Une fois la seconde guerre mondiale appartenant au passé, la France métropolitaine se reconstruit tandis que la souveraineté française est défendue dans l’empire colonial. Si l’armée usa pendant les années 1950 de véhicules américains, il vient l’heure du remplacement au début des années 1960, le choix se porta sur le Citroën FOM…
En 1945, la France est encore un empire vaste empire colonial, à la Métropole se rajoute une grande partie de l’Afrique occidentale, Madagascar et l’Indochine. Pour assurer le contrôle de ces immenses territoires, l’armée française est mise à contribution aux travers de forces de souveraineté qui hérite, dans un premier temps, de matériels principalement issus des surplus américains, Dodge et GMC en tête. Mais avec des conditions d’utilisation parfois très difficiles, le remplacement de ce matériel est pleinement envisagé dès la fin des années 1950…
Afin de mouvoir les troupes françaises tant dans le de désert africain que dans la jungle de l’Indochine, il est passé en revue l’offre des constructeurs nationaux, mais davantage destinée à la Métropole, peu de véhicules conviennent. Il y a bien le Citroën Type 55, déjà en dotation dans les armées, qui bénéficie d’une conception simple et jouit d’une très bonne fiabilité, mais son utilisation parait peu évidente hors les zones urbanisées. Il fut décidé de partir de cette base pour réaliser un véhicule capable de remplir toutes les missions possibles au sein de l’Empire colonial.
Le cahier des charges est de réaliser un véhicule simple, capable d’être réparé avec les moyens du bord en cas de soucis sans attendre l’intervention d’une assistance, et capable de franchir les obstacles. Mais aussi, il faudra au futur véhicule la capacité de fonctionner tant face au désert du Sahara et ses 50 degrés, que dans la foret tropicale et son fort taux d’humidité. Dès 1957, Citroën lance les études d’un tel camion, la mécanique du Type 55 est reprise et un châssis spécifique, dérivé du 55, est réalisé.
Pour disposer de quatre roues motrices, Citroën fait appel à l’entreprise Herwaythorn qui modifie déjà les Type 23 et 55 à destination des entreprises de Travaux Publics et aux administrations (pompiers, ponts et chaussées…). De cette collaboration émerge un premier châssis en 1959, dont Herwaythorn fourni les ponts et la boite de transfert. Nommé « Transocéanic », ce châssis suit d’intenses essais pour valider les solutions techniques, il peut entre autre franchir des gués de 80cm. Aussi, la cabine fut rapidement placée le plus en arrière possible pour tenter de protéger l’équipage contre les mines.
Au final, le Citroën Type 46 « FOM » (pour Force Outre Mer) apparait en 1962 et fut commandé par l’armée française. Ce camion reprend le moteur essence du Type 55 et ses 97Ch, profondément modifié pour lutter contre le sable : filtrage de l’air par bien d’huile, préfiltre cyclone… Le FOM bénéficie d’une boite à cinq rapports provenant de l’équipementier Fuller, ou encore, plus rare pour l’époque, d’une direction assistée à air comprimé. Le Type 46 FOM peut ainsi rouler jusqu’à 70km/h grand maximum, il dispose d’une autonomie de 600km pouvant être porté à 1.100km par l’ajout de réservoir additionnels.
Proposée en deux versions, Type 46 F ou Type 46 FT (qui reçoit un Treuil Sinpar), ce camion reçoit une caisse arrière réalisée totalement en métal réalisée par le carrossier Genève, abandonnant le bois qui s’avère trop fragile. Proposé avec quatre roues, le Type 46 FOM autorise une charge utile de quatre tonnes, pouvant être portée à 5 tonnes avec un train arrière à roues jumelées, version destinée au territoire Sénégalais. Si le Citroën FOM devient rapidement une référence en matière de camion tactique, la décolonisation fait perdre les marchés militaires dès 1964…
Malgré le fait d’avoir été étudié pour d’éventuelles utilisations civiles, et notamment la prospection pétrolière, l’un des rares utilisateurs fut l’aviation civile sur quelques aéroports français. Le Citroën Type 46 FOM tenta aussi de s’exporter, sa plus grande chance fut l’Arabie Saoudite qui le testa quelques temps courant 1966, sans donner suite (sans compter les anciennes colonies française qui l’utilisent). En France, au sein des armées, le FOM aura de dignes successeurs réalisés par le constructeur ACMAT…