Dans les années 1970, les grands constructeurs français vont renouveler leur haut de gamme, chez Renault, ce sera la R30 qui fait son apparition en 1975. Renault se relance dans le haut de gamme avec un moteur V6 et une carrosserie qui se démarque sur le segment des routières. Mais hélas, elle fut un nouvel échec pour la Régie…
L’histoire de la Renault 30 débute par celle du moteur PRV, une mécanique crée par un accord mutualisant les technologies et les finances de trois constructeurs (Peugeot, Renault et Volvo) afin de créer un V6 commun. Un moteur qui pourrait satisfaire une voiture haut de gamme dont la Régie a bien besoin pour tenter de gommer les échecs de la Frégate et de la Rambler. Aussi, depuis ces dernières voitures, Renault fini par abandonner le luxe et laisse la Renault 16 chapeauter sa gamme, laissant la place à la Citroën DS ou aux voitures allemandes.
Mais la Régie ne va pas se laisser faire, une fois le marché de la voiture populaire cadenassée par les R4, R6 sans oublier la R5 en préparation, celui de la berline familiale relancée avec la R12, et celui des routières avec une R16 qui marche plutôt bien, la Régie peut désormais penser à un véritable haut de gamme. C’est ainsi qu’est lancé en 1970 le « Programme 127 » qui mène à un prototype de berline de prestige avec des formes élancées, rappelant une certaine R17 ! Le V6 PRV est dès l’origine intégré à ce travail de recherche et permet de proposer des performances honorables, on parlerait de 180km/h de vitesse de pointe.
Hélas, les pontes de la Régie ne sont pas enthousiastes vis-à-vis d’une telle voiture, des contestations naissent dans divers services de la direction, sans doute plus par crainte d’affronter Citroën qui était en train de préparer la remplaçante de la DS : la future CX. Mais par la persévérance des responsables du programme, le Projet 127 continue mais change radicalement en 1973 : remplacer la R16. C’est ainsi que ce projet donnera finalement naissance au duo R20/R30.
Mais restons cantonnés à la R30 pour cet article, après un errements sur le nom quelques mois avant sa commercialisation, celle qui aurait du s’appeler R23 prendra le nom de R30 afin que celui-ci soit plus lisible à l’export. Présentée pour la première fois lors du salon de Genève 1975, la Renault 30 est le fruit de trois années de travail grâce à la Conception Assistée par Ordinateur. Pour la ligne, c’est l’œuvre de Gaston Juchet qui signe une carrosserie à trois volumes dans la lignée de la Renault 16, permettant à Renault de rester fidèle au concept du hayon. Mais dans le segment des voitures haut de gamme, ce choix dénote, il fut aussi « imposé » à Renault pour ne pas rentrer en concurrence frontale avec la Peugeot 604 dont elle partage le moteur.
Si la R30 part avec un handicap lié à sa carrosserie, ce ne sera rien à côté du moteur. En effet, le V6 PRV aurait du être à l’origine un V8, mais la crise pétrolière du début des années 1970 lui amputera deux cylindres. Ainsi, le V6 PRV est critiqué sur son irrégularité de fonctionnement, mais aussi sur sa consommation puisque à ses débuts, il consomme en moyenne 15 litres aux 100… La presse avait même noté un 27 litres aux 100 à vitesse très soutenue. Inutile de vous dire qu’après le choc pétrolier, la R30 n’attire pas foule. En revanche, la R30 est encensée sur ses qualités de routière, la tenue de route est très correcte, seul l’effet de plongé au freinage du au poids du V6 est critiqué.
En Mars 1975, seule la R30 TS est commercialisée, son V6 cube 2.664cm3 et développe 131Ch. Il est alimenté par deux carburateurs et accolé à une boite manuelle à quatre rapports, ou contre quelques francs de plus, avec une boite automatique à trois rapports. L’équipement est de bonne facture avec une fermeture centralisée des portes, des vitres électriques…
En 1978, la Régie adopte l’injection sur la R30 pour diminuer la consommation, un effort couplé avec le passage à la boite à cinq rapports en lieu et place de la boite quatre : on parle désormais de R30 TX. Cette amélioration s’accompagne d’une hausse de la puissance, et dans l’habitacle, l’équipement est revu à la hausse : fermeture centralisée comprenant le hayon, fauteuils en velours et enveloppants. La finition aussi est améliorée, des logo « V6 » apparaissent sur le hayon et la calandre, les feux arrières sont cernés de chrome…
Ces efforts sont louables mais n’entrainent pas le sursaut des ventes tant espérés, poussant Renault à procéder à restylage pour le millésime 1981 : gros pare-chocs, calandre chromée, intérieur redessiné… Enfin, en 1982, Renault propose une motorisation Diesel Turbocompressée sur la R30 (R30 Turbo D), un quatre cylindres en ligne de 2.069cm3 de 85Cv.
Mais rien n’y fait, la Renault 30 connait toujours des ventes anecdotiques. Finalement, la décision est prise d’arrêter sa production en Octobre 1983 après 136.403 exemplaires. Elle est alors remplacée par la Renault 25, une voiture qui semble avoir appris la leçon de la déroute de la R30 en proposant une carrosserie à trois volumes et des motorisations plus « épurées », elle connaîtra le succès que l’on connait…