A côté des grands constructeurs nationaux gravitent des entreprises proposant des produits de niche, c’est le cas de la société française Brimont qui proposa durant une quinzaine d’année des camions tout-terrain capable de rivaliser avec l’Unimog de Mercedes…
En 1949, Marcel Brimont, maréchal-ferrant, se lance dans la conception et production de bennes et remorques agricoles, une activité qui connait un succès faisant passer Brimont d’un petit artisan à un industriel reconnu dans son domaine. Dans les années 1960, Brimont se diversifie en produisant ses premiers véhicules motorisés, des tomberaux destinés aux mines et carrières. Puis en 1974, Brimont rachète les licences et droits de production des tracteurs agricoles Latil auprès de la société Creusot-Loire.
Pour la petite histoire, la société Latil fut l’une des trois – avec Renault et Somua – à l’origine de la Saviem, fondée en 1955. Toutefois, la Saviem se spécialisant dans les utilitaires poids-lourds, céda la division tracteurs de Latil à Creusot-Loire courant 1963, leur production est transférée dans l’usine de Nantes-Batignolles appartenant au Creusot. Si les tracteurs Latil sont réputés pour les exploitations forestières ou encore le déneigement, les ventes demeurent en chute libre depuis le milieu des années 1960. C’est dans ce contexte que Brimont récupère cette activité en 1974 et maintient une partie de la gamme : les tracteurs forestiers et le porte-outils Latil VPL.
Dès 1978, les premiers camions Brimont apparaissent sur le marché, nommés Brimont ETR, ils sont la suite logique des Latil VPL mais Brimont y apporte sa touche : le châssis est constitué de deux U reliés entre eux par un axe qui permet l’oscillation des deux parties du châssis. Avec quatre roues motrices et directrices issues des tracteurs Latil, et une charge utile de 6 tonnes, le Brimont ETR vise clairement l’Unimog de Mercedes et fait mieux que lui sur les points précités. Hélas, la mécanique Saviem, le six cylindres type 797 de 155Ch, est moins puissante que celle de son rival.
Le Brimont ETR, par sa spécificité et sa conception 100% française en fait un véhicule demandé par l’administration, les pompiers s’en équipent pour la lutte contre les incendies de forêts, l’armée passe commande pour ses trois branches (terre, air et marine) pour en faire des véhicules du génie ou de lutte contre l’incendie, enfin, citons EDF qui en utilisa de nombreux pour l’entretien des lignes électriques, et la DDE pour en faire des chasse-neige en zone de montagne. Le succès du camion Brimont est indiscutable, du moins en France, bien que quelques exemplaires s’écoulent au Canada et aux Etats-Unis.
Dans les années 1980, la gamme de camions Brimont se diversifie, avec un ETR à capot avancé d’une part -nommé PL12 ou TL 80 – principalement destiné aux mairies et aux services d’entretien de routes avec son châssis rigide; puis à la fin de la décennie avec le BRUTT (Brimont Routier Utilitaire Tout-Terrain), un véhicule plus léger que l’ETR qui permet une charge utile de 2,25 tonnes, équipé d’un moteur Diesel Turbo Peugeot de 70Ch. Le BRUTT connait de beaux jours au sein des administrations publiques.
Dans les années 1980, pour trouver de nouveaux débouchés, Brimont fait appel à Bergerat-Monoyeur, spécialiste de la distribution des engins de T.P. (et distributeur exclusif de Caterpillar), pour assurer la vente des camions Brimont. En 1988, PPM (Poclain Potain Manutention) prend le contrôle de Brimont et lance un camion lourd dérivé des porteurs de grue PPM : le Brimont M8000, également dénommé Apache chez les pompiers. Malheureusement, c’est le champ du cygne pour Brimont, le gros des commandes publiques s’arrêtant à la fin des années 1980, les ventes du BRUTT ne sont pas aussi importantes qu’espérées. En 1992, face aux difficultés financières, la production des camion Brimont s’arrête.