Il faut sauver le soldat Maserati. Voilà la lourde mission que tente de relever Alejandro De Tomaso en 1975, épaulé par l’Etat italien suite à la défection de Citroën en vu de son rachat par Peugeot. Pour relancer la machine, De Tomaso décide de lancer une nouvelle voiture à moindre frais, la Kyalami…
Pour comprendre la naissance de la Kyalami, faisons un bref rappel historique : les années 1960 sont fastes pour Citroën qui dépense à tout va sur divers projets et devient propriétaire de Maserati en 1968, cette acquisition lui permet de lancer une DS sportive en 1970, plus connue sous le nom Citroën SM (lire aussi : Citroën SM). Sous l’ère Citroën, la gamme Maserati est également revue avec le lancement des Bora, Merak et Khamsin. Hélas, la crise pétrolière du début des années 1970 frappe de plein fouet le marché automobile et plus particulièrement le segment des sportives, tandis que dans le même temps, Michelin, décide de couper les vivres de sa filiale Citroën dont les dépenses sont trop excentriques pour être rationnelles… et de s’en séparer.
Si dans un premier temps une reprise de Citroën par Fiat est envisagée, c’est finalement l’Etat français qui impose Peugeot, la fusion entre les deux constructeurs français ne se fera pas sans casse, les filiales trop encombrantes doivent quitter le navire rapidement. Parmi ces dernières figure Maserati, Michelin ne cherche même pas à trouver un repreneur et décide de la mettre en faillite. Il faudra la volonté de l’Etat italien pour ne pas voir disparaître ce fleuron et trouver une solution avec De Tomaso qui s’en porte acquéreur en 1975.
Pour son projet de sauvetage de Maserati, De Tomaso voit grand car l’argentin aimerait marcher sur les plates-bandes des versions sportives des BMW série 3 E21 (lire aussi : BMW Série 3 E21), mais celui-ci se heurte à la réalité financière de ses entreprise. En attendant des jours meilleurs, il faut trouver une solution pour relancer la machine, et si possible à moindre coût. De Tomaso décide de faire du nouveau avec de l’ancien : en reprenant sa De Tomaso Longchamp présentée en 1972 et la grimer en Maserati Kyalami avec l’aide du styliste Frua. C’est ainsi que l’avant et l’arrière de la voiture sont modifiés, la face avant bénéfice de quatre optiques rondes tandis que l’arrière reçoit les feux de la Citroën SM.
La « Maseratisation » de la Longchamp n’est pas seulement esthétique puisque la Kyalami récupère un moteur Maserati, le V8 de 4,2 litres qui propose 265Cv, une mécanique alimentée par quatre carburateurs double corps Weber et accolé à une boite à cinq rapports, un ensemble qui permet une vitesse de pointe de l’ordre de 240km/h. La Kyalami récupère également les suspensions arrières de la Khamsin pour obtenir une très bonne tenue de route. En 1978, un V8 de 4,9 litres proposant 280Cv vient compléter l’offre.
Dévoilée lors du salon de Genève 1976, la Maserati Kyalami reçoit un accueil mitigé : ses performances et sa tenue de route sont soulignées, mais son côté voiture rebadgée fait crier les puristes de la marque qui voient Maserati se perdre… Surtout que la Kyalami n’est pas donnée côté prix. Sa carrière perdura jusqu’en 1983 et seuls 200 exemplaires ont trouvé preneur sur cette période, ce qui fait de la Kyalami l’une des Maserati les moins produites.
Mais peut-on parler d’échec commercial pour la Kyalami ? Le propos doit être nuancé puisque Maserati aurait pu disparaître à défaut de reprise en 1975, la Lonchamp fut elle commercialisée à un peu plus de 400 unités entre 1972 et 1989. Et surtout, avec la Kyalami, De Tomaso insuffle les bases de la nouvelle philosophie en attendant l’arrivée de la Biturbo en 1981, la voiture qui donna un nouvel élan à Maserati…