Au lendemain de la seconde guerre mondiale, les armées prennent conscience de l’utilité de petits véhicules de reconnaissance, dont la Jeep fut l’un des atouts de l’armée américaine. Si dans un premier temps les armées s’équipent de surplus US, les industries nationales se mettent à étudier leur version… C’est le cas au Royaume-Uni avec l’Austin Champ.
A la fin des années 1950, les industries européennes se mettent à étudier des véhicules inspirés de la Jeep pour le besoin de leurs armées nationales, c’est le cas en France avec les projets Delahaye VLR (lire aussi : Delahaye VLR), Peugeot 203R (lire aussi : Peugeot 203R) ou encore Mathis VLR86 (lire aussi : Mathis VLR86). En Angleterre, c’est le même combat, l’état-major demande le développement d’un camion léger de reconnaissance par l’industrie anglaise pour réduire la dépendance vis-à-vis des américains. Ce projet démarre en 1947 et donne naissance à trois prototypes nommés «Nuffield Gutty ».
Ces derniers font l’objet de tests effectués par les militaires qui mettent à jour de nombreux problèmes à résoudre qui occupent les ingénieurs du centre de recherche et de développement des véhicules de combats, dont un certain Alec Issigonis appelé pour concevoir un système de suspension. Une fois les problèmes résolus, l’armée fait appel au constructeur Wolseley pour construire une trentaine de prototypes nommés Wolseley Mudlark (nom de code militaire FV1800).
Le véhicule fait encore l’objet de nombreux tests qui dévoilent toujours quelques faiblesses, de suite corrigées. Une fois le véhicule répondant au besoin des militaires, un appel d’offre est lancé pour la construction de 15.000 unités que remporte l’Austin Motor Company. Cette dernière procède au rachat d’une ancienne usine d’aviation en périphérie d’Austin et la transforme pour produire l’Austin Champ, officiellement appelé « Austin Truck ¼ Ton 4×4 CT », le premier véhicule est produit le 1er septembre 1951.
Sous le capot, l’Austin Champ embarque un quatre cylindres en ligne de 2.838cm3 mis au point par Rolls Royce, lequel développait 80Ch. Il était plus gros mais aussi plus puissant que le moteur proposé sur le rival Land Rover. Les premières mécaniques sont produites par Rolls-Royce avant que la licence soit rapidement vendue à Austin afin de diminuer les coûts de production déjà très élevé du véhicule. En effet, une Austin Champ revenait à l’armée 1200£, soit moitié plus cher qu’un Land Rover…
Pour diminuer les coûts de production, Austin obtient de l’armée britannique l’autorisation de décliner le Champ en version civile, laquelle fut toutefois équipée du moteur quatre cylindres de l’Austin A90 Atlantic pour des raisons de coûts. Malgré cela, seules 500 Austin Champ civiles trouvent preneur…
Du côté de l’armée, les résultats ne sont gère plus convaincants, les troupes anglaises préfèrent de loin le Land Rover à l’Austin Champ, la carrosserie fermée offre une meilleure protection aux intempéries alors que la Champ ne dispose que d’une bâche… Surtout, la mécanique du Land Rover est plus simple à entretenir. Et si l’Austin Champ a de véritables capacité en matière de franchissement, le Land Rover arrive à effectuer 80% des tâches dévouées à l’Austin…
Au final, l’armée anglaise décide de mettre un terme à la production de l’Austin Champ en 1956, après une production estimée à 4.000 unités, en indemnisant Austin pour la rupture anticipée du contrat. Un certain nombre d’Austin Champ entrées en service sont mis en stockage, quelques unités sont transférées aux armées territoriales, les autres sont vendues aux enchères publiques à partir des années 1960…