Dans une Amérique à la recherche d’économies d’essence après les crises pétrolières des années 1970, les constructeurs se détournent de leurs monumentales berlines pour se tenter aux automobiles à taille réduite. La Cadillac Cimaron fait partie de celles-là…
Au cours de l’année 1981, General Motors dévoile une nouvelle plate-forme, la J-Car, destinée à donner naissance à une voiture mondiale du groupe pour éviter les doublons selon les zones géographiques. La J-Car permet de donner naissance à une berline compacte de 4,4 mètres de long, avec un poids contenu autour des 1.200kg et consommer moins de 10 litres aux 100 kilomètres. Cette base donne ainsi naissance à l’Opel Ascona C pour l’Europe, à la Holden Camira pour l’Australie ou encore les Chevrolet Cavalier et Pontiac J-2000 pour le marché nord-américain.
Au sein de la galaxie de marques de General Motors, on retrouve Cadillac qui est spécialisé dans le haut de gamme, si la J-Car n’était pas destinée à connaitre une déclinaison Cadillac, les pontes de GM vont rapidement décider l’inverse. Après tout, la Seville lancée en 1975, qui était alors le plus petit modèle de la marque, connaissait un important succès, preuve que le public semblait prêt à abandonner les dimensions extravagantes des berlines d’antan. Aussi, le succès des compactes européennes en terres américaines (BMW Série 3, Audi Fox…) donne des idées à GM.
En réalité, c’est surtout l’application des normes antipollution qui prennent en compte la consommation de l’ensemble de la gamme d’un constructeur qui pousse General Motors à sortir une J-Car à la sauce Cadillac (d’ailleurs, Oldsmobile et Buick en feront de même). La Cadillac Cimarron est dévoilée fin 1981 et entre en production dès l’année suivante, il s’agit d’une Chevrolet Cavalier à peine retouchée, les faces avant et arrière sont revisitées pour reprendre les traits de la gamme Cadillac. Mais pour ne pas dénaturer la marque, la Cimarron n’est pas présentée comme Cadillac Cimarron, mais comme « Cimarron by Cadillac ». Après tout, cette recette avait fonctionné pour la Seville…
Pour répondre au standing de Cadillac, la Cimarron fait l’effort de se doter d’un habitacle recouvert de cuir et de bois précieux, mais pour le reste, c’est très light. Pour le moteur, la Cimarron doit de contenter d’un quatre cylindres en ligne de 1,8 litres proposant 87Ch, accolé à une boite manuelle à quatre rapports. Une boite automatique était tout de même disponible en option pour le client américain. Malgré son aspect roturier, la Cadillac Cimarron arrive à convaincre 25.968 clients, alors que les prévisions tablaient sur 75.000 unités.
Pour répondre aux premières critiques, la Cimarron by Cadillac voit sa puissance augmenter de 2Ch en 1983 avec l’arrivée d’un moteur de 2,0 litres de cylindrée, et une finition très luxueuse nommée « Oro » apparait. Mais l’effet de nouveauté est passé, seulement 19.294 Cimarron s’écoulent cette année là, ce ne fut guère mieux en 1984 avec 21.898 unités malgré l’intégration de la Cimarron au sein de la gamme Cadillac. En dépit d’un bon début, la Cimarron ne confirme pas, si bien que Cadillac lance un restylage de sa petite voiture.
La Cimarron restylée est dévoilée pour le millésime 1985, ses pare-chocs sont agrandis de telle sorte que la voiture fait désormais 4,52m de long, la face avant est redessinée pour coller encore plus à la gamme Cadillac, les feux arrières sont agrandis et dépassent sur les ailes. Puis pour faire taire les critiques sur la puissance, un V6 d’origine Chevrolet est désormais disponible, d’une cylindrée de 2,8 litres, il développe 131Ch. Enfin, l’habitacle est lui aussi revu notamment pour améliorer la finition. Mais rien n’y fait, la Cimarron voit encore ses ventes en recul, à 19.890 unités.
Malgré une franche remontée des ventes en 1986 avec 24.535 exemplaires, le nouveau directeur de Cadillac, John Grettenberger, condamne la voiture qu’il ne juge pas assez noble pour porter le blason Cadillac. La mort de la Cimarron se fit en douceur avec une politique commerciale qui fit chuter les ventes à 14.561 exemplaires en 1987. Pour le millésime 1988, les quatre cylindres en ligne s’effacent pour ne laisser que le seul V6, cette année là, 6.454 Cimarron trouvent preneur. Il est alors décidé de ne pas reconduire pour le modèle pour le millésime 1989.
En définitive, en sept années de commercialisation, ce sont 132 499 Cadillac Cimarron qui furent écoulées, un véritable échec commercial pour le cosntructeur américain. Le principal défaut de la Cimarron restait son prix, commercialisée 50% plus chère qu’une Chevrolet Cavalier pour un équipement qui ne justifiait pas un tel écart de prix. Seul point positif pour Cadillac, 75% des acquéreurs de Cimarron achetaient pour la première fois une Cadillac, mais difficile de savoir si cette clientèle est restée fidèle à la marque par la suite…