Archives par mot-clé : C1

Coste C1 – 1996

                 On connait l’Angleterre et ses nombreux artisans en matière automobile, capables de concocter aussi bien répliques que modèles originaux. Mais en France aussi, on compte quelques talents cachés, qui sont hélas bien moins connus que certaines créations nous venant tout droit d’outre-manche. Et parmi ces talents, on peut citer le petit artisan-constructeur Coste, installé dans la région bordelaise qui officiera dans les années 1990 avec une voiture originale : la Coste C1. En effet, celle-ci fut conçue comme une voiture sportive, tout en prenant l’aspect d’une voiture mythique, la Ferrari 330 P4.

                  Sous ses airs de réplique, la Coste C1 est bel et bien une « voiture de série », mais ne vous attendez pas à en croiser une sur nos routes, puisque seuls 27 exemplaires ont été fabriqués ! Venue tout droit des rêves d’un passionné d’automobiles tombé sous le charme des lignes de la Ferrari 330P4 alors qu’il était spectateur des 24 heures du Mans, Jacques Coste émit le souhait de produire sa propre voiture, qui portera son nom. Alors que peu tentent de concrétiser un tel rêve, Jacques Coste mène à bien son entreprise, qui deviendra une réalité au milieu des années 1990 …

 

                    L’histoire de la Coste C1 pourrait commencer aux 24 heures du Mans 1967. Lors de cette édition, Ferrari s’aligne avec la 330P4, une voiture nouvellement créée, dont l’ambition était de récupérer la victoire sur Ford, qui, avec sa GT40, venait de ravir la première place en 1966. L’année d’après devait être celle de la revanche pour le cheval cabré ; elle fut marquée par la victoire, à nouveau, d’une Ford GT40. Mais la Ferrari prenait toutefois les places d’honneur, montant sur les deux autres marches du podium… Non victorieuse au Mans, la 330P4 deviendra néanmoins une voiture mythique par ses victoires dans d’autres courses (notamment à Daytona), mais surtout et avant tout grâce à sa carrosserie dont Jacques Coste, comme tant d’autres, est tombé sous le charme. Quelques décennies plus tard, rêvant de construire sa propre voiture, c’est tout naturellement que le choix de la carrosserie s’arrêta sur celui de la Ferrari. Entre temps, notre passionné fut professeur de mathématiques, avant de se diriger dans le commerce du vin, ce qui lui permit de se créer un pécule financier bien utile pour mener à bien ses rêves.

               N’ayant pas de plan de la Ferrari 330P4, c’est vers une miniature aux 1/43ème que Jacques Coste se tourna pour en récupérer les formes, qu’il remanie en utilisant la théorie du « nombre d’or », une proportion entre deux longueurs qui permettrait de calculer de parfaites proportions. De nombreux artistes avant lui s’y sont fiés, et non des moins célèbres à l’instar de l’architecte Le Corbusier. Coste fit donc réaliser plusieurs maquettes de sa future voiture. Dans le même temps, celui-ci planche sur le châssis, qui sera fait de tubes carrés en aluminium, et capable d’intégrer le moteur en vogue chez les artisans français : le V6 PRV. Le choix de ce dernier se fit, là encore, tout naturellement, compte tenu de sa disponibilité, mais aussi de sa puissance et sa fiabilité; très peu de moteurs réunissaient alors toutes ces qualités.

                      Après quatre années d’études, la première Coste est enfin présentable, elle fut exposée aux proches de son créateur. C’est alors qu’un ami de ce dernier se porte acquéreur d’un exemplaire et décide de Co-financer la future entreprise, en vue de l’homologation et de la commercialisation du modèle. « Coste Engineering» est créée dans la foulée, et celle-ci part à la conquête de l’homologation du modèle. Plusieurs châssis ont du être construits pour effectuer les tests, dont un pour le crash test. Mais au bout de ce parcours, Coste reçoit la « réception par type », ce qui signifie que Coste devenait alors un constructeur automobile, pouvant désormais produire et vendre la C1. La marque apparait la première fois au public lors du salon de l’automobile de Paris 1992, proposant la C1 entre 340.000 Francs et 440.000 francs selon le choix de la motorisation. Un prix élitiste (pour les plus jeunes, cela représentait jusqu’à huit Twingo …), mais le client voyait la voiture fabriquée sur mesure à ses mensurations ! Sinon, pour les moins riches, la C1 était proposée en kit à monter soi-même pour 150.000Francs. Dans ce dernier cas, l’entreprise Coste se réservait le droit d’inspecter la voiture une fois montée avant de donner les papiers nécessaires à l’homologation du modèle ! Coste surveillait la qualité du montage pour veiller à son image…

