Avec la première guerre mondiale, les armées s’affrontent dans un nouveau type de conflit : la guerre de tranchées. Conquérir le moindre mètre nécessite de violents assauts qui coûtent cher en vies humaines, quand ces vagues arrivent à atteindre le camp ennemi. Pour changer le cours de la guerre, l’armement évolue et l’on voit apparaître, entre autre, le char de combat. Le premier d’entre eux fut le tank britannique Mark I.
Le premier conflit mondial s’enlise rapidement en une guerre de tranchée causée par la puissance de feu de chaque armée, une donnée non prise en compte dans chaque camp à une époque où la mobilité des troupes n’était pas prise en compte. La guerre fait désormais du sur-place, les assauts permettent de récupérer quelques dizaines de mètres à l’ennemi en payant le prix fort sur le plan humain. Pour se dégager de cette impasse, l’armement fait un bond en avant, de nouvelles armes sont développées.
Pour tenter d’avancer entre les tranchées, l’armée britannique met en oeuvre l’idée d’un véhicule de combat protégé. Une telle idée n’est pas nouvelle, quelques projets de ce genre avaient été proposés par le passé sans qu’aucune armée ne juge nécessaire un tel véhicule. Mais avec la guerre de tranché, un tel véhicule pourrait relancer la guerre de mouvement. De plus, pour la première fois de l’histoire, la technique semble désormais à la pointe pour concevoir un tel véhicule : le blindage est déjà perfectionné, le moteur à explosion permet désormais de mouvoir de lourdes charges.
Dès le mois d’octobre 1914, la solution du char d’assaut est présenté à la British Army par un tacticien militaire. Le véhicule devra être chenillé pour avancer entre les tranchées, présenter une mitrailleuse et un blindage pour protéger son équipage. Soutenu par un colonel de l’armée, ce projet échoue à cause du Secrétaire d’Etat à la Guerre qui était contre ce projet. Toutefois, celui-ci trouve un écho auprès de Winston Churchill, alors premier Lord de l’Amirauté, qui constitue un comité d’étude pour développer le char de combat. Pour des raisons de confidentialité, le projet est nommé « Tank » pour faire croire à la production de réservoirs d’eau autotractés si l’ennemi avait écho de ce projet.
Le projet est par la suite développé par la marine britannique, une maquette en bois est réalisée au cours de l’été 1915 puis présentée le 15 Septembre suivant. Ce projet convainc les pontes de l’armée qui demande désormais la conception d’un prototype. Celui-ci est assemblé durant la fin de l’année 1915 puis présenté pour la première fois le 02 Février 1916, l’arme est présenté comme révolutionnaire devant un public composé des hautes autorités du gouvernement britannique, et le roi fait le déplacement en personne pour voir ce véhicule, nommé « Mother ».
Dans le même temps, le Général Haig engagé dans la bataille de la Somme souhaitait rapidement reprendre du terrain aux allemands, la démonstration du char de combat le persuade de s’en équiper. En effet, ce véhicule était capable de franchir des tranchées de quatre mètre de largeur, passer par dessus d’obstacles d’un mètres. Et équipé de mitrailleuses sur ses flancs, il permettait de longer les tranchées sous une pluie de feu. Le véhicule pesait toutefois presque 30 tonnes, sa vitesse de pointe avoisinait les 6km/h, et son autonomie approchait les 40km. Toutefois, un équipage de huit hommes est requit pour manœuvrer le char et les chenilles doivent être remplacées tous les 80km.
Côté moteur, le char britannique utilise un moteur à essence développant 105Cv, il s’agissait d’un six cylindres en ligne construit par Daimler. Pour fonctionner, un réservoir de 350 litres d’essence prend place. Quand au moteur en lui-même, il nécessite 50 litres d’huile, 15kg de graisse et 10 litres pour la boite à vitesse ! Et malheureusement, les vapeurs s’échappent en parti dans l’habitacle, qui peut atteindre jusqu’à 52 degré Celsius lors des combats, sans oublier la forte concentration de monoxyde de carbone.
Ce char prend la dénomination Mark I et est commandé à 100 exemplaires, l’assemblage s’effectue dans deux villes, Lincoln et Birmingham. Ces premiers exemplaires sont conçus avec un canon de six livres à tir rapide issu de la Marine anglaise. Puis, en avril 1916, un nouveau modèle équipé seulement de mitrailleuses latérale est réalisée et prend le nom de Mark I female (Male pour les Mark I à canon), leur but étant de défendre les Mark I male.
De sa présentation à sa mise en combat, le tank Mark I attendra de nombreux mois, le temps de faire construire assez d’unités pour former une véritable offensive, et surtout, le temps de former des soldats au maniement de cette nouvelle machine. Son baptême du feu, le Mark I l’effectue le 15 Septembre 1916 lors de la bataille de la Somme, cette même bataille au cours de laquelle, lors du premier jour de l’offensive, l’armée britannique a perdu quasiment 20.000 soldats dont la moitié au cours des premières minutes du raid lancé le 01 Juillet 1916.
Lors de l’engagement des Mark I le 15 Septembre 1916, seul l’un d’entre eux arrive jusqu’à la tranchée allemande, les autres chars l’accompagnant étant soit tombé en panne durant le combat ou détruit par l’artillerie. Autant le dire, le premier combat du char d’assaut ne fut pas une réussite tactique, mais sur le plan psychologique, cette arme fait peur à l’ennemi. Avec cet échec, les officiers conservateur des méthodes de combat conventionnelles réussissent à faire diminuer le développement du char d’assaut. Mais celui-ci allait démontrer son bien fondé ultérieurement…
Par conséquent, le Mark I évolue rapidement pour laisser place au Mark II. Les Mark I déjà produit sont modifié en 1917 pour devenir des chars radio en s’équipant d’antenne et d’un système de transmission, de quoi faire passer les ordres de bataille plus rapidement et de manière plus sur qu’avec des messagers. Le reste des Mark I sont désarmés et utilisés comme des chars de ravitaillement.