Après le rachat d’Alpine par Renault, la Régie décide de virer de cap et de s’orienter vers la commercialisation de GT en lieu et place des berlinettes. Le premier opus est l’A310, qui fut remplacée par la GTA dès 1985, et hélas, cette dernière n’a pas connu la carrière commerciale espérée…
En 1973, Renault prend une participation majoritaire dans Alpine, le losange prend le contrôle du constructeur dieppois reconnu pour sa berlinette A110. A cette époque, Alpine venait de lancer l’A310 qui s’immiscait sur le marché des GT afin de compléter la gamme Alpine et surtout, essayer de donner une visibilité à long terme pour l’entreprise dieppoise. Mais les premières A310 déçoivent, le quatre cylindres ne peut rivaliser avec les Porsche, et Renault revoit la recette de l’A310 en lui octroyant un V6 et une nouvelle carrosserie dès 1976. Le succès fut présent avec plus de 9.000 exemplaires en V6, malgré une fiche technique dépassée par ses principales rivales.
Alors quand la presse annonce l’arrivée d’une nouvelle Alpine au début des années 1980, les passionnés se mettent à espérer d’une véritable GT capable de lutter avec les Lotus, Porsche, et pourquoi aller taquiner les Ferrari d’entrée de gamme. C’est d’ailleurs l’un des impératifs du cahier des charges de cette future Alpine : la montée en gamme. Cette nouvelle voiture, c’est l’Alpine GTA (pour Grand Tourisme) qui fut présentée en 1985.
Pour la GTA, Alpine (ou Renault-Alpine) reste fidèle à son architecture basée sur un châssis-poutre dont le moteur est placé en porte-à-faux arrière avec une carrosserie en polyester. La carrosserie est travaillée afin d’être la plus aérodynamique possible, tout en gardant les volumes de l’A310. C’est Heuliez qui signe la ligne générale de la voiture, qui fut ensuite retouchée par les designers d’Alpine. L’Alpine GTA affiche un Cx de 0,28, aidée par ses formes lisses, ses phares sous verre, l’inclinaison du pare-brise… Une aérodynamique à la pointe capable de faire pâlir ses concurrentes !
La GTA a également été étudiée afin de laisser un habitacle spacieux avec la volonté d’allier aux performances sportives un confort digne des plus grandes marques opérant sur le segment des GT, dont notamment Porsche. Hélas, si l’habitacle demeure plus vaste et le confort travaillé, la finition vient doucher tout espoir de Renault-Alpine. Car si le poste de conduite a été travaillé avec une position semi allongée avec des commandes tombant sous la main, si l’équipement est riche avec tous les instruments nécessaires au bon fonctionnement de la voiture (tachymètre, compte-tours...), climatisation, assistance électrique pour l’ouverture des portes… la finition est déplorable, entre tissu qui n’a rien à envier aux voitures populaires de Renault et le plastique de mauvaise qualité… Alpine ne peut avoir que des regrets sur ce point, car la finition limita les débouchés de la voiture.
Du côté de la technique, Renault imposa à Alpine de réutiliser le maximum de pièces Renault afin de limiter les coûts de développement. Le train de la GTA est ainsi repris en grande partie à la Renault 25 (suspension, bras supérieur…), tandis que le train arrière est directement repris à l’A310, tout comme les freins à disque. La direction à crémaillère est issue de la Renault Fuego (Lire aussi : Renault Fuego). Quant au moteur, c’est le V6 PRV qui se loge dans la voiture, sans surprise.
Lors de sa présentation en mars 1985, l’Alpine GTA est présentée dans sa version atmosphérique, le V6 PRV de 2.849cm3 est alimenté par deux carburateurs Solex. Plusieurs éléments ont été retravaillés comme l’allumage, l’échappement pour favoriser le couple à bas régime… Cette version nommée V6 GT propose 160Cv et permet une vitesse de pointe à 235km/h, un 0 à 100km/h effectué en 8,5 secondes. Les performances sont au rendez-vous pour 175.000 Francs, mais la finition est déjà montrée du doigt, puis les premiers essais effectués par la presse restent sur leur faim niveau sportivité.
Heureusement, Alpine avait dans les cartons la GTA V6 Turbo, présentée en Septembre 1985, elle se reconnait extérieurement par une grille d’aileron plus large qui lui fait perdre 0,02 points de Cx en contrepartie d’un meilleur refroidissement du moteur. Dans cette version, le V6 PRV cube 2.458cm3, l’alimentation est effectuée par une injection électronique intégrale et un turbo permet d’offrir 200Cv à la GTA. Avec une telle cavalerie, les performances sont en hausse : 250km/h, 8 secondes pour le 0-100km/h. Mais là encore, la finition ne permet pas à la GTA V6 Turbo de jouer avec la Porsche 944 Turbo.
Heureusement, le programme Alpine Europa Cup permet d’offrir à la GTA une visibilité en sport automobile à l’aide d’une formule monotype qui se disputait en ouverture de courses de premier ordre comme les Grand Prix de Formule 1 (lire aussi : Alpine GTA Europa Cup). La voiture est adaptée à la compétition, totalement dépouillée et flanquée d’éléments de sécurité tels que des arceaux; la réglementation de cette compétition est assez libre, permettant des préparations portant la puissance initialement à 220Cv, jusqu’à 275 durant la saison 1988. 69 exemplaires ont été construit entre 1985 et 1988, cette formule fut ensuite remplacée par la R21 Turbo Europa Cup.
Dans le même temps, Alpine prépare une GTA pour le marché US et use ses ressources dans le développement d’un V6 PRV catalysé pour répondre aux normes antipollution de ce pays. Hélas, la GTA était prête à être commercialisée, quelques dizaines d’unités assemblées, quand Renault décide de se séparer de sa branche américaine AMC-Renault au profit de Chrysler (Lire aussi : Renault aux Etats-Unis), l’Alpine GTA US ne vit jamais le jour et laisse à Alpine un trou dans sa trésorerie qui aura du mal à se résorber, et qui limite les possibilités de développement d’une remplaçante de la GTA.
En Europe, pour dynamiser les ventes, Alpine sort une première série limitée de la GTA en 1989, la Mille Miles produite à 100 exemplaires pour fêter les 35 ans d’Alpine. Puis, en Février 1990, la GTA Le Mans (Lire aussi : GTA Le Mans) est présentée avec une production à 300 exemplaires, cette version se distingue par son kit carrosserie qui fait l’unanimité auprès des clients, cependant, la fiche technique qui offre des performances en retrait vis à vis de la GTA laissent septiques les passionnés. Il faut dire que la GTA Le Mans embarque le moteur décatalysée de la GTA US afin d’obtenir quelques retours sur investissement…
Au final, la commercialisation de la GTA s’arrête en 1991 après 6.494 exemplaires, une réussite en demie-teinte qui n’est cependant pas un échec. Car en faisant la moyenne par rapport aux années de commercialisation, il s’est écoulé 927 GTA par an quand l’A310 affiche une moyenne de 765 exemplaires annuels. Toutefois, Alpine voyait plus large pour sa GTA en visant le marché des Porsche, le marché américain. Au final, la GTA a enchaînée les déconvenues et laisse Alpine dans une situation délicate, obligé de reprendre certains éléments pour sa remplaçante, l’Alpine A610 (Lire aussi : Alpine A610), qui parait comme un restylage plus qu’une nouvelle voiture…