                    Produite jusqu’en 1996, la Coste C1 voit seulement 27 exemplaires fabriqués, dont seulement 3 produits et assemblés par l’entreprise ! Pour le reste, il s’agit de kit-cars pour la majorité, et de quelques châssis pour l’homologation. Et au total, seule une grosse dizaine d’exemplaires furent immatriculés…

 

                   Réplique ? Reconstruction ? Non, la Coste C1 est loin de tout ça, car il s’agit d’une voiture originale. Mais impossible de le nier, la ligne de la voiture est très fortement inspirée des Ferrari, sans toutefois en être une copie conforme, chose que martelait son créateur lors du lancement de la marque. Proche de la Ferrari 330 P4, aussi bien dans son aspect général que dans certains de ses détails, comme les diverses entrées d’air, toutes présentes au même endroit que sur le modèle de Maranello, ou encore du petit aileron à l’arrière. Cependant, la comparaison semble s’arrêter là, puisque les rondeurs de la carrosserie sont moins marquées sur la Coste, et que la bordelaise semble être une 330P4 en réduction, la cause sans doute aux portes à faux arrière et avant bien plus courts par rapport à la Ferrari. Pourtant, la Coste a des dimensions quasi similaires à la 330P4, puisque du long de ses 4,14 mètres, elle est légèrement plus courte de quatre centimètres, elle est en revanche plus large de sept centimètres (1,88 mètres), et affiche une hauteur de 1,13 mètres, tandis que la Ferrari mesurait exactement le mètre. Une Coste aux dimensions de la Ferrari dont-elle s’inspire, pas mal pour une aventure partie d’une miniature au 1/43ème !

                   En revanche, pour ce qui est de la ligne de la voiture, celle-ci parait bien moins naturelle que celle de la Ferrari, en dépit des efforts réalisés par son créateur et de l’utilisation de la théorie du nombre d’or. Si la face avant semble avoir été très travaillée, tout comme la ligne vue des 3/4 avant, l’élan se coupe net dès que l’on regarde la voiture de profil et de l’arrière. En effet, les formes trop arrondies des ailes arrière et du cockpit ôtent l’aspect sportif tant désiré, tandis que les roues paraissent bien petites dans leurs arches, encore plus pour les roues arrière avec la hauteur de l’aile démesurée … Quant à la face arrière, celle-ci semble donner l’impression qu’elle est haute, confortée par le fait que cette face soit complètement plate, perpendiculaire par rapport à la route, et ce n’est pas le petit aileron qui changera la donne.

                     Enfin, malgré la ligne qui s’inspire d’une Ferrari des années 1960, la carrosserie de la Coste ne peut cacher quelques éléments de son époque de fabrication, comme l’ensemble de la surface vitrée qui est légèrement teintée en bleue, un élément très à la mode dans les années 1990, où encore les rétroviseurs, en plastique, et aux formes tout en rondeur. Pour en revenir au vitrage, le pare-brise saura vous impressionner par sa forme de bulle, une petite prouesse !

                 Côté moteur, comme nous l’avons précédemment évoqué, c’est vers le V6 PRV que Jacques Coste s’est penché pour équiper sa voiture, moteur qui était plein de qualités nécessaires à la construction de voitures sportives, et dont nombre de petits constructeurs feront le choix, citons entre autres Venturi… Il faut dire que développant 160Cv de base, la grande fiabilité du PRV permet de faire sans problèmes de nombreuses préparations, afin de porter aisément le moteur entre 200 et 300Cv (Venturi a même réussi à lui faire développer jusqu’à 400CV …). A cela, on peut rajouter que la Française de mécanique (qui construisait les PRV) jouait le jeu et commercialisait ce moteur aux petits constructeurs sans broncher.

                     Pour Coste, ce moteur présentait plusieurs avantages, tout d’abord, c’était un V6, une architecture noble, certes pas autant qu’un V12 Ferrari, mais ce moteur était idéal pour octroyer de bonnes performances à la Coste, qui pèse un tout petit peu plus d‘une tonne. Ensuite, comme ce moteur se prêtait aux préparations, cela permettait au client de définir le niveau de puissance du moteur selon ses finances. Proposé de base avec 160Cv, il était également possible de faire modifier son moteur par un préparateur pour lui faire dépasser le cap des 200Cv, ce que beaucoup de clients faisaient.

