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Porsche 935 (1976-1979)

        La réglementation sportive du Groupe 5 est à la fois contraignante mais très libre tant les failles sont importantes. Porche qui s’apprête au milieu des années 1970 à commercialiser le turbo l’expérimente en compétition, c’est notamment le rôle dévolu à la très libre interprétation de la 911 Turbo destinée au Groupe 5 : la Porsche 935.

Porsche 935-76 (4)

            A la fin de la saison 1971, la réglementation sportive évolue pour mettre un terme à la domination de la Porsche 917 qui avait, entre autre, battu le record de distance parcourue aux 24 Heures du Mans 1971, lequel tiendra jusqu’en 2010 ! Par conséquent, la Porsche 917 se recycle dans la série nord-américaine CanAm, quant à l’endurance, Porsche y lance ses 911…

           La Porsche 911 atteint rapidement ses limites en compétition, notamment en ce qui concerne le développement de la mécanique avec un limite fixée à 3.0 litres pour les moteurs. Porsche lance ses équipes d’ingénieurs sur le Turbo pour aller plus loin dans l’optimisation du moteur, une étude lancée avec la compétition en ligne de mire mais surtout avec à terme une adaptation sur les voitures de série. Le recours à la suralimentation était le seul moyen d’obtenir des chevaux rapidement tout en étant la piste la moins onéreuse. Et Porsche a déjà testé le turbo sur la 917 pour lui faire développer jusqu’à 1.000Ch en CanAm où la réglementation  était libre.

porsche 911 carrera RSR
porsche 911 carrera RSR

                Cependant, le règlement de la FIA impose une pénalité de 1,4 litres sur la cylindrée des moteurs turbocompressés et un nombre minimal d‘exemplaires produit de série. En 1973, Porsche présente un prototype de Porsche 911 turbocompressée au salon de Paris, laquelle fut commercialisée à partir de 1975, originalement à 500 exemplaires pour faire homologuer le moteur turbo en compétition. Ainsi nait la Porsche 911 930 Turbo, laquelle développe 260Cv à l’aide d’un turbo KKK. Face à l’engouement du public, la version Turbo demeure dans la gamme civile de Porsche.

              Pour la compétition, Porsche lance alors la 911 Carrera RSR Turbo 2.1 avec un Flat6 de 2,1 litres de cylindrée, un moteur réalisé en alliage de magnésium et chapeauté d’un turbo d’origine KKK également. Côté puissance, les motoristes Porsche montent le moteur jusqu’à 500Cv, ce qui impose la transformation de la carrosserie pour la rendre plus aérodynamique afin de lutter dans la catégorie des prototypes. La saison 1974 voit les Porsche 911 RSR tenter de jouer les avant-postes et signer une saison honorable.

               Mais rapidement, Porsche s’intéresse à la saison 1976 et vise de courir en Groupe 4 avec la 934, en Groupe 5 avec la future Porsche 935 et en groupe 6 avec la 936. Les règlementations changent et Porsche étudie à la lettre celui du Groupe 5 et s’engouffre dans les nombreuses failles, le groupe 5 permet à des voitures dérivées de modèles routier de courir. La voiture doit ainsi conserver la cellule centrale d’une voiture de série (avec capot, toit, et portes), sa base mécanique et la nature des systèmes de freinage et suspension. Pour le reste, tout est laissé à la libre interprétation des constructeurs.

               Ainsi, Porsche part de la cellule centrale d’une 911 mais l’équipe de voies très élargies, obligeant à revoir totalement la carrosserie. Les ailes sont très larges, le capot moteur se voit orné d’un aileron aux dimensions impressionnantes, le capot avant plonge vers le sol avec rapidement des phares intégrés dans les pare-chocs (bien que les tout premiers exemplaires reçoivent une face avant conforme à la série).

                Pour la mécanique de la Porsche 935, c’est le flat6 des 911 Turbo 930 qui est monté mais profondément modifié avec un arbre à came par rangée de cylindres, bielles en titane, deux bougies par cylindre, une injection électronique spécifique préparée par Bosch, et un Turbo KKK qui soufflait 1,5 bar de pression. D’une cylindrée de 2,8 litres, sa puissance initiale était de 590Cv et un couple si important qu’il avait tendance à détruire les boites 5, obligeant Porsche à monter une boite à quatre rapports seulement.

                 Ainsi naît la Porsche 935 qui se lance en compétition en 1976, la voiture signe une belle saison avec quatre victoires à la clé : les 6 heures de Mugello, de Vallelunga, de Watkins Glen et de Dijon. Aux 24 heures du Mans, la Porsche 935 signe une quatrième place, un résultat effacé par la victoire de la 936 cette année. Bien née, la Porsche 935 voit son développement continuer, pour la saison 1977, le turbo souffle à 1,4 bar et porte la puissance à 630Cv ! En cours de saison, l’une des Porsche 935 voit son moteur totalement transformé pour voir sa cylindrée portée à 3,2 litres, la pression des turbo portée à 1,7 bar pour atteindre 845Cv ! 1977 fut aussi une bonne saison avec sept victoires à la clé et une troisième place aux 24 heures du Mans.

               C’est aussi pour la saison 1977 qu’est développée la « 935 Baby » pour courir dans la catégorie des 2,0 litres afin de concurrencer BMW sur une catégorie plus médiatisé que le groupe 5 en Allemagne. Equipée d’un moteur de 1.500cm3 développant 370Cv, la Porsche 935-2 participe à deux courses et remporte une victoire à Hockenheim.

                     Pour la saison 1978, Porsche effectue une importante évolution sur la 935, les moteurs passent à 3,2 litres de cylindrée et développent 780Cv, un refroidissement à eau. Côté carrosserie, la partie arrière est allongée, donnant le surnom de « Moby Dick » à cette 935. Cette évolution apporte la compétitivité qui manquait au modèle pour jouer avec les classes supérieures, la voiture signe 10 victoires cette saison mais ne s’affiche pas aux avant-postes aux 24 heures du Mans en raison de soucis mécanique. Revanche est prise en 1979 avec la victoire raflée à l’épreuve mancelle (où la Porsche 935 signe un triplé), à côté de 8 autres couronnes décrochées sur diverses courses du groupe 5.

                     Si la fabrication des Porsche 935 cesse en 1979, la compétitivité du modèle lui confère une longévité exceptionnelle car la dernière victoire d’une Porsche 935 est remportée en 1984 aux 12 heures de Sebring (pour la septième victoire consécutive sur cette épreuve). En 1980 et 1981, la Porsche 935 signa 10 victoires majeures mais Porsche commence à lâcher du lest pour développer sa nouvelle arme en endurance : la Porsche 956.

              Au final, la Porsche 935 connu quatre déclinaisons (K1, K2, K3 et K4) qui lui ont permis de remporter plus de 150 victoires à travers le monde, parmi lesquelles des courses prestigieuses à l’instar des 24 heures du Mans ou de Daytona, les 1.000km du Nurburgring, et tant d’autres. La Porsche 935 fit le bonheur de nombreuses écuries privées, avant de connaitre pour certaines les courses de côtes puis une entrée dans le monde de la collection…