Autobianchi devient dans les années 1960 le laboratoire des innovations du groupe Fiat, cette filiale a pour objectif de commercialiser des nouveautés techniques et de les tester à la fois vis à vis de la clientèle que pour leur production. Cet objectif est pleinement atteint en 1964 avec la Primula, la première traction du groupe Fiat…
Fondé en 1955, le constructeur italien Autobianchi naît des cendres de Bianchi F.I.V. grâce à l’apport de capitaux de Fiat et de Pirelli. En 1957, la première voiture arrive, la Bianchina, développée sur la Fiat 500, elle propose une carrosserie et une finition plus chic pour viser une clientèle de niche qui n’aurait pas acheté la Fiat 500. Puis Fiat se rend compte de l’intérêt d’Autobianchi pour en faire un véritable laboratoire afin de tester des nouvelles formes stylistiques et des nouveautés techniques. Si les essais sont concluants, Fiat les reprendra à son compte, en revanche, si échec il y a, l’image de Fiat n’en sortira pas écornée. C’est dans cette optique qu’est réalisée la Stellina en 1963, un cabriolet à carrosserie synthétique !
Cette vocation de laboratoire, on la retrouve également en 1964 avec la Primula, une petite berline qui permet à Autobianchi de s’installer sur un nouveau segment. Derrière une bouille plutôt sympathique se cache une voiture embarquant plusieurs innovations, pour la plupart à contre-courant de la production italienne d’alors : traction, moteur-boite en position transversale, hayon, embrayage hydraulique, quatre freins à disque…
Ce projet avait été développé par des ingénieurs de Fiat dès 1961 en remplacement de la Fiat 1100 avec l’optimisation de l’espace comme idée force. Mais ce projet était tellement excentrique que Fiat ne souhaitait pas se mouiller en le commercialisant, avec la crainte peut-être d’effrayer la clientèle, mais surtout de la difficulté à l‘industrialiser. A la place, Fiat préféra un projet plus conventionnel qui donna naissance à la Fiat 124.
Heureusement, Autobianchi est là et permet de sauver le projet, si Fiat n’en veut pas sous son propre blason, la voiture fut commercialisée sous la marque Autobianchi. Ainsi, cela permet de tester sur le marché toutes ces solutions avant-gardistes, d’en vérifier leur utilité et d’obtenir les retours des clients. La Primula aura, sans le savoir, un rôle de voiture-test pour les Fiat à venir.
Mais revenons en 1964, Autobianchi vante les nouveautés de la Primula, mais celle-ci cache tout de même des éléments conventionnels, comme l’essieu arrière rigide à ressort à lames ou encore la carrosserie très classique, peut-être même un peu désuète au lancement de la voiture. Aussi, cette carrosserie dessinée par Boano s’inspire du travail de Pininfarina pour le compte de la British Motors Corporation.
Côté motorisation, la Primula ne propose que le quatre cylindres de la Fiat 1100D, à savoir un moteur de 1221cm3 alimenté par carburateur Weber simple corps et accolé à une boite à quatre rapports synchronisés, cet ensemble développe 57Cv et propulse la voiture jusqu’à la vitesse maximale de 135km/h. Dès 1965, la Primula bénéficie du moteur de la Fiat 124, une quatre cylindres de 1.197cm3 qui développe 65Cv, il est cette fois alimenté par un carburateur Weber double corps, ce qui permet à la voiture d’afficher une vitesse maximale de 145km/h. Puis viendra la version S avec son 1.438cm3 qui développait 75Cv pour une vitesse maximale de 155km/h.
Et face au public, qu’en est-il pour l’Autobianchi Primula ? Les résultats sont mitigés avec une moyenne de 10.000 unités vendues chaque années. Commercialisée entre 1964 et 1970, le modèle s’est au final écoulé à 74.858 exemplaires, un chiffre qui serait synonyme d’échec complet pour Fiat, mais pas chez Autobianchi. La voiture trouva toutefois un bon accueil en France où 15.000 unités ont été écoulés grâce aux efforts de l’importateur Chardonnet ! Quant à la Primula, la voiture inspira de nombreuses Fiat à l’avenir…