Une voiture récente sur un site(/blog?) de voitures anciennes, voilà quelque chose d’étonnant, la ligne éditoriale de ce site serait-elle en train de changer ? Réponse négative, car si je suis avant tout un passionné de voitures anciennes, j’aime aussi m’arrêter sur des modèles récents qui valent le détour par leur exclusivité, leur rareté. Tel est le cas de cette voiture, une Chevrolet SSR, produite entre 2003 et 2006 à seulement 24.150 exemplaires. Rencontre…
Il est parfois des rencontres imprévues et totalement improbables comme croiser en France, garée dans la rue, une Chevrolet SSR. Interpelé par les formes et la couleur excentrique de cette voiture, je décide de m’arrêter la voir de plus près pour faire quelques photos et la regarder plus en détail. Autours, les passants sont soit indifférents à la chose automobile et ne prêtent pas attention à cette voiture, tandis que d’autres s’arrêtent quelques instants, regardent d’un œil curieux et repartent. La Chevrolet SSR est une voiture que je connaissais déjà avant cette rencontre, à vrai dire, mes premiers souvenirs remontent à l’époque où j’avais une petite dizaine d’années, devant « Automoto » un dimanche matin sur TF1, quand un journaliste était parti aux Etats-Unis faire un essai de cette étrangeté. A l’époque, si j’avais trouvé cette voiture originale, je l’avais surtout trouvée laide et totalement inutile : « que peut-on faire avec un pick-up tuning ? » m’étais-je demandé… Le client américain a sans doute été de cet avis au vu du faible succès rencontré par cette voiture.
Aujourd’hui, toujours intéressé par l’automobile, je décide de faire un arrêt sur cette voiture même si mon avis n’a guère changé sur la SSR. Toutefois, mon jugement s’est quelque peu adouci, la ligne générale de la voiture n’est pas si désagréable au final, bien que quelques traits hasardeux gâchent l’ensemble. Sous certains angles, la voiture parait même sympathique, sa face avant me rappelle un peu la 2CV avec la forme du capot et des ailes avants; mais mon regard revient constamment vers les deux fautes de goût à mes yeux : le pavillon de la voiture est bien trop haut, et l’aile avant tronquée sur sa partie arrière. Une autre chose me surprend, ce sont les dimensions de la voiture, j’avais toujours cru la Chevrolet SSR aux dimensions européennes, je m’étais bien fourvoyé ! La voiture est une véritable américaine : longue, large et haute !
Mais ne critiquons pas plus ce modèle, qu’il faut aussi replacer dans son époque : le début des années 2000 fut marqué par le style néo-rétro, l’Europe avec la Volkswagen New Beetle et la Mini par BMW. Les Etats-Unis ne sont pas en reste avec quelques véhicules singuliers comme le Plymouth Prowler. Et chez Chevrolet, le PT Cruiser s’insère dans cette tendance avec plus ou moins de critiques sur son design. Et surtout, vient le véhicule qui nous intéresse aujourd’hui, le Chevrolet SSR qui pourrait être une réincarnation moderne du fameux « El Camino » de la même marque, cédant également à la mode du tuning avec des surfaces lisses…
Mon avis donné sur la voiture, partons maintenant dans une présentation plus « conventionnelle ». Inutile de le souligner, la Chevrolet SSR est rarissime en France car ce modèle n’y a jamais été importé. L’histoire de cette voiture débute en Janvier 2000, lorsque dans le cadre du salon de Detroit, General Motors lève le voile sur plusieurs prototypes parmi lesquels figure le Chevrolet SuperSportRoadster.
Ce prototype interpelle les médias et le grand public par sa forme, son excentricité. Les premières questions se posent : sera-t-il produit ? Chevrolet ne le sais pas encore. Dans quelle catégorie classer ce véhicule ? Celui-ci se situe à mi-chemin entre une camionnette du fait de ses formes mais aussi dans la catégorie des roadsters par son allure sportive et son toit escamotable. Surtout, la Chevrolet SuperSportRoadster est une ode aux Hot-Rod avec son imposant V8 de 6,0 litres.
