L’Alpine A610 est la dernière sportive de la marque dieppoise, lancée en 1991, elle dérive de la GTA. Hélas, Renault ne donne pas de moyens importants à Alpine pour cette nouvelle voiture, ce qui causera son échec avec moins d’un millier d’unités produites…
Au milieu des années 1980, Alpine dont la gamme se résumait à L’A310 évolue pour laisser place à la GTA, une GT qui allie performances sportives et luxe. Hélas, la sauce ne prend pas, la voiture est décriée par certains passionnés qui préféraient la performance au confort. Malgré tout, presque 6.500 unités sont écoulées jusqu’en 1991, mais c’est la moitié moins que L’A310. A la fin des années 1980, Alpine lance une étude en vue de remplacer la GTA au début des années 1990.
Hélas, Alpine à un budget très maigre, la filiale de Renault avait réalisé un coûteux développement pour tenter de commercialiser la GTA aux Etats-Unis, un projet qui avorta au stade final alors que les premiers exemplaires allaient être mis en production. Un échec que l’on doit à la revente d’AMC-Renault à Chrysler. Et hélas, Alpine perd beaucoup dans l’histoire, et tente de sauver les apparences en reprenant certains éléments sur la série « GTA mille miles ».
Mais quand vient l’heure de développer la remplaçante de la GTA, les finances d’Alpine se trouvent donc amputées, et c’est finalement un projet « au rabais « qui émerge. Les ingénieurs sont limités, les stylistes également. Ces derniers doivent reprendre le vitrage de la GTA pour la nouvelle voiture, ce qui limita les possibilités de design. Lors de la présentation de L’A610, beaucoup prennent le modèle pour une évolution de la GTA… Cependant, sur la carrosserie, les deux voitures n’ont rien en commun, l’une des signatures de L’A610 sont ses phares escamotables (dont les optiques ont été repris au projet de GTA US).
Aussi, l’aérodynamique de l’A310 à fait l’objet d’un important travail de recherche spour afficher un Cx de 0,30. Un chiffre qui n’a rien à envier à la GTA qui était déjà surprenante à ce niveau ! Hélas, cela ne se voit pas et le client potentiel reste finalement sur une idée de déjà vue, la voiture n’interpelle pas. Alors regardons la fiche technique de L’Alpine A610… Le moteur qui se trouve en position centrale arrière est le célèbre V6 PRV en version 3.0 litres, équipé d’un turbo. L’ensemble développe 250Cv et propose des performances que la presse spécialisée encense : 270km/h de vitesse maximale, 5.9 secondes pour le 0-100km/h, moins de 25 secondes pour le 1.000 mètres départ arrêté… Le freinage est en adéquation, quatre freins à disque ventilés et un ABS sont de série.
Les performances auraient pu être un peu meilleure si l’A610 n’avait pas 200kg de plus sur la balance comparé à son aînée, un poids en grande partie dû au renforcement de la structure de la voiture et équilibrer encore mieux les masses entre avant et arrière. Parlons de la structure de l’A610 justement, la voiture est construite autours d’un châssis poutre développé (là encore) pour la GTA US !
Le poids supplémentaire est également dû à l’équipement de la voiture, très complet, Alpine ne voulait pas rougir face à Porsche et adopte un intérieur en adéquation avec la clientèle visée : velours sur les fauteuils ou cuir en option, moquette épaisse, isolation travaillée, matériaux de bonne qualité. La voiture propose une climatisation et une radio Pioneer d’origine, avec commandes au volant ! Mais la finition Alpine laisse à désirer sur de nombreux points… Et hélas, proposée au prix de 400.000 Francs, la pilule a du mal à passer.
Bref, en dépit d’une belle présentation, l’Alpine A610 loupe le début de sa carrière, les ventes sont timides. Pour dynamiser la voiture, Alpine essaye de lancer une série limitée en 1992 pendant les Jeux Olympiques d’hivers sont Renault est partenaire, l’A610 « Olympique ». Autre échec… Durant l’été 1992, la série « Magny-Court » permet d’écouler 30 exemplaires…
En 1993, Alpine lance l’A610 Evo, le moteur passe à 280Cv, les performances augmentent en conséquence et la vitesse de pointe passe 290km/h, 5,5 secondes pour le 0-100km/h. Hélas, le mal était fait, cette version ne relança pas la carrière de la voiture, qui se meurt le 07 avril 1995 après 818 exemplaires. Bref, un échec commercial, qui décida sans doute Renault à abandonner cette marque pour lancer des modèles sous sa propre marque, comme la Renault Spider…