Pour revenir sur le devant de la scène en compétition automobile, Mercedes-Benz engage un programme sportif dès 1951 dont le premier acte fut la 300SL type W194. Visant à courir sur dans la catégorie des voitures de sport, la 300SL marque son temps et fut même à l’origine d’une voiture civile éponyme…
En 1951, Mercedes-Benz décide de revenir à la compétition automobile et procède à des essais avec des monoplaces d’avant-guerre, les W154, mais ces voitures sont trop datées et ne permettent pas de tenir tête aux rivales de l’époque. Mercedes décide alors de lancer un nouveau programme sportif, il n’est pas encore question de Formule 1 mais un engagement pour effectuer des rallyes et diverses courses qui ont alors une grande notoriété.
Rudolf Uhlenhaut, alors directeur du développement des voitures chez Mercedes, pilote émérite, est choisi pour mettre au point cette nouvelle voiture de course, et de suite, il impose d’utiliser le plus de pièces possibles dans la banque d’organes Mercedes pour limiter les coûts. A cette fin, il est décidé de construire une nouvelle voiture taillée autours du moteur six cylindres en ligne de la Limousine 300 Adenauer. Cette mécanique, retravaillée pour l’occasion, elle est choisie pour sa fiabilité mais également pour sa puissance. Les ingénieurs allemands refondent le moteur avec une culasse en aluminium, trois carburateurs Solex inversés, et une boite manuelle à quatre rapports dérivée de celle de la Mercedes 300, dont l’ensemble des vitesses sont synchronisées.
Mais la course à la puissance ne doit pas nuire à la fiabilité du bloc moteur, et pour maximiser les performances de la voiture, Rudolf Uhlenhaut impose un maître-mot dans le développement de la W194 : la légèreté. A cette fin, il met au point un châssis-treillis constitué de minuscules tubes soudés en triangle, offrant une grande rigidité pour un poids faible : à peine plus de 50kg ! Quant à la carrosserie, l’équipe allemande utilise un alliage d’aluminium et de magnésium, la ligne est signée par Friedrich Geiger qui réalise une carrosserie favorisant l’aérodynamique. Avec moins d’une tonne sur la balance, la Mercedes W194 rempli parfaitement le cahier des charges.
Ainsi, les phares se fondent dans les ailes avant, la ligne de la voiture toute en rondeur semble laisser s’écouler l’air sur elle. Le toit voit sa hauteur limitée, tout comme sa largeur bien inférieur à celle de la caisse pour opposer le moins de résistance à l’air, ce qui impose la mise au point de portes papillon pour permettre un accès suffisant à l’habitacle. Aussi, le pare-brise incliné aide aux performances aérodynamique de la voiture, qui affiche un Cx de seulement 0,25.
Développée très rapidement, cette voiture doit faire son baptême de la piste pour se confronter aux rivales d’alors. C’est chose faite avec les Mille Migla 1952, les deux 300SL engagées y sont remarquées tant par leur ligne que pour leurs résultats sportifs avec une deuxième et quatrième place au général. Quelques semaines plus tard, les 300SL confirment en occupant l’ensemble des places du podium à l’issue du Prix de Berne. C’est surtout aux 24 heures du Mans 1952 que les Mercedes 300SL brillent en occupant les deux premières places du général. Les voitures confirment leur bonne forme en terminant l’année 1952 sur un doublé lors de la Panamericana.
Pour l’année 1953, si Mercedes avait débuté le développement d’une 300SL encore plus puissante, cette évolution est stoppée afin de préserver des liquidités pour un nouveau programme plus sportif, la Formule 1 avec la Mercedes W196. Quant à la 300SL, celle-ci a tapé dans l’oeil d’un certain Max Hoffman qui, à force de persuasion, arrive à arracher des dirigeants de Mercedes le développement d’une version civile de la 300SL, donnant naissance à la 300SL W198 destinée au grand public fortuné (lire aussi : Mercedes 300SL W198).