Fut un temps ou l’automobile n’était pas l’apanage des grands constructeurs, les artisans avait leur propre domaine et brillaient sur les marchés de niche, comme celui des petites voitures sportives. En France, ce domaine était très concurrentiels avec plusieurs artisans-constructeurs tels que CG, René Bonnet, Alpine et bien d’autres encore. Aujourd’hui, essayons de partir tel un missile… un missile René Bonnet !
René Bonnet qui était l’un des principaux acteurs de la marque DB fini par avoir des désaccords avec son associé Charles Deutsch à la fin de l’année 1961 alors que leur marque était devenue l’écurie officielle de Panhard depuis 1959. L’objet du désaccord : l’un préférait les formes aérodynamiques et la traction avant, l’autre préférait le moteur central. Finalement, les deux hommes se séparent en 1962, René Bonnet crée alors sa propre marque qui portera son nom, et applique désormais ses choix techniques : le moteur central !
Comme Deutsch restait fidèle à Panhard, Bonnet se voit contraint de collaborer avec une autre marque, il trouve alors un accord avec la Régie qui commençait à avoir une véritable politique sportive. René Bonnet récupère de DB le modèle Le Mans mais utilise désormais des moteurs Renault pour l’animer.
En même temps que le lancement de la marque et de la Le Mans sous la marque René Bonnet, le modèle Missile est lui-aussi dévoilé au public. Celui-ci utilise une plate-forme de Renault 4 que laquelle il greffe un moteur de Dauphine 1093, à savoir un quatre cylindres en ligne de 845cm3 de 55Cv ! La Missile reprend aussi d’autres pièces Renault comme la suspension qui vient de la R4 et les freins à disque de la R8.
La Missile est un modèle totalement nouveau par rapport à la Le Mans, malgré une ligne assez proche mais qui fut modifiée afin de distinguer les modèles. La Missile est ainsi plus courte, signalons qu’il s’agit d’un strict cabriolet deux places. Quant à la carrosserie elle-même, elle est réalisée en polyester stratifié et est fixée au châssis de la R4.
Sur la route, la Missile s’avère être une bonne voiture : la tenue de route est sans critique même si les essayeurs soulignent la légèreté de la direction ; causée il faut le dire par une mauvaise répartition du poids : 350Kg sur l’avant, 210 à l’arrière. Quant à l’habitacle, celui-ci se relève confortable avec de bons fauteuils mais peu pratique : pédales mal disposées, finition trop légère, étanchéité perfectible…
La René Bonnet Missile se vend bien puisque en deux ans, c’est 297 exemplaires qui furent écoulés. Mais René Bonnet doit faire face à des problèmes de trésorerie et s’allie avec Matra qui assemblera quelques modèles dans son usine de Romorantin. Mais faute de liquidité, René Bonnet finit par faire faillite en 1964, son entreprise est alors reprises par Matra, qui ne conservera que la Djet. La Missile est donc mise à la retraite.