Pour ne pas dénaturer sa marque dont il ne voulait que des voitures à moteur V12, Enzo Ferrari développe une autre marque pour aller chercher une clientèle moins élitiste, et ainsi, assurer un volume de production. Tel fut le rôle attribué à Dino, une marque qui naît à la fin des années 1960, mais dont la naissance fut préparée par de nombreux prototypes, dont la 206 P Berlinetta Speciale de 1965…
La décennie des années 1960 commence mal pour Ferrari, l’entreprise est exposée à de nombreux problèmes de trésorerie et a besoin de l’aide d’un grand constructeur. Ford un temps envisagé, c’est finalement Fiat qui rafle la mise, mais Ferrari doit néanmoins envisager d’élargir sa clientèle et ne pas se limiter aux moteurs V12. A cette époque, le projet d’une mécanique V6 était dans les cartons, Fiat apporte le financement nécessaire à son développement et s’en sert dès 1966 sur la Fiat Dino (lire aussi : Fiat Dino).
De son côté, Ferrari use ce moteur en compétition sur des barquettes répondant à l’appellation Dino 166P puis Dino 206SP qui s’alignent sur de nombreuses épreuves d’endurance. Mais Enzo Ferrari voit plus loin, les Dino ne doivent se contenter de rouler sur pistes, il faut une offre pour le grand public, c’est ainsi qu’il demanda au carrossier Pininfarina de réaliser un prototype d’une GT capable de rouler sur route ouverte en partant du châssis de la Dino 206SP.
Pinfinarina met le styliste Leonardo Fioravanti sur le projet, celui-ci donne naissance à une voiture d’avant garde avec une carrosserie toute en courbes avec de nombreux éléments qui sortent de l’ordinaire, comme la face avant qui intègre une bulle en plexiglas recouvrant les quatre optiques avant. A l’arrière, c’est la lunette concave qui intrigue. Dévoilé lors du salon de Paris 1965, la Dino 206 P Berlinetta Speciale surprend le public.
Sous cette ligne sa cache , outre un châssis de compétition, un moteur V6 placé en position centrale arrière et longitudinale. Cette disposition n’était pas dans le cœur d’Enzo Ferrair qu’il jugeait dangereuse pour ses clients, mais nous étions face à un prototype, certaines libertés pouvaient être permises. Le moteur affichait une cylindrée de 1.987cm3 ainsi qu’une puissance de 218Cv, à noter l’alimentation qui était effectuée par une injection Lucas. Une boite à cinq rapports complétait cet ensemble mécanique, dont le mouvement était transmis directement aux roues arrières.
Ce prototype aura une descendance directe puisque ses formes servent de base de travail à la première Dino de route, deux autres prototypes sont dévoilés en 1966 et 1967, leur rôle est d’affiner la ligne avant la mise en production de la voiture définitive en 1968 sous la dénomination Dino 206GT (lire aussi : Dino 206 GT). Quant au prototype 206 P Berlinetta Speciale, Sergio Pininfarina l’offre en 1967 à l’Automobile Club de l’Ouest avec l’accord d’Enzo Ferrari pour qu’il figure dans sa collection permanente, avant sa revente en 2017…