Après les 190SL et 300SL, Mercedes-Benz a besoin d’une nouvelle voiture capable de marquer le public et de remplacer ces deux modèles. La SL Type R113, initialement proposée sous la dénomination 230SL a eu cette lourde tâche mais a parfaitement rempli sa mission, au point d’être devenue incontournable dans l’histoire de Mercedes. Alors rencontrons celle que nous surnommons « Pagode »…
Dans les années 1950, Mercedes propose à la vente deux voitures qui s’imposent rapidement, la mythique 300SL épaulée par la petite 190SL qui s’offre aux clients moins fortunés avec son quatre cylindres. Voiture inspirée de la course pour l’une, voiture de ballade avec une belle carrosserie pour l’autre, les 300SL et 190SL marquent le début de l’ère « SL » chez Mercedes-Benz. Mais voilà, cette première gamme n’est pas assez rationnelle, Mercedes ne peut que constater un « trou » dans son offre : la 190SL n’est pas assez sportive quand la 300SL l’est sans doute trop… Et quand la question d’un remplacement de ces deux modèles se pose, Mercedes n’y va pas par quatre chemins : la nouvelle venue devra remplacer à la fois la 190SL que la 300SL.
Cette mission n’est pas une mince affaire d’autant qu’elle n’est que l’une des conditions du cahier des charges. Car la future Mercedes SL doit être pratique à l’usage, reprendre les éléments de la banque de pièce Mercedes, avoir un habitacle irradié par la lumière, présenter une fiabilité parmi ce qu’il se fait de mieux… A cette époque, nous étions au début des années 1960, la direction des bureaux d’études s’était vu intimer l’ordre de changer le style des Mercedes, c’est ainsi que de nouveaux stylistes intègrent la marque, parmi lesquels le français Paul Bracq. Et rapidement, cette équipe planche sur le projet de coupé et roadster SL.
Les fruits de ce travail sont présentés en mars 1963, la nouvelle Mercedes SL est présentée sous le nom « 230SL ». Cette voiture interpelle alors le public tout comme la presse pour son design très harmonieux, marquant une nouvelle phase du design chez Mercedes qui abandonne les courbes pour des lignes plates et toutes en finesse. A l’avant, les phares sont couvert d’une bulle de verre plus haute que large, l’arrière arborait de feux d’une rare finesse et bien intégrée avec des éléments chromés qui participent au charme de l’auto. Quelques chromes sublimement l’ensemble, sans oublier les enjoliveurs chromés avec des parties peintes de la couleur de la caisse.
Mais surtout, l’originalité du modèle demeure dans son hard-top qui donna même le surnom de la voiture : « Pagode ». En effet, la forme de ce dernier est alors inédite sur le marché de l’automobile, ce hard-top a été conçu pour donner esthétiquement l’aspect d’un coupé. Cette idée n’est pas celle de Paul Bracq mais de Béla Bareyni, directeur des projets Mercedes, puis Karl Wilfert l’impose sur le projet 280SL, pour qu’enfin Paul Bracq se charge du style de cet élément. Si le hard-top permet de donner son caractère à la voiture, il n’est pas sans reproche et s’avère peu pratique : il faut s’y mettre à deux pour l’enlever et profiter de rouler cheveux au vent, sans oublier de prévoir un espace pour le stocker.
Ce Hard-Top pagode permet également de conférer à l’habitacle une excellente visibilité et de permettre un accès simple aux occupants de la voiture. L’habitacle est plutôt généreux dans son volume et peut accueillir deux adultes dans de bonnes conditions, tandis qu’une petite banquette arrière peut accueillir bagages ou enfants. L’intérieur fait l’objet de toutes les attentions, la finition est dans ce qu’il se fait de mieux, le cuir tout comme le bois sont présents.
A noter que Pininfarina proposa à Mercedes-Benz de commercialiser une version coupé de la SL Type R113 et proposa même de revoir la carrosserie de la voiture en lui donnant des lignes plus italiennes. Le carrossier a réalisé un prototype de cette voiture afin de démontrer à Mercedes la possibilité de la produire en petite série. Hélas, le constructeur allemand ne donna aucune suite à ce projet. (lire aussi : Mercedes 230SL Pininfarina)
Pour le moteur, Mercedes-Benz installe un six cylindres en ligne sous le capot, à l’origine, celui-ci cubait 2.305cm3, était alimenté par une injection Bosch et offrait une boite à quatre rapports à son conducteur, ainsi que 150Cv qui permettaient une vitesse de pointe à 198km/h ou encore de franchir la barre des 100km/h en 10,5 secondes. En novembre 1966, Mercedes présentait le 250SL, la production du 230SL s’arrêtait en janvier 1967 après 19.831 exemplaires.
Le 250SL quant à lui s’équipe du même six cylindres en ligne que le 230SL mais le bloc moteur est réalésé à 2,5 litres, la puissance tout comme les performances demeurent inchangés, seuls 5.196 exemplaires ont trouvé preneur jusqu’en Janvier 1968, date à laquelle le 280SL prend la relève du haut de son nouveau six cylindres de 2.778cm3. La puissance passe à 170Cv qui permet d’envoyer la voiture au-delà de la barre des 200km/h en vitesse maximale, mais ne nous y trompons pas, la 280SL reste davantage un roadster qu’une véritable sportive. Mais avec de tels muscles, c’est 23.885 exemplaires qui trouvent preneur jusqu’en mars 1971, date de mise à la retraite du modèle.
Au final, la Mercedes SL Type R113 figura au catalogue du constructeur allemand entre 1963 et 1971, 48.912 exemplaires ont été écoulés, 40% de cette production fut réservée aux Etats-Unis. Pour plaire à ce public, la Mercedes R113 pouvait s’équiper d’une boite automatique ZF à cinq rapports, mais ce n’était pas la seule option possible, puisque des jantes en aluminium étaient également disponible. Inutile de refaire l’ensemble du catalogue d’option Mercedes, alors concluons sur ce modèle devenu intouchable pour beaucoup de passionnés, la faute à la 190SL qui est depuis longtemps une voiture dont la cote frôle les 100.000€, les moins argentés se retournent donc sur ce modèle…