En 1975, Volvo prend le contrôle du département automobile du néerlandais DAF, quelle mouche a donc pu piquer le constructeur suédois pour absorber un producteur de petites voitures ? La raison est simple, la reprise de DAF permet à Volvo d’élargir sa gamme vers le bas, l’année suivante, la présentation de la Volvo 343 permet d’atteindre cet objectif et donne naissance à une série de Volvo produite au delà du million d’unités…
Le mariage entre Volvo et Daf peut paraître surprenant aux premiers abords, le suédois produit des grosses voitures dont le confort et la fiabilité sont légendaires, tandis que Daf est un spécialiste des petites voitures dont la spécificité est ne disposer d’un « variateur » en lieu et place d’une boite de vitesses. Mais au-delà de cet aspect, il s’agit avant tout d’un mariage de raison puisque Daf va permettre à Volvo d’élargir sa gamme à moindre frais, et surtout, de disposer d’une usine flambant neuve aux Pays-Bas. Les premières décisions ne se font pas attendre, la Daf 66 (lire aussi : Daf 66) est rapidement rebadgée en Volvo 66.
En reprenant Daf, Volvo hérite également d’un projet de petite voiture à trois portes proche de l’industrialisation et destinée à remplacer la 66, voilà certainement ce qui a motivé la reprise de Daf. Cette voiture, c’est la Volvo 343 dévoilée en 1976 et vient compléter l’offre de Volvo en s’insérant au-dessus de la 66 et en dessous des 240/260, véritables produits de la maison suédoise. Faute de pouvoir développer de nouvelles mécaniques pour cette voiture, Volvo fait perdurer le partenariat qui liait Daf à Renault pour loger le Cléon-Fonte dans sa version 1,4 litres et 70Ch sous le capot de la Volvo 343, tandis que côté transmission, Volvo recycle le fameux Variomatic de Daf…
Si la 343 n’a pas d’origine suédoise et peut laisser perplexe le client traditionnel de Volvo, la voiture est quand même bien conçue : berline deux portes avec hayon, relativement confortable, et un design très années 1970. Volvo apporta certainement quelques modifications de dernière minutes pour renforcer la caisse afin qu’elle réponde aux normes de sécurité de la maison, et quelques petits détails pour l’agrément de conduite.
Le succès de la voiture n’est pas immédiat, 5.206 Volvo 343 sont écoulées en 1976, puis 29.902 l’année suivante. Bénéficiant de plusieurs atouts et notamment de l’image Volvo, les chiffres de vente de la voiture montent rapidement passant à 37.700 unités en 1977. C’est aux Pays-Bas où la Volvo 343 marche le plus, la voiture y bénéficie de l’image d’une voiture nationale ! Avec ces bons chiffres, Volvo décide d’aider la 343 en opérant quelques modifications sur le millésime 1978 : rétroviseurs en plastique noir, clignotant sur les ailes avant, tableau de bord noir, nouveaux fauteuils à appuie-tête ajourés, et enfin, une boite manuelle peut être choisie en lieu et place du Variomatic. Les ventes passent à 67.969 exemplaires cette année là.
L’année suivante, Volvo présente la 345 (version cinq portes de la 343) au cours de l’été, la voiture présente un bon degré de finition en proposant vitres teintées et peinture métallisée de série avec la version GL. En 1980, les 343 et 345 sont désormais disponibles avec un moteur Volvo, un quatre cylindres en ligne de 2,0 litres pour 95Ch et reconnaissables à leur badge « S », tandis que la carrosserie troque ses pare-chocs en métal pour des pare-chocs en plastique.
Pour le millésime 1981, Volvo opère un important restylage qui voit la face avant des 343 et 345 redessinée, permettant à la voiture de s’offrir une toute nouvelle jeunesse en devenant plus élégante. Et au-delà des améliorations esthétique, ce changement permet à la petite Volvo d’obtenir un meilleur coefficient de pénétration dans l’air. Puis, en 1982, la 343 L apparaît avec un équipement réduit au minimum pour offrir un prix réduit, l’ensemble de ces efforts permet à la gamme 340 de dépasser les 90.000 unités vendues annuellement à partir de 1982.
L’année 1982 voit également apparaître une Volvo 345 Van aux vitres arrières opaques, ainsi qu’un changement de dénomination dans la gamme : Les 343 et 345 deviennent 340, tandis qu’apparaît la Volvo 360, un modèle haut de gamme proposé uniquement avec le 2,0 litres Volvo. Cette 360 connait une déclinaison sportive lancée en 1983 avec le 2,0 litres Volvo porté à 115Ch, le confort est amélioré avec des vitres électriques ou encore le verrouillage centralisé, une version qui se distingue par ses vitres avant d’un seul tenant ou ses antibrouillards sur la face avant. 99.115 unités sont vendues en 1983, preuve de la bonne forme du modèle.
Le millésime 1984 est particulièrement bon pour les 340/360 puisque 109.159 unités sont vendues, la gamme s’enrichit en toute fin d’année d’une 340 Diesel équipée du moteur Renault type F8M de 1,6 litres pour 55Ch. 1985 voit apparaître une nouvelle motorisation 1,7 litres essence, toujours issue de chez Renault (type F2N), la boite manuelle à cinq rapport est montée de série sur la plupart des modèles, les ventes se maintiennent cette année encore au-delà des 100.000 unités.
Pour le millésime 1986, Volvo offre une nouveau restylage à son modèle pour fêter ces dix ans de commercialisation. La face avant est une nouvelle fois modifiée avec une nouvelle calandre et pare-chocs à clignotants intégrés, parfois peints de la couleur de la carrosserie selon les versions. Le hayon se voit équipé d’une lunette plus grande, et modifications ses suspensions et du freinage. Des améliorations bénéfiques pour la voiture qui signe en 1986 et 1987 ses meilleures années avec respectivement, 112.077 et 117.201 unités vendues.
Mais après 1987, Volvo décida de laisser mourir les 340/360 de leur belle mort, laissant le modèle vivre sans amélioration notable si ce n’est une multitude de séries spéciales destinées à dynamiser le modèle. Les ventes chutent inexorablement, la 360 est arrêtée fin 1989, puis la gamme sensiblement réduite pour ne laisser, en 1991, que la seule Volvo 340 à cinq portes, dont la production s’arrête le 31 mars 1991, après 1.139.689 exemplaires produits, toutes versions confondues. Beau score pour Volvo !