A la fin de la Première Guerre Mondiale, certains petits fabricants sortent du conflit avec des idées et de l’argent, un nombre certain va se lancer dans la construction automobile. Il est vrai qu’à l’issue de l’armistice, la période est propice aux déplacements et l’automobile va avoir son rôle à jouer. Le temps que l’industrie se remette en ordre de marche, les petits artisans peuvent tirer leur épingle du jeu d’autant que l’heure est aux petites voitures, les fameux cyclecars apparus au tout début des années 1910 ressortent. En 1919, Messieurs Lebeau et Cordier s’associent pour produire leur voiture, nommée « Eclair » et la présenter au salon de l’automobile de Paris la même année(1). Le constructeur a son siège à Courbevoie, au 30 rue Louis Blanc.
Pour concevoir l’Eclair, Lebeau et Cordier partent du moteur Anzani 7/9HP, un bicylindre en V à soupapes latérales, refroidissement par air, dont la conception remontait à 1912 , qui leur semble idéal pour réaliser une petite automobile. Pour le châssis, ils créent un frêle cadre trapézoïdale (quasi triangulaire) réalisé avec des barres de métal en U. Le moteur prend place à l’avant, sur la partie la plus étroite du châssis, il transmet le mouvement aux roues arrière par un arbre à cardans et boite-pont. Le constructeur de l’Eclair annonce une vitesse de pointe à 80km/h, une donnée peut-être excessive pour son époque. On note aussi que, malgré le refroidissement par air, celui-ci est complété par deux petites hélices qui prennent place dans la calandre, il s’agit principalement de faciliter le refroidissement lorsque la voiture tourne au ralenti.
Côté carrosserie, l’Eclair s’habillait d’une carrosserie biplace torpédo en contreplaqué verni, elle était livrée avec pare-brise et capote rabattables, ainsi qu’un klaxon, le tout pour 175kg à vide (moins qu’un side-car !) et 4.500 francs. L’Eclair pouvait aussi revêtir une carrosserie de camionnette pour 4.750 francs. En option, l’acheteur pouvait contre 200 francs équiper sa voiture d’un éclairage électrique par dynamo, et contre 250 francs, une carrosserie en acajou et capot en aluminium. Comme beaucoup, les difficultés d’approvisionnement en matière premières après la guerre ne permet pas à Lebeau et Cordier de maintenir le prix de l’Eclair. En 1921, la dépression économique fait connaitre des difficultés à Lebeau et Cordier, Cordier se rapproche d’un ancien camarade de régiment, Robert Sénéchal, devenu entre temps marchand de surplus militaires. L’entreprise est au bord du dépôt du bilan, Sénéchal l’aide à liquider l’affaire, il en reprend les actifs, notamment ses ateliers et son personnel, dans une nouvelle entité baptisée « Etablissements Robert Sénéchal & Compagnie », le début d’une nouvelle aventure industrielle…
Sources (1) Le Petit Journal du 18 octobre 1919, page 3.