Après son rachat par Volkswagen, Auto Union aurait pu disparaître mais la marque perdure sous la dénomination Audi. Relancer la gamme, impulser une nouvelle dynamique, tel est le rôle des premières voitures de l’ère Volkswagen, la Audi 100 Coupé S rempli pleinement la mission…
En 1965, Volkswagen procède au rachat d’Auto Union auprès de Mercedes afin de reprendre l’usine d’Ingolstadt qui doit être reconvertie pour permettre d’augmenter les capacités de production de la Coccinelle. Mais finalement, la marque va être conservée et prendre le nom d’Audi, qui était l’une des quatre marques composant Auto Union, et conserve le logo aux quatre anneaux. Dans le secret, une berline est développée puis finalement acceptée par la direction de Volkswagen, c’est la Audi 100. Cette dernière apparaît sur le marché à la fin de l’année 1968. Voiture spacieuse à la cylindrée moyenne, cette voiture brille sur le marché et tient tête aux BMW.
Pour aller encore plus loin dans cet affrontement, les stylistes de chez Audi préparent une version coupé qui pourrait rivaliser contre la nouvelle BMW E9 (la fameuse 3.0CS). Pour cela, comme nombre de constructeurs, Audi reprend la base de sa berline 100 mais à l’empattement réduit et y greffe une carrosserie à deux portes. Présenté au salon de Francfort 1969, la voiture n’était pas encore prête et met un an à entrer en production. Mais la clientèle était au courant et la voiture avait su attirer quelques commandes…
Il faut dire que la ligne de la Audi 100 Coupé est plutôt classique sur son secteur, rappelant la Fiat Dino ou éventuellement l’Aston Martin DBS avec son arrière fastback et son importante surface vitrée. Les feux ronds jumelés, les ouïes d’aérations, le capot plongeant donnent un aspect sportif à la voiture, tout en restant très sobre mais souligné par une palette de couleurs très vives.
Sous le long capot, c’est un quatre cylindres en ligne de 1.870cm3 de cylindrée qui se loge, celui-ci est alimenté par deux carburateurs de marque Solex qui lui permet d’atteindre la puissance de 115Cv, la plus puissante des Audi jusqu’en 1976 ! Coté transmission, Audi a préparé une boite à quatre rapport élaborée avec l’aide de Porsche pour la synchronisation. Au final, Audi annonce 185km/h de vitesse maximale et 11 secondes pour passer de 0 à 100km/h. Hélas, ce moteur n’est pas conçu pour une conduite sportive, bien que ses performances la classent relativement bien vis-à-vis de ses concurrentes.
Mais si cette voiture se veut un coupé, la voiture est d’avantage une GT avec son habitacle qui permet à quatre personnes d’y prendre place dans un confort très soigné : fauteuils en velours, accoudoirs sur les panneaux de porte, appuie-tête de série à l’avant… Le conducteur quant à lui dispose d’un volant réglable en hauteur ! Et si Audi aurait pu reprendre le tableau de bord de la berline, c’est un équipement spécifique et complet qui entre dans la 100 Coupé S, seul l’autoradio manque mais Audi prévoit un emplacement pour en installer un !
En revanche, la presse critique la voiture pour son châssis, qui reprend celui de la berline 100 sans notables évolution, les trains roulants sont identiques et seules quelques éléments ont été renforcés. La suspension quat à elle a totalement été revu mais dans l’optique d’améliorer le confort, et non celui des performances, il en sort que l’Audi 100 Coupé n’est pas à son aise quand elle est poussée dans ses retranchements. En somme, cette voiture se destine avant tout à une clientèle préférant une conduite posée tout en disposant des chevaux pour rouler sur les autobahn.
La Audi 100 Coupé S évolua assez peu au cours de sa carrière, notons en 1971 le retrait d’un carburateur pour répondre aux normes anti-pollution qui fait descendre la puissance à 112Cv mais les ingénieurs Audi arrivent à cantonner la baisse des performances (2km/h de perdu en vitesse de pointe…). Aussi, en 1974, la face avant est retouchée et perd ses ailes rondes pour utiliser des emboutis de la maison mère, puis en 1975, le train avant est modifié, la voiture se pare de nouvelles jantes et d’une boite automatique en option pour essayer de conquérir le marché américain, où la 100 Coupé est alimentée par le biais d’une injection qui permet au moteur 94Cv seulement.
Finalement, la production de la Audi 100 Coupé S s’arrête au cours du moins d’Août 1976 après plus de 30.000 exemplaires commercialisés. Un très bon score pour une voiture de sa catégorie, mais la Audi 100 Coupé S resta toutefois très discrète, il lui a manqué un petit quelque chose pour en faire une voiture culte ! Cette voiture est donc à redécouvrir, ne serait-ce pour son charme très seventies mais aussi parce qu’elle cache une bonne routière; quant à la cote, elle a tendance à monter rapidement ces dernières années, peut-être les dernières occasions avant de voir ce modèle devenir intouchable ?