Dans les années 1950, Citroën inaugure une nouvelle cabine sur sa gamme utilitaire, présentée en 1953 sur le Type 55. Ce dernier prenait alors la relève du Type 45 dévoilé avant-guerre et devait permettre à Citroën de tenir tête aux cadors français du poids-lourds, Berliet et Renault en tête…
Présenté en 1953, le camion Citroën Type 55 est le descendant du Type 45 apparu en 1934, il était alors le plus gros utilitaire proposé par Citroën et permettait de compléter une gamme qui partait des petits 500kg de charge utile. Leur production, stoppée pendant la seconde guerre mondiale, reprend en 1945 mais ce camion s’avère rapidement obsolète. Néanmoins, les besoins en utilitaires à cette époque permettent au Type 45 de se vendre jusqu’en 1954.
Toutefois, face à la concurrence de Berliet ou de Renault, Citroën fut mené à rapidement moderniser son plus gros utilitaire, ainsi, au début des années 1950, est lancé un projet visant à renouveler l’offre Citroën, et pour limiter les coûts, il est décidé de faire du neuf avec de l’ancien. En bref, sur le châssis du Type 45, on greffe une cabine à la carrosserie moderne, on augmente la charge utile. Voilà ce qui permet de présenter le Type 55 en 1953.
La principale modification porte donc sur la cabine, du Type 45 et sa carrosserie très typée années 1930, le Type 55 remet le camion Citroën dans son époque avec une cabine toute en courbes, presque élégante, avec un pare-brise en deux parties. Cette cabine est montée sur trois blocs de caoutchouc (appelé système Tri-Flex) qui permettent de rendre indépendante la cabine du châssis, amoindrir les vibrations et le bruit perçus par les occupants. Confort et ligne moderne permettent au camion de se démarquer de ses concurrents. Notons aussi que cette cabine, dite Levallois en référence à son lieu de production, est dupliquée cette même année sur le U23 pour harmoniser la gamme.
En dehors de cette cabine, les nouveautés sont quasi inexistantes car le Type 55 n’est, en fait, qu’un Type 45 modernisé. Côté moteur, un six cylindres essence de 4,58 litres développant 73Ch était disponible, ainsi qu’un six cylindres Diesel de 5,18 litres pour 86Ch. A partir de 1955, pour répondre à la demande de la clientèle en quête de versions plus puissantes, d’autres motorisations viennent compléter la gamme : six cylindres essence de 5,183 litres pour 90Ch et un diesel de la même cylindrée à 93Ch (ces nouvelles mécaniques donnent naissance au Type 60).
Contrairement au Type 23 proposé à partir de 1958 en version cabine semi-avancée (surnommée nez de cochon), le Type 55 et ses mécaniques six cylindres ne permettent pas la création d’une telle version. Heuliez, sur demande de Citroën réalise toute une gamme de camion à cabine avancée pour contrer Renault et son Galion qui s’avère plus maniable en ville. Heuliez travailla principalement sur le Type 23 mais proposa également le Type 55 avec sa cabine avancée, avec peu de succès comparé à son petit frère.
Néanmoins, convaincre les professionnels travaillant en milieu urbain permettrait d’obtenir des ventes importantes, Citroën demande donc à divers carrossiers, parmi lesquels Currus, Gruau et Heuliez de concevoir une nouvelle cabine pour son camion Type 55. C’est finalement Heuliez qui sort gagnant avec sa cabine semi-avancée aux lignes modernes et au pare-brise panoramique. Proposée à partir de 1962, cette nouvelle cabine permet de donner un second souffle au Type 55, qui voit également sa charge utile passer de 5,5 à 6 tonnes.
Le Citroën Type 55 fut finalement commercialisée jusqu’en 1967, année où le Belphégor prend sa succession. Le Type 55 a, au cours de sa carrière, intégré moult flotte d’entreprise, des pompiers, a servi de camion de base pour l’armée française. Certains ont été transformés en quatre roues motrices, qui a servi de base au Citroën FOM destiné à l’armée française. Le Type 55 a également une base de travail pour divers carrossiers, dont certains furent habillés pour la caravane du Tour de France…