Pierre Faure (1941-1947)

            Pendant la seconde guerre mondiale, la France vit à l’heure du rationnement, le reste des ressources sont prises par les occupants pour mener à bien leur front de l’est. L’essence fait parti des denrées rares, à tel point que le cheptel automobile se réduit à peau de chagrin. Pour contourner cette impossibilité de rouler, le gazogène est mis au point, mais aussi les voitures électriques. Je vous propose de prendre connaissance avec l’une d’elles, la FAURE.

Pierre Faure électrique (2)

         La FAURE est l’œuvre de Pierre Faure, un ancien ouvrier de chez Breguet qui commençait à produire des voitures électriques pour se diversifier et permettre à ses usines de Toulouse de fonctionner. Voulant très certainement voler de ses propres ailes, et exploite le filon de la voiture électrique sur lequel il pense pouvoir se démarquer. Sa voiture est dévoilée à la fin de l’année 1940 et effectue sa première sortie le 27 Décembre 1940.

             La voiture peut surprendre, sa carrosserie fut dessinée par l’architecte Michel Dufet qui propose une ligne très profilée avec un nez arrondis et ses roues carénées. Et si la voiture peut paraitre grande pour un véhicule électrique, son habitacle ne peut accueillir que deux adultes, le reste est occupé par le moteur électrique et les batteries…

          La FAURE est une voiture de conception très simple, sa carrosserie repose sur un châssis poutre qui supporte le moteur mais aussi les six batteries qui servent à l’alimenter, l’intensité totale est de 100 Ampères, la tension de 72 Volts. Pour autant, la FAURE est relativement légère car elle affiche sur la balance 550kg. Quant aux performances, la FAURE pouvait parcourir entre 50 et 75km avec ses batteries chargées, et filer jusqu’à la folle vitesse de 45km/h.

         Le rechargement quant à lui pouvait être effectuée depuis n’importe quelle prise domestique de 110 Volts, il prenait alors 12 heures. En option, la société Pierre Faure commercialisait un transformateur qui permet de recharger la voiture avec du 220 Volts dans un temps moindre. Certes, la Faure était une voiture contraignante, mais bien moins que l’obtention de bons de carburant distribués au compte-goutte, sans oublier que la Faure reste malgré tout économique : 6 Francs permettaient une recharge complète des batteries à Paris au cours de la guerre. Selon les publicité de l’époque, la Faure coutait à l’usage plus de 10 fois moins chère qu’une voiture à essence !

Pierre Faure électrique (3)

         Quant à la carrosserie, la Faure avait la particularité d’avoir ses phares sous le capot avant, des petites vitres permettaient de laisser passer la lumière vers l’avant. La carrosserie était réalisée en bois, faute de trouver mieux alors, et ses voitures étaient disponible en « berline deux places », « berline trois places » et en camionnette.

         Mais autant le dire, les Faure sont restée des voitures de crise, une vingtaine d’exemplaires ont été commercialisés avant que la voiture ne tombe dans l’oublis le plus total. Il faut dire qu’une bonne partie de la population n’avait plus envie de rouler dans une voiture électrique qui rappelait les heures noires de l’histoire, alors que l’essence allait devenir une denrée de moins en moins rare au fil des années une fois la paix retrouvée…

         Cependant, ces voitures électriques, tout comme les gazogènes, sont aujourd’hui de belles preuves que l’homme a été capable de s’adapter à un contexte de crise et de pénurie pour continuer à se mouvoir… Aujourd’hui, trouver une Faure relève du miracle, au moins deux exemplaires sont encore connus de nos jours !

3 réflexions sur « Pierre Faure (1941-1947) »

  1. Le handicap de l’autonomie…

    Premièrement les voitures essence de cette époque n’avaient JAMAIS 1000km d’autonomie, se serait plutôt au maximum une autonomie de 300 – 350 km, sur des routes et un urbanisme qui n’avaient rien a voir (on n’avait pas fini de liquider la paysannerie et le vélo-tram-trolley-train étaient encore roi). Donc en comparaison les 100km d’autonomie n’étaient pas si ridicule pour pas mal d’usages, nonobstant la durée de charge des batteries-plomb.

    Ensuite, si on construisait avec les moyens modernes une auto de ce type, c’est a dire un véhicule très léger qui roule a une vitesse maximum raisonnable (qui a dit 80 ?) au lieu de construire des tanks de 2 tonnes sur un paradigme totalement dépassé, on pourrait les atteindre ces 1000km, et même probablement plus.

  2. La voiture électrique pourrait être la voiture de demain si les gouvernements se donnaient la peine de s’y pencher plus sérieusement au lieu de toujours ne penser qu’à l’argent et aux bénéfices qu’engrangent les multinationales avec le pétrole.
    On vient de créer une route longue d’un kilomètre avec des panneaux solaires, pourquoi ne pas pousser davantage d’investissements pour les recherches sur de ces véhicules électriques connectés à cette route les rechargeant tout en conduisant. Cela peut prendre du temps mais relancerait l’emploi dans le domaine des BTP, des entreprises automobiles et de leurs sous traitants.

  3. La Faure prouve également que les voitures électriques n’ont de tous temps intéressé personne et que ce mode de propulsion reste anachronique. Déjà la célèbre « Jamais Contente » utilisait ce mode de propulsion. De nos jours l’handicap de l’autonomie et de la vitesse reste le même

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