Si l’on voit Renault comme un constructeur généraliste, il s’orientait à ses débuts vers l’automobile de luxe. De toute façon, lors de la création de Renault en 1899, l’automobile était un produit de luxe, Renault s’y oriente encore plus avec le châssis 40Cv qu’il commercialise à partir de 1908.
Commercialisée à partir de 1908, le châssis 40Cv permettait à Renault de proposer une voiture pour les élites de la société d’alors, avec en ligne de mire les têtes couronnées ou les présidents de la république. Avec la 40CV, Renault entre dans une nouvelle catégorie et concurrence désormais les marques les plus prestigieuses, avec un châssis de plus de 5 mètres de longs et de plus de deux tonnes. La Renault 40CV est rapidement sollicitée par sa clientèle visée, et déjà, en 1913, le Tsar de Russie en commande deux exemplaires lors du salon de l’automobile de Saint Petersburg.
La dénomination « 40Cv » n’avait rien à voir avec la puissance fiscale de la voiture, elle était seulement symbolique, commerciale dirait-on de nos jours. Et surtout, la Renault 40cv est en réalité une lignée de voiture, la première est apparue en 1908, il s’agissait alors de la Type AR avec un six cylindres en ligne de 9.500cm3. Le modèle évolue rapidement, l’année qui suit voit l’arrivée de la Type BH, désormais avec un six cylindres de 7.540cm3, elle-même remplacée par la Type CG en 1913 en conservant la même mécanique.
En 1913, la Renault Type DT prend la relève, suivit de la Type ES en 1914 conjointement avec la 40Cv Type ET. L’arrivée de la première guerre mondiale ralenti les cadences de production des voitures civiles, désormais remplacées par le matériel militaire. Sans doute nécessaires pour l’apparat des hauts gradés, la production des Renault 40Cv semble se continuer au compte-goutte durant le conflit, avec l’arrivée en 1916 de la 40Cv Type FI qui remplace la Type ES. La Renault 40CV Type FI finira la guerre avant d’être remplacée par la Type HD qui apparaît en 1919.
L’année 1920 voit deux modèles apparaître, la Type GX et la Type HF, remplacées en 1921 par les Type HU et IR. C’est à la fin de l’année 1920 que le six cylindres en ligne repasse au-dessus de la barre des neuf litres avec une cylindrée de 9.121cm3, faisant de la Renault 40CV la voiture française ayant la plus grosse cylindrée. C’est à cette époque que le châssis se subdivise en version longue ou courte (sport) avec 19 centimètres de moins.
Les évolutions se succèdent dans les années 1920, les Type JP, JD, JV, KO se succèdent respectivement. En 1922, la Renault 40CV s’équipe de freins sur les quatre roues ainsi qu’un servofrein, un dispositif mis au point par Dewandre-Repusseau. Aussi, le système de refroidissement par eau du moteur est amélioré avec un réservoir de 50 litres et un fonctionnement sur le principe du thermosiphon permettant de se passer d’une pompe à eau.
Enfin, en 1923, la Renault 40CV Type MC apparaît et restera trois ans au catalogue Renault. En 1925 lui est adjoint la Renault 40CV Type NM qui fut la dernière d’une longue lignée. La Type MN s’équipe d’un embrayage monodisque à sec remplaçant la technique à cône inverses, la voiture dispose d’une nouvelle boite de vitesse à trois rapports.
La Renault 40CV Type NM est sans conteste l’une des versions les plus connues de la 40Cv, le modèle est le plus abouti et tient facilement la comparaison avec les Rolls-Royce, Hispano-Suiza et autres marques de luxe contemporaines. De plus, Renault engage un programme sportif pour ce modèle à partir de 1925 avec des records de vitesse sur l’anneau de Montlhéry, un exploit réitéré en 1926. Egalement en 1925, la Renault 40Cv s’illustre en remportant le rallye Monte-Carlo.
Finalement, en 1928, la série des Renault 40CV née en 1908 avec la Type AR s’efface pour laisser place à la Reinastella qui aura la dure tâche de lui succéder. Quant au nombre de Renault 40CV produite, celui-ci restera inconnu tant les versions différentes ont été nombreuses…