Renault, ni AMC ne pouvait alors assumer.
En 1986, le projet de l’Espace américain revient sur la table lorsque Renault demande au bureau de style d’AMC-Renault de proposer sa version de l’Espace restylé, à laquelle AMC répond avec une maquette à l’échelle 1. Malheureusement, la direction de Renault préfère miser ses deniers dans le projet d’américanisation de l’Alpine GTA (lire aussi : Alpine GTA US), sans doute pour singer les constructeurs japonais qui proposaient tous un coupé sportif dans leur gamme. La suite, on la connait, début 1987, Renault cède AMC-Renault à Chrysler, sonnant le glas de l’aventure américaine du constructeur au losange… Et par la même, l’aventure de l’Espace outre-Atlantique.
Bonjour ,il serait souhaitable que les Espace1 restants actuellement, soient préservés et valorisés car ce véhicule est historique à bien des points de vues .Un des points fort reste la motorisation diesel pour sa sobriété et robustesse que l on retrouve sur les R18, R21et R25.qui sans grand souci avoisine les 500000km . Avis aux amateurs De se lancer dans la recherche des Espace 1 encore en état de rouler ,car en plus au niveau mécanique celle ci reste simple et facile ne demandant pas d outillage compliqué , P .A .décembre 2021