Dans l’immédiat de l’après-guerre, le constructeur Panhard change de politique : terminé les voitures de gamme, le doyen des constructeurs tente désormais de viser un public plus large avec des voitures plus populaires. Surtout, Panhard entre dans une ère d’innovations, preuve en est avec la Dynavia, un prototype aérodynamique présenté en 1948…
Après la seconde guerre mondiale, l’heure est au rationnement, les matières premières sont rares et destinées prioritairement à la reconstruction. L’essence est ainsi distribué au compte-goutte aux propriétaires de voitures, rappelant les mauvais souvenirs de l’occupation. Pour faire face, certains constructeurs étudient des solutions pour obtenir des voitures consommant le moins possible, certains tentent d’aller vers des voitures à taille réduite, les fameuses microcars, d’autres cherchent optimiser le rendement de leurs voitures, c’est le cas de Panhard qui lance une étude sur l’aérodynamique avec le concept-car Dynavia.
Le projet Dynavia est élaboré à partir de l’année 1944 par Louis Bionnier, le styliste de la maison Panhard qui a signé de nombreuses carrosseries, dont celle de la fameuse Dynamic (lire aussi : Panhard Dynamic) réalisée à la fin des années 1930 et au style qui ne laisse pas indifférent. En 1944 donc, Bionnier établi un cahier des charges pour une voiture économe en essence, la voiture doit rester une berline à quatre places et proposer de bonnes performances. Il réalise une maquette au 1/5ème l’année suivante qu’il teste au sein des installations de l’institut Aérotechnique de Saint-Cyr, notamment pour sa soufflerie. Au fil des expérimentations, il arrive à une forme de maquette qui réalise en Cx de 0,17.
Dans le même temps, le Plan Pons mis au point par le gouvernement français attribue à Panhard la réalisation de voitures particulières à carrosserie en aluminium, notamment pour créer un débouché pour ce métal en France. Bionnier y trouve là un moyen de réaliser une carrosserie légère pour sa voiture permettant de réaliser les objectifs du projet Dynavia. La voiture est réalisée au cours de l’année 1947 sur un châssis et une mécanique de Panhard Dyna 100. La voiture définitive offre un Cx de 0,24 et est dévoilée lors du salon de l’automobile de Paris 1948, la voiture y fut remarquée, permettant à Panhard de trouver une image de marque audacieuse.
Avec sa carrosserie profilée, la Dynavia offre de bien meilleures performances que la Dyna de série, la vitesse de pointe est mesurée à 130km/h (contre 100Km/h pour la Dyna X54 Type 100), la voiture consomme également 3,5 litres aux 100km à une vitesse moyenne de 80km/h. Notons que la fiche technique évoque que la voiture a été dessinée pour fendre l’air, mais aussi assurer sa stabilité en cas de vents latéraux et résister aux remous lors du dépassement d’un autre véhicule.
Au delà de l’expérimentation aérodynamique, la Dynavia est conçue comme une voiture capable de prendre la rouge et proposer des solutions d’avenir. Un travail a été effectué sur l’éclairage avec l’aide de Cibié, la voiture propose ainsi trois projecteur : un situé au centre de la face avant qui sert tant de feu de route que d’antibrouillard, couplé avec deux projecteurs à faisceaux plat de chaque côté de la face avant. Notons également la partie avant qui s’enlève d’un bloc pour permettre d’accéder au moteur, ou la roue de secours qui prend place dans l’énorme proue.
Au final, les expérimentations de la Dynavia seront reprises pour le développement de la berline Dyna Z, qui aura ainsi une face avant très arrondie. Quant à la Dynavia, après le prototype présenté en 1948, une seconde voiture a été assemblée et vendue par un concessionnaire de Grenoble à un client suisse. Les éléments pour une troisième Dynavia aurait été réalisés sans que la voiture ne soit assemblée. Aujourd’hui, seul le prototype présenté en 1948 existe est reste la propriété de l’entreprise Panhard & Levassor.