Produire des voitures sportives n’a pas été la vocation première de BMW, mais ce type de véhicule connaissait un certain succès dans les années 1960 et 1970, BMW s’engouffre dans la brèche avec ses 2002Tii, 2002 Turbo ou encore 3.0 CSL. C’est dans cette lancée que BMW prépare une voiture conçue pour la compétition, la BMW M1, la première supercar bavaroise.
Prenez BMW au milieu des années 1950, la marque bavaroise se démène pour survivre en produisant l’Isetta, une microcar qui, à défaut d’engranger d’importants bénéfices, permet d’assurer l’activité automobile. Vingt ans plus tard, cette époque est révolue puisque BMW a confiance en son avenir, des modèles sont venus marquer l’histoire comme la 2002 dont la déclinaison Turbo venait d’apparaître quelques années auparavant, ou encore le coupé 3.0 CSL.
BMW est devenu actif en compétition avec des succès en rallye ou encore sur piste. En 1976, le département sportif de BMW, Motorsport, reçoit l’ordre de développer une voiture de compétition destinée aux Groupe 4 et 5 avec un volet « civil » pour obtenir l’homologation car 400 unités sont nécessaires pour pouvoir courir. Et la marque allemande ne part pas d’une page blanche et sort de ses cartons un prototype présenté en 1972, la « BMW Turbo Studie » qui avait été l’œuvre du célèbre Paul Bracq. Ce prototype était équipé du moteur de la 2002 Turbo monté en position centrale arrière, un concept inédit pour BMW.
Pour le projet E26 qui donna naissance à la BMW M1, la marque allemande s’entoure d’une équipe de spécialistes dans la conception de véhicule de course, c’est ainsi que Lamborghini est appelé pour concevoir le châssis de la M1, Giuguiaro de chez ItalDesgin pour la carrosserie. Le rôle de Motorsport se limite aux développements du moteur.
Pour le châssis, Lamborghini viendra épauler BMW en tant que conseiller technique et comme spécialiste du châssis tubulaire, la solution retenue pour le projet E26. Toutefois, les années 1970 sont celles de la crise pétrolière, Lamborghini frôle la banqueroute et stoppa sa collaboration avec BMW jugée peu rentable. Heureusement, les premiers châssis avaient été livrés, il ne restait plus à la marque allemande de se trouver un partenaire pour les produire, ce fut le carrossier Baur qui fut appelé, fidèle allié de BMW.
Concernant la mécanique, la M1 embarque un six cylindres en ligne cubant 3.453cm3 dérivé de la production civile, qui vient se loger à l‘arrière de la voiture. Cette mécanique fut toutefois préparée pour délivrée le plus de chevaux possible, la culasse offre quatre soupapes par cylindres, l’alimentation est assurée par une injection mécanique Bosch, ce qui permet au six cylindres de développer 277Cv. Une boite ZF à cinq rapports vient se greffer à cette mécanique. Côté performances, il suffit de 5,6 secondes pour passer de 0 à 100km/h, l’aiguille du compteur bloquera à 262km/h en vitesse de pointe. Pour les versions de compétition, Motorsport développa des M1 développant jusqu’à 490Cv !
Ces performances n’auraient pas été telles sans la carrosserie, réalisée en fibre de verre pour limiter au maximum le poids. Les lignes de la voiture ont été étudiées par Giugiaro pour être le plus aérodynamique possible tout en s’inspirant du concept car « Turbo ». La BMW M1 possède ainsi l’aspect des sportives des années 1970, une ligne très basse (1,14m), une gueule qui descend raz le bitume, et un capot moteur orné de larges ailettes de couleur noire.
Se voulant être la plus légère possible, la BMW M1 ne fait pas dans le luxe : le tableau de bord s’équipe de compteurs strictement nécessaires au pilote, le reste est dépouillé. Les fauteuils sont de type baquet pour assurer un maintien à haute vitesse et revêtent un simple tissu gris. Toutefois, pour légitimer son prix, le tableau de bord est recouvert de cuir tandis qu’une épaisse moquette tapisse le sol. Ouf, l’honneur est sauf.
Présentée dans le cadre du salon de paris 1978, la BMW M1 se cherche alors 400 clients pour écouler la production civile de la voiture qui avait commencé. La voiture obtient son homologation par la FIA en 1979, il ne restait plus qu’à attendre le 400ème exemplaire pour débuter sa carrière sportive. Toutefois, la FIA condamna le modèle en préférant miser sur la Formule 1 au détriment des Groupe 4 et 5 qui disparaissaient… BMW développa alors une formule monotype pour les apprentis pilotes de F1 avec le Championnat M1 Procar, remporté par Nelson Piquet et Niki Lauda sur ses deux seules saisons. Si la M1 obtient sont ticket pour le Groupe 4 en 1980, BMW préféra aller en Formule 1.
Quant aux BMW M1 civiles, le programme fut un échec complet, la voiture était proposée au prix d’une Lamborghini Countach à cause d’une production complexe. De juillet 1978 à février 1981, 477 exemplaires sont sorti des ateliers Motorsport dont 399 versions civiles… Mais aujourd’hui, la BMW M1 tient sa revanche dans le mode de l’automobile de collection !