                  Sur la Coste C1 de cet article, c’est un V6 PRV issu de la Renault R25 de 2.996Cm3 (contre 2.849 d’origine) qui développe 195Cv DIN. Celui-ci est alimenté par une injection électronique de marque Renix et couplé à une boite à cinq rapports issue de la Renault 25 également. Ce moteur est en positon centrale arrière, et ce sont les roues arrière qui sont motrices. Côté performances, telle qu’équipée, la Coste C1 peut atteindre les 240km/h en vitesse maximale, et met 6,5 secondes pour le 0-100km/h. La Coste est donc une véritable sportive capable d’aller titiller quelques voitures de marques très connues !

                     Sur le plan de la finition, comme beaucoup de petits constructeurs, Coste est allé piocher dans les pièces de grande série pour diminuer les coûts de conception, et donc de vente. Ainsi on retrouve une direction à crémaillère issue de la Renault 11; des freins à disque ventilés issus de Renault 25 V6 pour l’avant, BX Sport pour l’arrière… Bref, comme vous le comprenez, tout ce qui est pièce d’usure vient de la grande série, un avantage énorme pour l’entretient de la voiture et pour la disponibilité des pièces ! Passons dans le cockpit à présent …

                         Monter dans la Coste C1 est un véritable exercice d’équilibriste, on y grimpe comme dans une voiture de course. Il faut dire que le cockpit est très étriqué, le moindre centimètre carré est compté ! D’ailleurs, la place, c’est ce qu’il manque le plus dans la Coste, il vaut mieux ne pas être grand, sous peine de voir sa tête dépasser de la voiture ! Mais l’intérieur surprend énormément, car avec son look de voiture de course et son intérieur si étroit, on ne s’attend pas à être dans un environnement si luxueux, puisque cette Coste se pare de cuir blanc, et il y en a absolument partout, du tableau de bord aux panneaux de portes, en passant par le volant ! Et le tout est extrêmement bien fait, on sent le travail d’artiste … Petit bémol en revanche pour les commodos, les boutons, et le rétroviseur en plastique noir, que l’on sent venir tout droit de la grande série …

                       Un petit regard sur le tableau de bord permet de voir un équipement assez complet, tachymètre et compte-tours bien évidement sont présents, mais aussi pression d’huile, température d’eau, jauge à essence … et l’ensemble de ces compteurs porte la griffe « Coste », ce petit constructeur n’avait rien laissé au hasard ! D’ailleurs, on retrouve même le logo de la marque sur l’impressionnant pare-brise ! On pourrait presque se sentir dans une berline de luxe si la position de conduite n’était pas si ras du sol, et que le compteur n’était pas gradué au-delà des 300km/h !

                         On retrouve également une touche de sportivité dans le démarrage du moteur, qui se fait après avoir mis le contact, en appuyant sur un bouton « start ». Seuls ces petits artisans pouvaient se permettre une telle excentricité en ce temps. Enfin, pour en finir avec cette voiture, il faut noter que le toit peut s’enlever, comme sur les photos qui illustrent cet article, faisant de la C1 un targa, avec la possibilité de revenir en « coupé » dès que le mauvais temps se profile au loin, à la seule condition, que la tête des occupants puisse passer dans le cockpit toit fermé … ce qui est rarement le cas …

Les +

_ le look
_ disponibilité des pièces mécaniques
_ voiture rare et d’exception
_ français !

Les –

_ Carrosserie à ne pas casser !
_ mauvaise image de réplique
_ intérieur un peu étriqué

L’avis d’Alex

                   La Coste C1 est sans aucun doute une voiture qui fait tourner les têtes, rien que le bruit travaillé du V6 PRV attirera l‘attention, mais c’est surtout la ligne de la voiture qui interpellera. Même au beau milieu de voitures pourtant très connues et prestigieuses, la Coste C1 se distingue et attire l’attention. Pour les uns, ils s’agira d’une superbe voiture de sport, voire de course; tandis que pour d’autres, il ne s’agit là que d’une pâle copie de la mythique Ferrari 330P4… Néanmoins, pour qui veut rouler décalé, français et sportif, ou voulant une réplique de Ferrari, la Coste C1 est sans doute une des meilleures réponses. Mais le plus dur, ce sera de trouver l’un des exemplaires homologués pour rentrer dans le club très fermé des possesseurs de Coste. Quant au prix, la côte est inconnue, puisque les exemplaires s’échangent en privé, entre passionnés …

             Mes remerciements pour cet article à tout les contributeurs, car il est loin d’être évident de rassembler des informations sur ce constructeur très peu connu, et sans oublier J-F, mon fidèle correcteur !