Nous sommes dans les années 1980, Alfa Romeo n’est pas dans une bonne posture financière et recycle ses bases anciennes pour confectionner de nouveaux modèles. Du côté des berlines haut de gamme, les Alfetta et Alfa Romeo 6 sont en fin de vie et sont remplacées, en 1984, par la 90…
Propriété de l’Etat italien depuis 1933, Alfa Romeo aborde les années 1980 sans vraiment être serein, la gamme d’alors est vieillissante mais compte quelques pépites comme le GTV, l’Alfasud Sprint et le Spider. Pour le reste, seule la 33 sortie en 1983 et développée sur une Alfasud est une réussite, mais l’Arna tout comme la berline 6 sont des échecs, quant à l’Alfetta, cette berline datée voit déjà ses ventes fléchir. Le constructeur italien décide alors de développer une nouvelle berline qui remplacerait tant l’Alfetta que la 6, ce sera la 90.
Comme pour la 33, Alfa Romeo utilise à nouveau une plateforme ancienne faute de moyens, celle de l’Alfetta pour concevoir cette nouvelle voiture; celle-ci fut toutefois renforcée afin de supporter un poids supérieur et recevoir la puissance d’un moteur V6. Idem, la cellule centrale de l’Alfetta est reprise, limitant ainsi les possibilités stylistiques. Pour la carrosserie, Alfa Romeo décide de faire appel au carrossier Bertone (lire aussi : Bertone) qui livre une copie de bonne facture malgré les contraintes inhérentes à la base.
Faite de lignes anguleuses, l’Alfa Romeo 90 réussit l’improbable équilibre de proposer une ligne à la fois différente de la concurrence, discrète et moderne, lui conférant ainsi sa personnalité qui ne laisse pas indifférent le public. Bien évidement, sa forme n’aide pas à l’aérodynamique, mais avec un Cx de 0,37, la 90 fait bien mieux que l’Alfetta. Pour l’aider, Alfa Romeo équipe cette berline d’un spolier sous le pare-chocs avant qui se déploie en fonction de la vitesse par le biais de piston à gaz, une première mondiale et proposée de série.
Autre problématique inhérente à la reprise de la cellule de l’Alfetta, le volume de l’habitacle est compté dans la 90 surtout face aux rivales nommées Lancia Thema, Renault 25 ou Mercedes W124. Toutefois, l’Alfa Romeo 90 accueille ses passagers dans un grand confort, le conducteur dispose d’une instrumentation complète avec un « ordinateur de bord » à affichage par LED, le passager avant peut loger un attaché case sous la boite à gant, les fauteuils sont à la fois confortables et accueillants. L’équipement peut s’enrichir moyennant quelques deniers de plus : vitres électriques, fauteuils réglables électriquement, fermeture centralisée des portes… De plus, l’Alfa Romeo 90 bénéficie d’une finition de bonne facture pour tenter de faire oublier ses aînées…
Sous le capot, l’Alfa Romeo 90 s’équipe de moteurs déjà biens connus, quatre sont proposés au client : deux quatre cylindres essence, un de 1.779cm3 alimenté par deux carburateurs double corps offre 120Ch, le second, de 1.962cm2 avec la même alimentation propose 128Ch. Pour le haut de gamme, la 90 s’offre le V6 Busso de 2.492cm3 provenant directement de la GTV, sa puissance est diminuée à 156Ch pour bénéficier d’une fiscalité plus avantageuse. Enfin, pour les amateurs du genre, Alfa Romeo propose un TurboDiesel de 2,4 litres provenant de chez VM Motori avec 105Ch à la clé. En 1985, et seulement pour le marché italien, un V6 de 2,0 litres se glisse sous le capot avec ses 132Ch. Pour le reste, la 90 est fidèle à la disposition transaxle qui renvoie la boite de vitesses et le différentiel sur l’essieu arrière.
Sur le plan commercial, l’Alfa Romeo 90 a eu du mal à se faire sa place tant la concurrence était rude, rien qu’en Italie, la Lancia Thema présentée en même temps parait plus moderne et plus apte à séduire une clientèle exigeante. Pire encore, et certainement par manque d’une véritable stratégie, l’Alfa Romeo 75 dévoilée en 1985 vient marcher sur ses plate-bandes (lire aussi : Alfa Romeo 75). Au final, après un léger restylage opéré en 1986, l’Alfa Romeo 90 s’efface en 1987 après 56.428 unités produites, et cède sa place à la 164, la première Alfa de l’ère Fiat.