Dans les années 1970, l’industrie automobile anglaise commence son long chemin de croix, qui perdura jusque dans les années 2000 avant de voir les principaux acteurs disparaître. Mais pour tenter de survivre, le groupe British Leyland développe une coopération avec Honda, le premier acte est celui de la Triumph Acclaim.
Sur le marché automobile européen, les années 1970 voient apparaître un choc des cultures entre une industrie nippone qui souhaite débarquer en Europe avec des voitures bon marché et de bonne qualité, et l’industrie européenne qui souffre dans certains pays. C’est le cas en Grande Bretagne ou les constructeurs automobiles sont pour la plupart détenus par le groupe nationalisé British Leyland (Austin, MG, Mini, Jaguar, Rover, Land Rover; Triumph…). Mais ce groupe n’arrivera jamais à se restructurer et va sombrer au fil des ans, l’échec de Triumph est à l’image de la déroute de British Leyland.
C’est au cours des années 1960 que Triumph intègre le groupe BMC qui deviendra British Leyland, pour rajeunir la marque, deux modèles apparaissent en 1970, le cabriolet Stag à moteur V8 et une berline de taille moyenne, la Dolomite. Des modèles décriés pour le fiabilité mécanique, auquel se rajoute la TR7 et son style osé en 1975. Dans le même temps, Triumph a du mal à répondre aux exigences américaines en terme d’antipollution, ce qui va réduire son principal marché.
A la fin des années 1970, Triumph est donc une marque en mauvaise posture financière et n’a plus de ressources pour développer de nouveaux modèles. Aussi, les modèles commencent à disparaître, la Dolomite et la Spitfire s’effacent en 1980, la TR7 en 1981, voilà qui aurait pu marquer la fin de Triumph. Mais par la technique du « cheval de Troie », la marque Triumph va perdurer quelques années de plus en produisant une Honda.
En effet, face à la déroute du groupe British Leyland, Honda s’en rapproche pour trouver un accord par lequel une voiture Honda pourrait être produite et commercialisée sous un badge européen, ce qui permettrait de contourner les quotas imposés par la Communauté Economique Européenne en matière d’importations automobiles. British Leyland accepte le deal, qui lui permet de proposer une voiture sans frais de recherches ni de mise au point. L’occasion était trop belle pour la laisser passer… Et c’est Triumph qui va hériter du modèle, qui se dénomme « Acclaim », elle fut proposée à la vente à partir de 1981 .
En pratique, tout n’est pas si simple pour que la Honda Ballade devient une voiture européenne, 50% des pièces doivent être produites dans l’espace européen. Triumph va donc piocher des pièces à droite et à gauche pour remplir ce quota : suspension McPherson, sellerie issue de Ford, … Au final, la Triumph Acclaim reprend l’aspect extérieur de la Honda Ballade mais son équipement est bien plus riche : lave-phares, vitres électriques, enjoliveurs de roues, sellerie en velours, et une climatisation en option.
Côté mécanique, la Triumph Acclaim se dote d’un quatre cylindres en ligne essence d’origine Honda (seule pièce fabriquée au Japon), celui-ci cube 1.335cm3 et se trouve accolé à une boite à cinq rapports, ou d‘une boite automatique à trois rapports fortement inspirée de l‘Hondamatic. L’alimentation est assurée par un carburateur double corps quand la Ballade était alimentée par une simple corps. L’ensemble développe 70Ch et permet une vitesse de pointe aux alentours des 155km/h.
Affichant un bon rapport qualité-prix, la Triumph Acclaim s’illustre sur le marché britannique et entre dans le top 10 des voitures les plus vendues en 1982 et 1983. Cependant, des critiques émergent sur le procédé du « cheval de Troie », British Leyland réplique que c’était ça ou la fermeture de l’usine Triumph. Mais rapidement, British Leyland se réorganise et rationalise ses gammes. La Triumph Acclaim disparaît en 1984 après 133.626 exemplaires fabriqués, ce qui entraîne la disparation de la marque. Mais la collaboration avec Honda perdure, cette fois-ci sous la marque Rover…