Finalement, face à la réaction du public, General Motors annonce la commercialisation de cette voiture, il faudra attendre 2003 pour voir la version « civile » dans les Show-room Chevrolet. Et entre le prototype et le SSR de série, des concessions ont été faite, sur le moteur, toujours un V8 mais dont la cylindrée passe à 5,3 litres, et tout de même 300Cv développés par ce bloc. Amérique oblige, le SSR se dote d’une boite automatique à quatre rapports car dans la contrée de l’Oncle Sam, la boite manuelle est une chose dont peu de conducteurs veulent (ou savent) se servir.
En revanche, la Chevrolet SSR est handicapée par son poids de 2.159kg; et les performances sont décevantes pour le profil de l’auto : 195km/h en vitesse maximale, 7,8 secondes pour le 0-100km/h. Finalement, au lancement de la voiture, les médias sont déçus et plusieurs défauts sont soulignés, comme le faible volume de chargement de la benne.
Au final, même si la Chevrolet SSR visait un marché de niche, les ventes demeurent décevantes par rapport à ce qui était envisagé, avec seulement 9.000 unités écoulées en 2004. C’est pourquoi Chevrolet corrige le tir et va équiper la SSR d’un V8 de 6,0 litres de cylindrée à partir de 2005; le même bloc qui était alors utilisé dans les Corvette Avec celui-ci, c’est désormais 400Cv qui propulsent la voiture, et le client a le choix entre une boite automatique à quatre rapports ou une boite manuelle à six rapports. Désormais, les performances sont en adéquation avec le standing de l’auto : 5,29 secondes pour le 0-100km/h, tandis que la vitesse maximale passe le cap des 200km/h.
Toutefois, si la Chevrolet SSR a des performances de sportives, elle ne peut cacher sa base quand vient le temps de parler de sa tenue de route. Construite sur la base du Chevrolet TrailBlazer (un 4×4), la SSR tient plutôt du camion que de la voiture de sport; avec un centre de gravité élevé. A cela s’ajoute un problème de rigidité de la caisse (il s’agit d’un roadster…). Au final, la SSR n’est donc pas une sportive, pas un véritable pick-up… mais un jouet. Et comme tout jouet, celui-ci présente une ligne originale, un moteur envoutant, des caractéristiques qui donnent envie, mais au final, le Chevrolet SSR s’avère parfaitement inutile, sauf pour se promener de manière décalée.
La SSR était aussi un jouet de riche, destinée à une production confidentielle dès sa présentation, à l’instar d’une certaine Plymouth Prowler quelques années plus tôt. Un peu plus de 24.000 unités furent réalisées jusqu’en 2006, année pendant laquelle General Motors annonce la fermeture de l’usine de Lansing (Michigan) qui produisait le SSR. Un chiffre qui reste important pour une voiture qui présentait des défauts d’attractivité à ses débuts, sans doute le succès de la voiture aurait été tout autre en proposant dès l’origine le SSR avec le moteur de 400ch. Sans oublier que le design rétro n’était pas apprécié de tous, cet engouement finira par n’être que passager…
Désormais, le Chevrolet SSR s’offre sur le marché de l’occasion, pour ne pas déjà dire que le modèle est déjà sur le marché de la collection par sa rareté et son originalité. Et les prix demeurent élevés pour cet engin, comptez plus de 30.000€ pour un exemplaire déjà présent en France, sinon, il faudra passer par la case import sans oublier par un difficile passage au service des Mines…
Les +
_ voiture décalée
_ exclusivité
_ moteurs V8
Les –
_ première version trop sage ?
_ utilité ?
_ cote soutenue
L’avis d’Alex »
Au final, le terme de jouet est celui qui convient le mieux à la Chevrolet SSR, une voiture qui au final n’a que son physique et sa mécanique impressionnante pour attirer un grand enfant, riche de préférence. Quoiqu’il en soit, la Chevrolet SSR est une voiture passion, faisant référence au passé avec sa ligne rétro, et permettant de rouler cheveux au vent avec la sonorité d’un V8 américain dans les oreilles. Et c’est à ce titre que cette voiture est légitime à être présente sur ce site. Pour le reste, vous connaissez déjà mon avis…