Remplacer la Jeep a été une longue et fastidieuse mission pour l’armée française, il faut attendre la fin des années 1970 pour entrevoir la fin de cette ère. Les constructeurs français, aidés par des alliances avec les constructeurs européens, proposent alors des 4×4 de reconnaissance à l’armée française. Le meilleur d’entre eux, le Peugeot P4, intègre les rangs de l’armée à partir de 1982…
Durant les décennies qui suivent la fin de al seconde guerre mondiale, l’armée française cherche non sans mal à remplacer ces Jeep, puisque aucun constructeur français ne semble apte à produire un tel véhicule. Bien évidement, il y a eu une tentative de Jeep française avec la Delahaye VLR, mais trop sophistiquée, son usage en opération s’avérait trop complexe pour des soldats peu adaptés à de tels véhicules. A la fin des années 1950, Peugeot proposa une autre Jeep française à l’armée, la Peugeot 203R VSP mais il lui fut préféré l’Hotchkiss M201, une jeep américaine produite sous licence.
Mais après, les constructeurs français ne proposent rien d’autre capable de la remplacer, à tel point qu’il fut envisagé pendant un temps un projet commun avec l’Allemagne et l’Italie : Europa jeep. Hélas, les dissensions entre Etats étaient trop fortes pour mener à bien un tel programme et chaque pays repart de son côté et fait appel à ses constructeurs nationaux. Cependant, la France a bien du mal motiver ses entreprises à développer un petit véhicule de reconnaissance à quatre roues motrices, tous avancent la non rentabilité d’un tel projet.
Mais l’Etat français met en avant la coopération européenne et invite les constructeurs à se rapprocher de leurs homologues étrangers pour obtenir les licences de tels véhicules pour y intégrer un moteur français. Renault-Saviem y participe avec la TRM500, Citroën avec le prototype C44 (mais aussi la FAF A 4×4), et Peugeot avec le Prototype 4, un Mercedes classe G. Tous ces prototypes répondent à un cahier des charges complexes, comprenant entre autre la possibilité d’être aérotransportable et d’être parachutable, et d’avoir un véhicule capable d’emporter quatre soldats avec paquetageset un poste radio.
Après de longs tests, l’armée française retient la proposition de Peugeot en 1981, le P4 était né. La commande totale est estimée à 15.000 unités mais à cause de mesures de restrictions budgétaires et une baisse d’effectifs, seuls 13.500 Peugeot P4 entrent dans les rangs de l’armée. Pour fabriquer le Peugeot P4, le constructeur sochalien et Mercedes trouvent un accord de coopération : le châssis, les trains roulants et la carrosseries sont fabriqués par Mercedes, la mécanique provient de chez Peugeot. L’assemblage est également effectué par Peugeot dans son usine de Sochaux, puis à partir de 1985 dans l’usine Panhard de Marolles en Hurepoix.
Pour la mécanique, Peugeot utilise le moteur Diesel Indenor de la 504, d’une cylindrée de 2,5 litres, celui-ci offrait 76Cv mais ramené à 70Cv dans sa version militaire. Une version essence équipée d’un quatre cylindres en ligne de deux litres offrait quant à lui 79Cv. Et tous les Peugeot P4 reçoivent une boite de vitesses à quatre rapports issue de la Peugeot 604. Sur le plan des performances, le P4 Diesel est annoncé pour 118Km/h en vitesse maximale et mets au moins 45 secondes pour courir un kilomètre départ arrêté. Au début des années 1990, l’armée décide de convertir l’ensemble de ses P4 essence en version Diesel, Panhard se charge du travail.
Pour les divers besoins militaires, le Peugeot P4 fut décliné en une multitude de variantes. Outre le 4×4 baché que nous connaissons tous, le P4 fut déclinée en une version totalement carrossée et blindée nommée P4P, une version pour les forces spéciales se dote d’une mitrailleuse (le P4 SAS), des versions encore plus spécifiques proposent différents empattement (2400mm, 850mm et 3120mm) pour s’équiper de benne ou d’équipement spécifiques à certains corps…
Peugeot proposa même le P4 sur le marché civil mais le véhicule n’y connait que l’échec, il lui est en effet difficile de lutter face à des concurrents mieux motorisés pour un prix quasiment similaire, d’autant que le marché du Peugeot est restreint par Mercedes : la France, et les pays africains ayant un accord militaire avec la France. Par conséquent, trouver une version civile du P4 relèvera de l’exploit. Heureusement, Peugeot arriva a caser quelques P4 sur les appels d’offre pour les pompiers qui en utilisent de nombreux exemplaires, et la gendarmerie française a eu une dotation de quelques unités pour les secours en montagne (bien que la Gendarmerie soit un corps de l’armée).
Au final, le Peugeot P4 arriva à remplacer l’antique Jeep et arriva presque à la faire oublier auprès de nos soldats, puisque la P4 fut présente partout, la fiabilité légendaire des mécaniques Peugeot ne fait pas défaut sur le modèle, ce qui permet d’engager la P4 sur tous les théâtres d’opérations de l’armée française. Et si l’armée française commence le remplacement de ses Peugeot P4 dès les années 2000 avec le Panhard PVP, la voiture est encore bien présente dans les rangs…