Le projet AR6 de Rover est l’histoire d’un acte manqué, une voiture qui devait remplacer à terme l’Austin Metro et permettre à Rover de continuer sa renaissance… Le gouvernement britannique, dans sa volonté de privatiser son pôle automobile, préféra une solution à moindre coût…
Les années 1980 doivent être celles de la renaissance pour le groupe britannique British Leyland, et divers chantiers sont mis en route : mettre un terme à la constellation de marques qui font perdre au client ses repères, et surtout, améliorer la qualité de ses productions dont le manque de fiabilité était régulièrement souligné. L’Austin Metro, dévoilée en 1980, marque le début de cette politique, suivi par la modification du nom du groupe en 1982 : il faut désormais parler de « Austin Rover ».
En 1984, Austin Rover dévoile le duo Montego/Maesto sur lequel beaucoup d’espoirs sont fondés, notamment pour faire rentrer des liquidités. Une fois les bureaux d’études déchargés des Montego/Maestro, le projet AR6 est mis en route pour mener vers la commercialisation d’une nouvelle citadine qui remplacera l’Austin Metro, avec l’idée de rivaliser à armes égales avec la Peugeot 205 et la Fiat Uno; et utiliser une mécanique nouvelle alors en gestation chez Austin Rover qui serait partagé avec une future berline alors connue sous le code AR8.
Le projet AR6 était donc celui d’une voiture totalement nouvelle, faisant table rase du passé. Preuve en est, le cahier des charges abandonne la suspension hydragas notamment utilisée sur la Metro pour une suspension conventionnelle de type MacPherson, moins chère à produire. Le bureau du style, quant à lui, ne part pas d’une page blanche mais réutilise les études du concept British Leyland ECV3 dont l’objectif était de trouver ses solutions aérodynamiques pour consommer moins. La ligne est dessinée par l’équipe de Roy Axe et s’inspire fortement des créations contemporaines d’Italdesign.
Les années 1985 et 1986 permettent de mettre au point le prototype et d’envisager sa mise en production. Le projet, dès l’origine, prévoyait des versions trois portes et cinq portes, des mécaniques 1,1 litre et 1,4 litre. Bref, le projet se dirigeait tout droit vers la mise en production, toutefois, le gouvernement britannique, alors propriétaire d’Austin Rover, envisage sa privatisation, et pour rendre la belle plus attrayante, il est procédé à des restructurations et abandons de projets coûteux. Sans oublier que le duo Montego/Maestro n’arrivait pas à réaliser les bénéfices tant espérés…
Parmi ces derniers, le projet AR6 en fit les frais, on estime alors à 500 millions de livres les coûts de développement pour aboutir à la version définitive. Trop cher pour le gouvernement britannique, d’autant qu’il est possible de renouveler l’Austin Metro en la restylant profondément pour bien moins cher. C’est ainsi qu’apparaîtront les Rover 100 qui ne cacherons pas leur origine, et participeront à l’image difficile de Rover dans les années 1990, entre voitures « caches misères » ou simples Honda rebadgées…