Au milieu des années 1950, l’entreprise américaine Willys est en mauvaise passe, les comptes sont dans le rouge malgré le rachat en 1953 par Kaiser. Dans la gamme de produits Willys, il a les quatre roues motrices Jeep, fin 1956 des petits camions Jeep Forward Control font leur apparition avec l’objectif de moderniser la gamme et repartir de l’avant…
Le constructeur américain Willys, fondé en 1908, obtient une notoriété mondiale à la fin de la seconde guerre mondiale en étant l’un des plus grands producteurs de la Jeep. Une fois la paix retrouvé, Willys présente une version civile de la Jeep, la CJ, et la Jeep Station-Wagon, un break tourné vers les familles. Puis, en 1947 apparaît la Jeep Truck, un utilitaire à quatre roues motrices qui n’évolua peu au cours de sa carrière, alors que la concurrence sur le segment des utilitaires allait devenir plus importante.
Au milieu des années 1950, la direction de Willys décide de lancer le développement d’une nouvelle gamme d’utilitaire afin de moderniser son offre, et se fixe l’objectif de réaliser un utilitaire polyvalent dont le ratio charge utile et poids à vide serait de 1. L’ingénieur indépendant Clifford Brooks Stevens, qui a déjà travaillé pour Willys, réalise un petit camion à cabine avancée fortement inspiré des Land Rover Forward Control sortis en 1962. La cabine, aux allures futuristes pour l’époque, reçoit sur sa face avant une calandre avec sept ouvertures cernée par deux optiques rondes, rappelant la Jeep de la seconde guerre mondiale. Ce véhicule est censé incarner le renouveau des quatre roues motrices chez Willys, et relancer la marque dont les comptes sont dans le rouge depuis des années.
Ainsi apparait la Willys Jeep FC-150 en décembre 1956, ce véhicule est réalisée sur la base d’une Jeep CJ-5, permettant de récupérer son châssis et de limiter les couts de développement. Trois versions sont disponibles, le châssis-cabine, le pick-up et un plateau ridelles. La Jeep FC-150 fut motorisée par le moteur Hurricane type F4 134, un quatre cylindres en ligne de 2.199cm3 alimenté par un carburateur simple corps qui délivre une puissance de 71Ch. Ce véhicule dispose de quelques qualités, outre sa faible longueur (3,746m), la Jeep FC-150 dispose de bonnes capacités de franchissement, lui permettant de convaincre une clientèle rurale.
Courant 1957, la Jeep FC-150 est rejointe par la FC-170 dont l’empattement est rallongé à 103,5 pouces (262,89cm) permettant d’emporter une tonne de marchandises. Le FC-170 est motorisé par le Super Hurricane, un six cylindres en ligne de 3.706cm3 proposant 105Ch. La transmission s’effectue avec une boite manuelle à quatre rapports, une boite automatique est disponible en option. En 1957 toujours, Willys annonce l’arrivée dans la gamme 1958 des FC-180 et FC-190 aux empattements rallongés, mais ceux-ci ne verront jamais le jour.
Le début de commercialisation de la gamme Jeep Forward Control débute avec de bons chiffres, 9.738 unités sont écoulées sur le millésime 1957. En 1958, afin d’améliorer la tenue de route de la Jeep FC-150 apparait la FC-150A avec des essieux plus large. Toutefois, les ventes sont en chute libre, et s’éloignent des ambitions initiales des dirigeants de Willys, par exemple, 1.546 unités sont commercialisées en 1959, 4.925 en 1960. Willys changea même de cible en proposant ses petits camions sur des marchés de niche, avec le concours d’entreprises spécialisées, c’est ainsi qu’on retrouve les FC-150 et FC-170 comme véhicule de services aéroportuaire, dépanneuses, camion de pompiers, et quelques variantes à destination de l’armée américaine.
Aussi, Willys a tenté de convertir la gamme Forward Control à un usage particulier, en 1958, l’entreprise américaine confie au carrossier allemand Reutter de réaliser un van de transport de passagers, mais cette étude resta sans suite sur le plan commercial. Au final, Willys laissa sa gamme Forward Control vivre jusqu’en 1965, on estime à 30.000 le nombre de véhicules produits de cette série, bien en dessous des objectifs visés. Toutefois, la gamme Jeep Forward Control fut produite sous licence en Espagne par Ebro et en Inde par Mahindra jusque dans les années 2000.