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Someca : l’histoire de la marque

          Depuis 1934, le constructeur italien Fiat est présent en France initialement avec la SAFAF, transformée en SIMCA dès 1935, produisant des voitures sous licence Fiat en France pour échapper aux droits de douanes élevés sur les véhicules automobile. En Italie, Fiat produit également, parmi d’autres productions, des tracteurs agricoles dont quelques rares unités sont importées en France. Après la Seconde Guerre Mondiale, l’activité automobile de Simca repart, sa gamme de petites voitures est adaptée à la période, la marque à l’hirondelle engrange des bénéfices remployés pour accroitre son activité.

            En France, grâce au plan Marschall, les exploitations agricoles se modernisent, alors que la traction animale était alors la norme, beaucoup d’agriculteurs peuvent s’offrir leur premier tracteur dès la fin des années 1940. Le marché du tracteur agricole n’en est qu’à ses débuts, et Simca comprend rapidement l’enjeu sur ce segment, d’autant que la marque française pourra bénéficier de l’appui et de l’expérience de Fiat en la matière. En 1947, Simca fonde la SEVITA, une entité commerciale qui distribue pour la France les tracteurs à chenille FIAT et les tracteurs à roues STEYR.

SEVITA FIAT

                Mais SIMCA voit plus large et souhaite reproduire ce qui a été fait avec l’automobile : produire des tracteurs agricoles en France. Au tout début des années 1950, la Manufacture d’Armes de Paris (la MAP) est en grande difficulté, l’une de ses branches spécialisée dans la production de tracteurs agricoles intéresse alors Simca. La MAP, déclarée en faillite depuis le 02 juin 1950, continue son activité mais une augmentation de capital s’avère nécessaire en 1951, contraignant les propriétaires de la MAP à céder la division agricole le 11 novembre 1951 (1). Simca s’en porte acquéreur.

Pour assurer la continuité, le DR40 porte les deux marques MAP et SOMECA

                Avec la division agricole de la MAP, Simca développe une nouvelle entité nommée SOMECA (abréviation de SOciété de MECAnique de la Seine) qui est fondée en 1952. L’une des difficultés de la MAP était l’usinage des moteurs confié à la SNECMA qu’elle n’arrivait pas à payer, Simca règle la facture et se tourne rapidement vers sa maison-mère, FIAT, pour obtenir la fourniture de moteurs. En attendant la mise en œuvre de cette stratégie, SOMECA commercialise pendant les premiers mois de l’année 1952 le tracteur DR30 de la MAP, désormais dénommé MAP-SOMECA DR40. Rapidement, le moteur Diesel MAP est remplacé par le Diesel OM-FIAT type COD40 : ainsi naît le DA50. Cette fois, la marque MAP disparait, ne laissant plus que Someca.

            En 1953, Simca opère la fusion entre la SEVITA et SOMECA pour regrouper en une seule entité les activités de production et de commercialisation de tracteurs agricoles. En 1954, le DA50 L complète l’offre de Someca, il s’agit d’un DL 50 à l’empattement rallongé de 14cm, puis à partir de 1955, SEVITA-SOMECA commercialise le matériel agricole de PUZENAT. Déjà, SOMECA prépare sa nouvelle gamme de tracteurs agricoles, le SOM 20 apparait en 1956, il s’agit d’un petit tracteur, suivi en 1957 par le SOM 40, alors considéré comme l’un des plus gros tracteurs pour le marché européen.

             En 1958, SOMECA est regroupé dans une nouvelle entité nommée SIMCA INDUSTRIES pour devenir la branche agricole de ce nouveau constructeur qui regroupe également les activités poids lourds de SIMCA (issus de l’ancienne Ford SAF) ainsi que les constructeurs SAURER et UNIC. La gamme des SOM s’élargie en 1960 des SOM 25, SOM 30; en 1961 du SOM 55. La gamme est refondue en 1963, il faut désormais parler de SOM 271-272, SOM 411, SOM 511 et SOM 612.

                  En 1965, Fiat dévoile la série « 15 Diamante », une gamme de tracteurs qui met fin à l’exception française qu’était Someca, désormais, le constructeur français ne produira plus que des tracteurs Fiat sous licence. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce choix, tout d’abord, l’avènement d’un marché unique en Europe rend inutile des filiales nationales, c’est ainsi que Fiat à revendu Simca à Chrysler en 1963. Toutefois, l’attachement de l’agriculteur français pour des produits nationaux fait conserver la marque Someca qui bénéficie d’une très bonne image. Aussi, cette solution permet à Someca de se passer d’un bureau d’études, désormais, les tracteurs sont développés par Fiat qui rentabilise ses dépenses sur un nombre plus large de produits. La gamme 15 Diamante est composée entre 1965 et 1968 des Someca 215, 315, 415, 615 et 715.

SOMECA 250 (1)

               En 1968, c’est au tour de la série « Nastro d’Oro » d’être produite par Simca, la gamme s’article autour des 250, 300, 350, 400, 450, 550 et 850. Cette gamme voit apparaitre de gros tracteurs comme le Someca 1000 en 1971 et le 1300 à partir de 1974 qui font la réputation de la marque. Petit à petit, dans la communication de Someca, la marque Fiat devient de plus en plus omniprésente. Du logo SOMECA stylisé dans les quadrilatères « Fiat », on passe à Someca-Fiat puis, Fiat-Someca avec l’arrivée de la série 80 et sa cabine signée Pininfarina. Désormais, la marque Someca est relégué au second rang et on se contente d’apposer deux stickers sur le capot.

Fiat Someca 680

              Depuis 1983, Someca est intégré directement à la branche agricole de Fiat, FiatAgri. Cette dernière ayant fait sa renommé aux côtés de la marque SOMECA, cette dernière disparait définitivement en 1986 avec l’arrivée de la Série 90. Désormais, seul le logo Fiat est présent sur les tracteurs produits en France.

Fiatagri 130-90

Sources : 
- (1) : Cour de Cassation, Ch.Comm., 05 décembre 1966 (lien)