L’industrie automobile anglaise, voilà un pan de l’histoire sur lequel il y a beaucoup de choses à dire, entre crises, modèles atypiques, le tout dans le groupe tentaculaire British Leyland dans le milieu des années 1970. Pour sortir du marasme, le groupe lance de nouveaux modèles, parmi lesquels la sportive Triumph TR7.
La crise qu’a connu l’industrie automobile anglaise depuis les années 1970, c’est avant tout l’histoire d’un groupe sans cesse renommé, British Leyland, qui comportait à son actif de très nombreuses marques britanniques nationalisées à tour de bras. Essayons d’en faire le tour, il y avait Alvis, Austin, Jaguar, Land Rover, Morris, MG, Rover, Triumph, Wolseley… Et décidé à n’en faire disparaître aucune, ces filiales se marchent les unes sur les autres sur le marché. Preuve en est, sur le marché du roadster, il y a Triumph, MG et Jaguar. Autant le dire, la visibilité n’est pas évidente auprès du public et le groupe ne fait pas autant d’économies d’échelles qu’il ne le pourrait.
Quand une crise pointe le bout de son nez au début des années 1970, British Leyland réagit et se réorganise, Austin et Morris sont fusionnés, Wolseley disparaît; et chaque constructeur est cantonné à une clientèle précise. Triumph obtient la conception d’une voiture sportive, la TR7. Pour cela, Triumph tire un trait sur son passé pour concevoir une voiture totalement nouvelle, c’est sans doute sur ce point que le projet Triumph l’emporte face à un projet présenté par MG.
Ainsi, la TR7 présente un style en totale rupture avec les traits de l’automobile anglaise d’alors, la ligne très moderne à l’époque abandonnait les courbes pour ne présenter que des traits marqués, réalisés à la règle. Ce style provocateur, désuet aujourd’hui, était la tendance du moment, preuve en est avec les rivales comme la Fiat X1/9. Les feux escamotables sont de la partie et permettent à la voiture d’afficher un look bien à elle.
La conception de cette voiture est radicalement différente de ce que faisait Triumph jusque là : caisse monocoque, le plastique prend la place des boiseries dans l’habitacle, le chrome disparaît… Présentée début 1975, la Triumph TR7 se propose sous la forme d’un strict coupé deux places, ce qui déconcerte les puristes de la marque, plus habitués aux roadsters qu’à cette variante de carrosserie, qui n’est d’ailleurs même pas disponible au catalogue. De toute façon, la Triumph TR7 est alors réservée aux Etats-Unis, il faudra un peu moins d’un an et demi pour qu’elle doit disponible sur le vieux continent.
Sous le capot, on retrouve un quatre cylindres en ligne de deux litres qui propose 105Cv (92Cv en version US), lequel est flanqué de deux carburateurs SU et d’une boite à quatre rapports, avec un overdrive en option. Les performances restent intéressantes, 183km/h en vitesse maximale, 11 secondes pour le 0-100km/h, ou encore 33 secondes pour parcourir un kilomètre départ arrêté.
Cependant, la Triumph TR7 a du mal à prendre, les objectifs sont rarement atteints. C’est pourquoi des versions plus sportives sont étudiées, une TR7 V8 de 135Cv est lancée en 1977, ou encore la série Sprint à partir de 1978 qui propose 128Cv. En réalité, c’est d’avantage un roadster que la clientèle demandait, il faut attendre 1979 pour le voir apparaître et fut l’oeuvre de l’italien Michelotti. Avec cette version, Triumph revient aux fondamentaux et vise sa clientèle habituelle.
Mais un autre mal ronge le modèle, sa fiabilité douteuse et sa finition bâclée, la qualité des plastiques n’est pas sans reproche, d’autant que l’usine de Speke qui la produisait se rendait célèbre pour ses mouvements sociaux. British Leyland déménagea la production de la voiture dans l’usine de Coventry à partir de 1978, puis à Solihull en 1980. Au final, le clap de fin de la TR7 est donné en 1981, après 112.368 coupé et 28.864 roadsters, un chiffre excellent pour Triumph, mais trop faible pour British Leyland. La TR7 marque également la fin des roadster Triumph, la marque survit quelques années de plus grâce à l’Acclaim, qui était une Honda rebadgée…
Quant à la TR7, elle est devenue un modèle que l’on adore détesté, cette voiture a toujours du mal à se faire une place dans le monde de la collection. Il faut dire que les exemplaires survivants sont rarement en bon état, trouver une TR7, ne serait-ce dans un état potable, est déjà une chose rare. Ensuite, il y a la question de son physique, devenu difficile à porter de nos jours… Bref, à moins de souhaiter rouler décalé et d’accepter les caprices de sa voiture, la TR7 n’est pas une voiture pour tout le monde.
Bel article!
L’amour pour une automobile de collection (une auto en général) dépend aussi beaucoup du facteur PRIX. Une TR7, en bon état pour 4000 € trouve peu de concurrents en collection et reste un cabriolet éprouvé et plutot agréable à utiliser.
Si elle se retrouve au prix d’une E30, d’une Spitfire ou d’une MGB, c’est sur qu’elle attire beaucoup moins.