En 1963, le groupe Rootes propose une petite voiture économique sous la marque Hillman, la Imp qui semble être une réponse à la Mini du groupe BMC lancée quatre années auparavant. Si les voitures ont une destinée quelque peu similaire, la Mini fut un succès tandis que l’Imp fut davantage un échec…
Avec la crise du canal de Suez en 1956, le Royaume-Uni n’est plus alimenté en essence, les industriels prennent conscience qu’un marché pour des petites voitures économiques existe. BMC développe dès lors un projet qui donnera naissance à la Mini, le groupe Rootes de son côté, titulaire des marques Hillman, Singer, Sunbeam, Humber et Commer veut également sa voiture économique et décide de modifier le cahier des charges d’un projet en cours, désormais, le projet « Slug » doit donner naissance à une berline à la fois sportive et habitable, capable de transporter deux adultes et deux enfants à la vitesse de 100km/h. Et surtout, la consommation de son moteur doit être en dessous des cinq litres aux cent.
Une première ébauche du projet est réalisée avec le moteur situé à l’arrière, à l’instar d’autres voitures populaires de l’époque comme la Fiat 500 ou la BMW 700. La mécanique est également refroidie par air pour des raisons d’économies. Mais ce premier projet est retoqué, la direction du groupe Rootes ne souhaite pas d’une voiture populaire réalisée au rabais et donne de nouvelles directives : la voiture devra avoir une carrosserie plus séduite, un moteur plus sportif et offrir un véritable confort à ses occupants.
Le projet Slug retourne dans les locaux du bureau d’études du groupe Rootes et devient « Apex », l’ébauche de suspension prévue pour le projet initial est améliorée : la voiture définitive disposera de quatre roues indépendantes et d’amortisseurs hydrauliques à ressort hélicoïdaux. Pour la mécanique, le groupe Rootes opte pour le moteur FWMA de la société Coventry Climax, un bloc tout-alu choisi pour ses performances et sa fiabilité : cette mécanique utilisée sur les motopompes et sur les bateaux avait été adapté sur quelques voitures de compétition. Ce moteur est retravaillé par les équipes de Rootes pour le faire passer de 741cm3 à 875cm3 pour développer 42Ch. Ce dernier est incliné à 45° dans le compartiment moteur pour abaisser le point de gravité de l’auto et lui permettre une meilleure tenue de route.
Reste alors à donner un look à cette future voiture populaire, le styliste Bob Saward réalise une ligne proche d’une berline avec une malle de coffre détachée de l’habitacle, cette voiture, longue de 3,58 mètres, se positionne comme une rivale tant aux Mini qu’aux Ford Anglia. La voiture adopte une ligne de caisse basse, le dessin est fin et tendu, de larges surfaces vitrées permettent de faire entrer la lumière dans l’habitacle.
Les premiers modèles sont testés dans des conditions hostiles entre 1961 et 1963, en parallèle, le groupe Rootes prépare l’industrialisation de cette voiture. Avec l’impossibilité d’agrandir l’usine de Ryton, il est décider de mettre en construction d’une nouvelle usine, et pour bénéficier d’aides de l’Etat britannique, le groupe Rootes décide d’opter pour une installation en zone défavorisée. C’est en Ecosse, à quelques pas de Glasgow que cette nouvelle usine sera implantée.
Présentée le 3 mai 1963, cette nouvelle voiture prend la dénomination Hillman Imp, le modèle est encensé par la presse : 125km/h en vitesse de pointe, 715kg, le moteur Climax est encensé pour sa vivacité. La voiture dispose de qualités qui lui permettent de se distinguer de la Mini. Hélas, les ventes ne décollent pas, entre mai et décembre 1963, seulement 15.000 unités trouvent preneur… contre une prévision de 12.000 unités par mois. En 1964, 50.000 Hillman Imp sont écoulées. Pire encore, l’usine de Ryton en Ecosse, avec ses salariés non formés à l’automobile, les problèmes de fiabilité apparaissent rapidement, nuisent à l’image du modèle et aux finances du groupe quant à la prise en charge des modèles sous garantie.
Le groupe Rootes réagit rapidement et dévoile en 1965 l’Imp Mk.II, une version lancée pour rassurer la clientèle. En termes de changements, Hillman enlève l’ensemble des éléments manquant de fiabilité, ainsi disparaisent le starter automatique, l’accélérateur à dépression. La voiture est améliorée sur le plan du refroidissement avec une meilleure pompe à eau et un ventilateur plus large.
Toujours en 1965, pour dynamiser les ventes, un nouveau modèle à la finition plus luxueuse est lancé sous la marque Singer, la Chamois, équipé extérieurement d’une fausse calandre et d’un motif latéral peint. En France, cette Singer Chamois est commercialisée sous la marque Sunbeam, cette dernière étant plus connue dans l’hexagone. En 1966, la Imp Sport est commercialisée dans la gamme Sunbeam outre Manche. Notons également que le carrossier Zagato proposa un coupé de son cru à la fin de l’année 1964.
Hélas, le groupe Rootes, sous-capitalisé, est contraint de céder aux avances de l’américain Chrysler qui cherchait à cette époque à se lancer en Europe, à l’instar de GM et sa filiale Opel ou du groupe Ford avec ses filiales britannique et allemande. Dès 1964, Chrysler prend une participation au capital du groupe Rootes et tente d’insuffler une nouvelle dynamique à l’Imp. En 1967, une version break nommée Hillman Husky et sa variante fourgonnette Commer Imp Van sont lancées, ainsi que des versions sportives : Singer Chamois Sport et Sunbeam Imp Sport.
En 1967 toujours, la gamme de la IMP s’enrichie d’une version coupée nommée Hillamn Imp California, ou encore Singer Chamois California. Dénominations qui furent éphémère puisque dès le mois d’octobre 1967, le coupé IMP est commercialisé sous la seule dénomination Sunbeam Stiletto.
Malgré ces efforts, les ventes patinent. En 1968, les ventes globales du modèle demeurent à 40.000 unités, la clientèle est décontenancée par la gamme pléthorique offert sous diverses marques qui brouillent l’image globale. Pire, chaque modèle pris séparément n’assure pas les volumes suffisants pour atteindre la rentabilité. Chrysler décide de continuer l’aventure et de faire un grand nettoyage pour simplifier l’offre et réduire les coûts de production. En 1968, l’Imp Mk.III est lancée, elle se distingue par ses doubles optiques sur la face avant.
Ainsi, en avril 1970, la Singer Chamois disparaît entraînant avec elle la marque, le break Husky et l’Imp Van sont abandonnés dans les semaines qui suivent. En 1972, le coupé Stilett tire sa révérence, la gamme est alors réduite aux seules Hillman Imp et Sunbeam Imp Sport, elles demeurent jusqu’en 1976 avec de faibles volumes de ventes.