L’innocenti Regent, c’est l’histoire d’une voiture arrivée au mauvais moment sur un marché, entre crise pétrolière et nouvelles concurrentes qui dressent de nouveaux standards… C’est aussi l’histoire de prix trop élevés, et la fin de coopération entre les anglais de la British Motor Corporation et les italiens d’Innocenti…
Depuis 1959, l’italien Innocenti s’est allié au groupe anglais British Motor Corporation et produit depuis des voitures anglaises pour le marché italien, dont la célèbre Mini. Les Innocenti IM3, I4 et I5, dérivés des BMC 1100/1300, connaissent un petit succès, mais le segment des compactes voit apparaitre la Fiat 128 en 1969, puis l’Alfasud en 1972, dont les volumes de vente bien supérieurs poussent Innocenti à bénéficier de la nouvelle compacte du groupe anglais, l’Austin Allegro.
Si l’anglaise est dévoilée en 1972 pour une commercialisation effective en 1973, les italiens doivent attendre janvier 1974 pour disposer de ce modèle, renommé Innocenti Regent. Produite sous licence dans l’usine Innocenti en banlieue de Milan, la Regent est disponible dès son lancement en trois versions, 1300, 1300L et 1500L. Les deux premières reprennent le moteur de la Mini Cooper, un quatre cylindres en ligne de 1.275cm3 proposant 66Ch, la 1500 offre quant à elle le 1.489cm3 de l’Austin Maxi et ses 79Ch, et sa boite à cinq rapports.
Malheureusement, l’Innocenti Regent souffre rapidement d’une fiabilité aléatoire, d’une suspension à la mise au point laborieuse et divers conflits sociaux influent négativement sur la qualité de fabrication. Tant de points qui entachent l’image de la voiture, souffrant en plus de ses prix de vente trop élevés : la 1300 de base coûte 10% plus chère qu’une Alfasud 1200, et la 1500L s’affiche à un prix similaire d’une Alfa Romeo Giulia Super offrant 103Ch. Puis la Volkswagen Golf viendra poser de nouveaux standards en la matière… Il est facile d’imaginer les vendeurs Innocenti dépourvus d’argument pour vendre la Regent et faire avaler son prix aux potentiels intéressés.
L’échec est tel qu’Innocenti fait rapidement une croix sur la Regent et stoppe sa production en juin 1975, soit dix-huit mois après son lancement, et laisse la voiture au catalogue jusqu’à l’écoulement des stocks. Boudée par le public italien, les quelques milliers d’exemplaires sortis d’usine ne permettent pas de se souvenir du modèle, rapidement tombé dans l’oubli. Notons également que la Regent marque la fin de la coopération entre Innocenti et les anglais, le constructeur italien fut repris en 1976 par le consortium d’Etat GEPI, mené par un certain de Tomaso.