L’ASA 1000GT, un petit coupé sportif italien qui cache l’étude par Ferrari pour élargir sa gamme vers le bas. Rapidement reniée par son créateur, la voiture est toutefois commercialisée par un constructeur qui n’exista que pendant quelques années…
A la fin des années 1950, si Ferrari est déjà une marque reconnue dans l’univers des voitures sportives, les finances de la marque sont plombées par la dispendieuse « Scuderia Ferrari ». Pour son fondateur, Enzo Ferrari, la vente de voitures auprès du public doit permettre de financer la compétition automobile, mais les dépenses toujours plus grandes dans cet univers obligent le Comendatore à explorer de nouvelles voies pour apporter du cash à sa Scuderia. L’une d’elles est d’élargir la gamme Ferrari vers le bas pour toucher une clientèle plus grande, malgré l’amour d’Enzo pour les V12.
En 1958, Ferrari conçoit une mécanique de petite cylindrée, le « Tipo 854 », un quatre cylindres en ligne de 850cm3, réalisé en aluminium sur lequel se penchent Franco Rocchi et Luigi Bazzi pour lui faire développer 75Ch. Sur l’ordre d’Enzo Ferrari, ce moteur est monté dans une Fiat 1200 Coupé par Giotto Bizzarrini pour effectuer des tests routiers dès le début de l’année 1959. Ce moteur « 854 » est dévoilé à la presse en décembre 1959 mais sans plus d’informations, certains évoquent la possible vente de la licence à Fiat pour trouver de nouveaux revenus.
En interne, Ferrari était déjà passé à autre chose, le moteur 854 est modifié par Carlo Chiti pour atteindre la cylindrée de 1.032cm2 et une puissance de 91Ch, Bizzarrini avait reçu comme mission de concevoir un châssis tubulaire s’inspirant de celui des Ferrar i250, quant à la carrosserie, Ferrari fait appel au carrossier Bertone (lire aussi : Carrosserie Bertone). L’objectif est de concevoir une petite voiture capable de rivaliser avec les Alfa Romeo et autres Abarth dont le succès était grandissant, mais il n’est pas question de faire une voiture au rabais : si la puissance reste faible (pour une Ferrari), il faudra compenser avec un poids léger et une étude aérodynamique.
Chez Bertone, c’est le jeune Giugiaro qui a la charge d’habiller la petite Ferrari, il livre un dessin typiquement italien, avec des feux ronds, un arrière fuyant… Le premier prototype est assemblée en 1961 et achevé pour le salon de Turin de la même année, où la voiture y est officiellement présentée. Mais ce n’est pas sur le stand Ferrari que la voiture se trouve, c’est chez Bertone qu’il faut aller. Et aucun lien n’est fait avec Ferrari, la voiture n’affichant d’ailleurs qu’un drapeau comme logo. Entre temps, malgré l’état d’avancement du projet, Enzo Ferrari a tranché et décide de renier ce projet de peur d’écorner l’image de Ferrari et ses voitures à moteur V12. Celle qui était annoncée un temps que la Ferrari Dino 1000 voit son avenir s’assombrir.
Toutefois, Ferrari ne comptait pas abandonner l’investissement dans ce modèle, quasiment commercialisable, et se met en quête d’un repreneur. Se présente alors Niccolo de Nora, issu d’une riche famille d’industriels basée à Milan officiant dans l’électrochimie, qui arrive à faire plier son père sur une diversification du groupe familial vers l’automobile. La société ASA (pour Autocostruzioni Societa per Azioni) est fondée début 1962, elle acquiert les droits de la petite voiture dans la foulée, et met au point un système de production : ASA achète une voiture complète auprès de Ferrari et Bertone, le premier se chargeant de la production du châssis et de l’ensemble mécanique, Bertone d’habiller l’ensemble. L’activité d’ASA se limite à la commercialisation du coupé.
C’est en octobre 1962 que la marque ASA fait ses débuts après du grand public, en présentant la voiture, nommée 1000 GT, au salon de Turin sur son propre stand. La voiture a entre temps été modifiée, la face avant troque ses optiques sous bulle. Dans sa communication, ASA ne peut aucunement faire un lien avec Ferrari, d’ailleurs, la marque au cheval cabré n’apparait sur aucune pièce de cette ASA 1000 GT.
Les débuts de la marque sont toutefois plus lents qu’espérés, lors du salon de Genève de 1963, la production du coupé n’a pas encore commencé mais ASA dévoile une version Spyder de la 1000 GT. Cette voiture, encore réalisée par Bertone, se pare d’une carrosserie en fibre de verre. C’est seulement en 1964 que la première ASA 1000GT est produite, mais le rythme d’une voiture par semaine ne convient pas à ASA qui, après 7 unités produites, confie l’assemblage de la 100 GT à Ellena.
Aussi, l’ASA 1000 GT se vend très mal en raison de son prix prohibitif, mais aussi des premiers retours de clients peu convaincus par la voiture, et d’un délai de livraison très long. Pour tenter de sauver ASA, la version 411 GT est dévoilée en 1964, visant une clientèle sportive grâce à son moteur porté à 1.092cm3 pour une puissance de 104Ch, ou encore l’ASA RB, une version destinée à la compétition. Rien n’y fait, ASA interrompt son activité au cours de l’année 1967. La production totale, bien que jamais dévoilée, mais est faible, estimée à une centaine d’exemplaires d’ASA 1000 GT, 7 exemplaires livrés en Spyder, et 3 unités pour la 411GT, autant pour la RB.