Dans l’immédiat de l’après guerre, la France ne voit pas encore le bout des restrictions, et cela se ressent jusque dans les années 1950 dans l’industrie. Si du côté de l’automobile certains constructeurs sont prioritaires sur les matériaux, à l’instar de Renault qui sera le premier constructeur a devenir pleinement opérationnel avec sa 4CV, les autres doivent attendre avec pour la plupart des véhicules d’avant-guerre remanié. Dans ce paysage automobile terne, Panhard se distingue avec sa Dyna X au style très particulier et avec sa carrosserie an aluminium. Et en 1951, sur cette base est réalisé un petit roadster, la Dyna Junior. L’automobile française retrouverait-elle des couleurs ?
Le projet de la Dyna Junior nait avec la volonté de Panhard de s’installer aux Etats-Unis, dès 1950, Fergus Motor qui importe la marque française à New York suggère à la firme de réaliser un petit roadster dont la cible serait les étudiants américains. Déjà, sur les campus, la mode est aux petits roadsters anglais, alors pourquoi ne pas proposer un produit identique ? D’autant plus que le moteur Panhard était en France réputé pour être repris en compétition par de nombreux artisans de barquettes. Construire un roadster Panhard est loin d’être une idée saugrenue, et la demande d’un tel véhicule pourrait exister en France.
Panhard se laisse donc facilement convaincre par Fergus Motors, et le lancement des études de ce véhicule se fait dans la foulée. Cependant, le petit bureau d’étude de Panhard, déjà en train de plancher sur la future Dyna Z, ne peut mettre toutes ses forces sur ce roadster, c’est ainsi que les ingénieurs piochent dans la banque de pièce de l’entreprise. La base sera celle de la Dyna X, ainsi que le moteur.
Le dessin de la carrosserie est confié à Di Rosa, un carrossier italien ayant posé ses bagages à La Garenne Colombes et effectuant des travaux autours des autocars dont il est remarqué à de nombreuses reprises . Travaillant déjà sur les utilitaires Panhard, c’est en toute logique que le constructeur français lui sous-traite la réalisation de la carrosserie du spider.
Fin Mai 1951, le premier prototype du Dyna Junior est proposé à Jean Panhard, lequel effectue ses essais de ce véhicule et en conclue qu’une soixantaine de modifications doivent être apporté au véhicule pour le rendre viable. Parmi ces modifications, l’aluminium devra être troqué contre de l’acier, plus simple à former et moins cher a utiliser.
Les photos de ce prototype sont envoyées à Fergus Motors dans la foulée, lequel répond début juin avec une proposition de restyling. En clair, la carrosserie ne lui revient pas du tout. D’ailleurs, sans doute ce prototype l’a-t-il déconcerté, car fin Juin 1951, il abandonne purement et simplement ce projet.
Côté français, la déception est de mise, le principal marché de la Dyna Junior venait de se refermer. Paul Panhard décide néanmoins de poursuivre les études de ce roadster pour l’adapter au marché français, et de prendre en considération des remarques sur la carrosserie faite par l’importateur américain. D’ailleurs, Panhard veut que ce véhicule soit présent pour le salon de Paris, en Octobre 1951, et le bureau d’étude met les bouchés doubles pour que tout soit prêt. D’ailleurs, on confie au designer maison, Albert Lemaitre, le soin de dessiner la nouvelle carrosserie et de réaliser une présérie de 10 véhicules.
Cette carrosserie est des plus rustiques, doté d’un pare-brise rabattable et d’une seule portière. Compacte, basse, et toute en rondeur, la silhouette du Dyna Junior est inédite, ce qui lui confère une certaine personnalité. Présentée sur le stand Panhard au Salon de Paris, un petit prospectus fait à la hâte indique les performances et retrace les solutions technique de cette voiture. Equipée d’un flat-twin de 475cm3 développant 42Cv dopé par un carburateur double corps de marque Zénith, il permet à la voiture d’atteindre 125km/h en vitesse maximale. Et pour séduire les jeunes, la Dyna Junior s’offre pour un prix serré ! Le succès est au rendez-vous pour cette voiture, et déjà les commandes affluent sur le stand Panhard.
Les premiers mois de production de la Dyna Junior seront confiés à l’atelier de Di Rosa, qui assemblait déjà les cabriolets Dyna. Mais plus artisan qu’industriel, et malgré l’aide que Panhard lui apporte, la production ne permet pas de répondre à la demande, et plus de 500 commandes sont à honorer. Panhard rapatrie sa production dans son usine d’Orléans en 1953, cette décision entrainera Di Rosa a fermer ses portes. Dès lors, la production de la voiture démarre pleinement.
Cette année là, les Dyna Junior 5CV et 5CV Sprint apparaissent avec leur moteur porté à 851cm3, ainsi que la version cabriolet qui se reconnait par ses glaces latérales descendantes. D’ailleurs, en Mars 1953, le châssis est amélioré pour supporter l’installation d’une banquette à trois places !
En 1954, la calandre à obus héritée de la Dyna X est remplacée par une simple entrée d’air ovale ornée d’une lame en aluminium. Sur le pare-chocs, les butoirs montent désormais plus haut, et dans l’habitacle, le tableau de bord s’équipe d’un second cadran. Cette année, la version 4CV est stoppée, l’année suivante, les roadsters suivent le même sort pour ne laisser que le cabriolet en concession. D’ailleurs, on équipe en option la Dyna Junior d’un surpresseur MAG qui permet de porter la puissance à 60Ch pour une vitesse de pointe se situant aux alentours des 145km/h.
En 1955, Citroën devient propriétaire de Panhard, et ne croyant pas en la Dyna Junior, la décision d’arrêter sa production est prise en 1956 après 4.206 exemplaires réalisés. Pourtant, dans les projets de Panhard, une remplaçante était esquissée, mais elle ne verra jamais le jour.