Avec les kit-car, le monde de l’automobile s’enrichi de nombreux artisans qui proposent avec plus ou moins de succès des versions atypiques de véhicules construit sur la base de voitures populaires sur lesquelles sont greffées des carrosseries en matière synthétique. La France n’échappe pas à cette mode, la société Marland décide de rhabiller la petite 2CV en roadster des années 1930, c’est la Jorgia…
Dans les années 1960, cette espèce atypique de voiture qu’on appelle les « kit-car » tend à se démocratiser, ce modèle a l’avantage de proposer la possibilité de monter sa propre voiture. Il faut dire qu’à cette époque, les voitures populaires ne manquaient pas à l’appel pour donner leur base, et leur modification était aisée, c’est ainsi que de nombreux artisans s’engouffrent dans la brèche. Cette mode du kit-car naît avec les buggy réalisées sur base Volkswagen, mais d’autres filons vont être exploités avec d’autres voitures, citons entre autre la Renault Muschang réalisée par un garagiste belge qui vise le tout terrain, ou le français BSH qui propose une voiture de sport à partir d’un moteur de Renault 8. Les possibilités sont donc quasiment infinies avec le kit-car.
En 1971, la société Issy Auto Plastique qui était spécialisée dans la production de buggy sur base de Volkswagen Coccinelle (et qui commercialisait aussi le kit-car BSH) change de nom pour devenir Marland, et en profite pour élargir son activité. Si le buggy proposé par Marland était une reprise d’un buggy anglais, la firme développe sa propre voiture en partant de la plus française des autos, la Citroën 2CV. Mais avec une mécanique frêle, il n’était pas question d’aller crapahuter sur les dunes…
Pour ce kit-car, Marland fait appel au styliste Charbonneaux qui reçoit la mission de concevoir une carrosserie de roadster à deux places pouvant habiller le châssis de la petite Citroën. Philippe Charbonneaux s’inspire des Georges Irat des années 1930 et livre un premier prototype nommé « Jorgia » en clin d’œil. La mode du néorétro était encore balbutiante, mais Marland accepte cette proposition et expose la voiture lors du salon de Paris d’octobre 1971.
En revanche, il faudra attendre de nombreux mois pour que la Jorgia entre en production, Marland n’était qu’une petite firme qui n’avait pas la surface financière des grands constructeurs pour lancer la production en amont de la présentation du modèle. La Jorgia pouvait s’acheter soit déjà prête contre 15.000 Francs, si la note paraissait trop élevée, le client pouvait choisir un moteur d’occasion contre un rabais de 5.000 Francs. Enfin, pour les clients les moins argentés, ou ceux qui se sentaient l’âme d’un constructeur, un kit à monter soi-même était disponible moyennant 4.400 Francs.
Originellement, la Marland Jorgia s’équipait de jantes à bâtons et recevait des petits feux ronds à l’arrières. En 1973, la Jorgia évolue et récupère les jantes de la Citroën 2Cv ainsi que ses optiques arrières. Courant 1974, Marland propose une troisième version de la Jorgia avec une calandre totalement chromée, ce modèle resta toutefois au stade de prototype et n’a pas été commercialisé. Notons que quelques Jorgia ont été construites en espace sous la marque J.L.C. En France, l’aventure de la Jorgia s’arrête en 1974, sans connaitre le nombre exacte d’exemplaires construits.