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Lancia Thema 8.32 (1986-1991)

             Lors de sa présentation en 1984, la Lancia Thema repositionne la marque italienne sur le créneau du haut de gamme; la base de cette voiture ayant été développée par un partenariat entre Fiat, lancia, Alfa Romeo et Saab. Côté mécanique, la Thema se dote de moteurs convenables pour la catégorie des routières, des quatre cylindres en ligne essence ou diesel, et le V6 PRV 2,8 de 150Ch ainsi que le V6 Alfa Roméo 3l de 175ch. Et pour ceux qui trouvaient qu’il lui manquait une motorisation prestigieuse, le groupe Fiat (propriétaire de Lancia) va lui octroyer un V8 Ferrari, la propulsant au sommet des berlines surpuissantes.

Lancia Thema 8.32

           Ce projet naît en 1985, les dirigeants du groupe Fiat veulent redorer l’image de Lancia, le projet d’installer un moteur Ferrari dans la Thema fait son chemin et convainc même Enzo Ferrari, non sans mal. Mais le développement de la voiture est difficile, le V8 Ferrari alors disponible est celui de la 328 GTB avec 270Ch. Trop puissant, inadapté à la Thema qui est une traction, ce moteur sera rapidement écarté au profit de celui de la Ferrari 308 GTB, qui équipe aussi la Mondial Quattrovalvole. A cette époque, le projet d’une transmission intégrale pour cette voiture est écarté après avoir été un temps envisagé.

            Mais le moteur de la 308 GTB est totalement remanié pour être intégré dans la Lancia Thema et s’adapter à la traction. La puissance passe ainsi de 240Ch à 215Ch, cette diminution de la puissance était une contrainte imposée par Ferrari afin de conserver son image, mais aussi une contrainte technique pour que le moteur soit adapté au poids de la berline. Quant à la boite de vitesses, Lancia remanie celle de la Thema Turbo IE pour laisser le moteur Ferrari prendre plus de 7.000 Tr/min.

          Finalement, la voiture est présentée en Avril 1986, si son apparition fait grand bruit du fait du moteur issu du constructeur au cheval cabré, la Thema brille par sa modestie, nulle part le nom de « Ferrari » n’apparaît sur la carrosserie de la voiture. Par ailleurs, sa dénomination est « Thema 8.3″2, 8 pour le nombre de cylindres, 32 pour le nombre de soupapes. Côté marketing, cette voiture aurait mérité mieux, mais Ferrari interdisait que son nom soit repris sur une voiture qui n’était pas de sa conception. Maigre lot de consolation, les clients de la Lancia 8.32 peuvent voir le nom « Ferrari » figurer sur le moteur une fois le capot ouvert.

Lancia Thema 8.32 - moteur (1)

               Avec cette nouvelle voiture, Lancia rentrait dans le club très fermé des berlines sportives, secteur dans lequel on retrouvait BMW ou encore Mercedes. Et d’autres constructeurs préparaient leurs armes tels Audi ou Renault. De quoi aller conquérir de bonne part de marché pensait-t-on … Mais entre la présentation et la livraison des premiers modèles, s’écoulent plusieurs mois. Une première série de 280 exemplaires est livrée au 15 Juin 1986 mais seulement pour le marché italien. La liste des clients à l’étranger s’allonge, ce qui provoque sans doute quelques désistements pour ce modèle face à la concurrence. D’ailleurs, la presse française n’essaiera ce modèle qu’en Juillet 1987 !

Lancia Thema 8.32 (4)

              Pourtant, Lancia avait présenté la Thema 8.32 dans un bel écrin : l’extérieur de la voiture avait été amélioré, en adoptant des jantes à cinq branches ressemblant à celles des Ferrari, un liseré de couleur jaune qui ceinture la caisse, un petit aileron rétractable sur la malle arrière, qui n’est pas là pour faire de la figuration puisqu’il permet à la voiture d’obtenir un meilleur appui à haute vitesse, une double sortie d’échappement et une calandre spécifique adoptant un écusson « 8.32 » à fond jaune rappelant les origines du moteur. Et côté nuancier, les teintes proposées étaient du rouge ou du noir, ou diverses teintes métallisées de couleur sombre : gris, vert, bleu.

            L’intérieur aussi reçoit un traitement remarquable, en adéquation avec le standing de la voiture. Cuir, Alcantara, ronce de Noyer sont omniprésents dans l’habitacle, et la planche de bord reçoit un équipement des plus complets pour le milieu des années 1980, le tout complété par diverses options : toit ouvrant électrique, climatisation, téléphone, télévision arrière … la Lancia Thema se transformait en un véritable palace roulant.

          Le moteur, parlons-en : moteur Ferrari, celui-ci nécessite un entretien tout particulier, et notamment en ce qui concerne la distribution qui doit être refaite tous les 20.000km, avec une dépose du moteur en prime. Mais le réseau Lancia n’était pas qualifié pour intervenir sur ce moteur, et rares étaient les concessions a accepter de réaliser l’entretien sur la Thema 8.32. Pour cela, le propriétaire était renvoyé vers le réseau Ferrari ou des spécialistes des moteurs de compétition, les tarifs des interventions avaient de quoi effrayer … D’ailleurs, beaucoup de Thema 8.32 auront un entretien négligé et réduit au strict minimum. Et malheureusement, sur la première version de la Thema 8.32, le moteur Ferrari fut peu exploitable : la suspension de la voiture privilégie le confort à la performance, et le système de freinage a fort à faire pour stopper la voiture ! Heureusement, le bruit du V8 Ferrari reste présent pour flatter les oreilles.

Lancia Thema 8.32 (8)

              Commercialisée 304.500 Francs en Novembre 1987, la voiture aura du mal à rencontrer son public, non pas en dépit du prix (moins élevé qu’une BMW M5), mais par les délais d’attentes longs et l’entretient couteux de cette voiture. Et si Lancia envisageait une production annuelle de 2.000 unités, jamais ces chiffres ne seront atteints, puisque seuls 2.370 exemplaires de la première série trouvent preneur de 1986 à 1989.

            Pire encore, avec la seconde phase de ce modèle, le prix passe désormais à 322.000 Francs puis augmentera sans cesse pour passer à 360.000 Francs et 450.000 Francs en 1991. A ce prix, les derniers clients sont découragés, d’autant plus que le passage à la seconde phase a apporté quelques inconvénients, outre le pot catalysé faisant perdre 10Ch à la voiture, l’adoption d’une suspension à gaz commandée électroniquement sera source de nombreux déboires. Seuls 1.152 véhicules de cette seconde phase seront vendus, avant que la voiture ne disparaisse des catalogues.