Il fut un temps où l’industrie automobile anglaise fabriquait tout type de véhicules, de la populaire Mini aux sportives Aston Martin. Entre les deux, les constructeurs anglais nous ont livrés quelques curiosités, parmi lesquelles figure, entre autres, l’Austin Princess.
Comment introduire cet article si ce n’est commencer par la crise que connaissait Austin, le constructeur filiale de British Leyland faisait face à divers problèmes de fiabilité sur ses produits, et la direction du groupe n’était pas la plus compétente pour prendre des décisions stratégiques. Dans les années 1970, Austin tente de se renouveler avec de lancement de l’Allegro en 1973 puis l’Austin Princess en 1975. Bref, Austin tente de redorer son blason avec de la nouveauté.
La Princess est dévoilée fin mars 1975, à vrai dire, la voiture ne porte pas encore sa dénomination « Princess » à son lancement mais celui de « 18-22 Series », il faut dire que la voiture est alors commercialisée sous trois marques histoire de brouiller les cartes : Austin, Morris et Wolseley. Seule la finition change, ainsi que le capot et la calandre. Six mois plus tard, Austin et Morris fusionnent pour ne laisser qu’Austin sur la scène, tandis que la haut de gamme Wolseley disparaît des catalogues. C’est à ce moment là que l’on commence véritablement à parler de « Princess ».
L’Austin Princess, c’est avant un style inimitable, une carrosserie que seuls les anglais pouvaient réaliser : le capot plonge vers la route, un pare-brise incliné, un arrière à la sauce fastback, le tout avec des lignes très carrées, dans le ton des années 1970. Si la ligne est osée, Austin n’ira au bout de la logique en oubliant d’équiper sa Princess d’un hayon, la raison est commerciale puisque British Leyland ne souhaitait pas que cette voiture joue sur les plates bandes de la Rover SD1, une voiture sur laquelle mise beaucoup le groupe anglais.
Certes, Austin fut gentlemen et avança d’autres raisons à l’absence du hayon : difficulté technique de mise au point, poids plus élevé… Dommage, car la clientèle aurait été là avec un tel équipement. Sous le capot, la Princess propose à ses débuts deux moteurs, un quatre cylindres de 1,8 litres développant 82Cv, et un six en ligne de 2,2 litres disposant de 110Cv. Si les puissances sont intéressantes au premier coup d’oeil, elles se révèlent dans le bas de tableau comparé à la concurrence, encore un point négatif pour cette Austin…
Le tableau n’est toutefois pas si noir, la voiture se rattrape sur sa tenue de route exemplaire, confiée par la fameuse suspension hydragas complétée par une monte de pneumatique aux flancs larges; la presse loue les mérites de la voiture sur ce point, la comparant avec les pointures de la liaison au sol : Citroën. L’habitacle n’est pas en reste, il propose de la place, un confort certain et un dessin là encore très caractéristique de la voiture.
Hélas, ces points forts ne suffisent pas à relever l’image d’Austin, qui une fois encore, renoue avec ses démons : fiabilité mécanique catastrophique, finition qui n’a rien à envier à la production soviétique… Austin corrige sa copie, effectue un restylage en 1978, complète le choix de moteurs avec des quatre cylindres en ligne de 1,7 et 2,0 litres à la place du 1,8 litres… Mais rien n’y fait, l’Austin Princess a une image beaucoup trop encornée pour prétendre à un succès commercial. C’est pourquoi Austin effectue en 1982 un important restylage et change le nom de la voiture pour devenir Austin Ambassador…