S’il est bien un constructeur qui se vante d’avoir créé le coupé-cabriolet, c’est bien Peugeot, qui l’eut rappelé à la sortie de la 206 CC. Mais est-ce véritablement le constructeur au lion qui a produit la première voiture « coupé-cabriolet » ? La réponse est négative, car la première automobile doté d’un toit rétractable était une Hotchkiss ! Mais en réalité, ce n’est pas si simple, car ce n’était pas une production « usine » d’Hotchkiss, mais l’œuvre d’un carrossier indépendant ! Retour sur l’histoire des « coupé-cabriolet » !
L’invention du toit rétractable, qui est la base du concept du coupé-cabriolet, apparaît en 1931 par Georges Paulin, qui était non pas carrossier mais un dentiste ! Celui-ci se passionna pour l’automobile et déposa en 1931 un brevet sur le toit rétractable, et dépose dans le même temps le nom « Eclipse ».
Il ne restait plus qu’à cet inventeur de génie de trouver une base sur laquelle il pourrait monter ce système. Il trouva un accord avec Hotchkiss et construit un prototype en 1933, mais un désaccord financier entre les deux acteurs marque la rupture de cette alliance naissante.
L’aventure du système Eclipse continuera dans la foulée par une rencontre avec le célèbre concessionnaire de la marque Peugeot : Darl’Mat. Ce dernier était plus qu’un simple concessionnaire et construisait ses propres carrosseries avec l’aide du carrossier Pourtout. Ainsi débuta l’aventure des célèbres Peugeot équipées du système Eclipse.
Ainsi, au début de leur collaboration, Darl’Mat fournit un châssis de Peugeot 301 à Georges Paulin pour qu’il y installe son système Eclipse, la greffe est réalisée par Pourtout, la voiture voit le jour en toute fin d‘année 1933. Ce prototype très innovant est des plus élégants et affiche une ligne plutôt fluide en dépit d’un capot interminable ! Il faut dire que le poste de conduite a été reculé au maximum afin de réduire la taille du toit rétractable pour le loger plus facilement dans son rangement lorsque la voiture est découverte.
Puis ce prototype fut amélioré, le carrossier Pourtout le rend encore plus élégant, avec des lignes très courbées, dans le style du Streamline modern qui était à la mode dans le milieu des années 1930. Mais surtout, cet exercice permet à Pourtout de créer une ligne spécifique qui sera reprise par l’ensemble des production Eclipse, tel la lunette arrière en deux parties. Quant au toit, celui-ci se replie à l’aide d’un moteur électrique !
La 301 Eclipse fut commercialisée telle quelle dès 1934 par Darl’Mat et cette carrosserie pouvait être déclinée sur les modèles 401 et 601 à la demande du client. Un seul mystère perdure, le nombre d’exemplaires produit, étant donné que chaque réalisation se faisait à l’unité après la commande signée par le client.
Tel que spécifié dans le catalogue Darl’mat, le système Eclipse pouvait être monté sur les Peugeot 401 et 601. Un premier exemplaire, se basant sur la 401 C fut produit avant l’automne 1934, avec la même ligne que la 301 Eclipse, seul le capot plus long afin d’intégrer le six cylindres permet de la distinguer. En tout, son dénombrés 79 exemplaires réalisés, vendus 34.750 Francs pièce.
Au salon de Paris, une Peugeot 601 Eclipse est exposée mais cette dernière se base sur un châssis de 401 D, mais l’élément important est une légère évolution sur la carrosserie, avec des lignes qui deviennent plus tendues. Commercialisée 39.750 Francs, un total de 21 exemplaires de Peugeot 601 Eclipse aurait été réalisés.
Une dernière Peugeot 601 fut produite avec le système Eclipse, une voiture célèbre puisque propriété de Marcel Pagnol, a été faite sur mesure en 1935, une réalisation signée une fois encore par Pourtout sur un châssis de 601 DL, et qui fut saluée par le premier prix du concours d‘élégance de Monaco. Cette voiture fit un passage dans un film en 1938, Le Schpountz avec Fernandel comme acteur. Il s’agit là bien sur d’un modèle unique, qui existe encore de nos jours, et en cours de restauration.
En octobre 1935, Peugeot présente sa nouvelle voiture, la 402, réponse à la Citroën Traction, la commercialisation de la 402 débute courant 1936. Cette voiture aux lignes très aérodynamiques, puisque cédant aux normes du streamline modern, se distingue par ses phares positionnés derrière la calandre. Avec cette ligne, dite fuseau-Sochaux, Peugeot pouvait lutter contre la concurrente du Quai de Javel, et cette ligne moderne ne pouvait pas résister au mécanisme Eclipse ! Et Peugeot proposa le cabriolet Eclipse parmi les diverses variantes de la 402, aux côtés de la berline, du coach, d’un cabriolet traditionnel, et d’un roadster. La version Eclipse de la 402 sera même présentée sur le stand Peugeot au salon de l’automobile de Paris 1936, preuve de la volonté de Peugeot de légitimer ce modèle.
Jusqu’en 1940, quatre évolutions furent apporté au cabriolet Eclipse, lesquelles se font au fil des évolutions que la 402 de série connait. Au total, 580 exemplaires de 402 Eclipse auront été commandés et réalisés avant que la seconde guerre mondiale ne mette terme à la production automobile en Europe.
Les premières 402 Eclipse, type 402 et 402 E disposaient de seulement trois places et d’un mécanisme électrique de décapotage, elles reprenaient la base de la 402 de série, et se reconnaissaient également par leur pare-brise en deux parties tout comme la berline, des charnières de porte invisibles de l’extérieur et la baguette de capot à trois nervures qui est spécifique aux premières 402.
Arrivent ensuite les modèles E4Y et E4T qui se basent désormais sur le châssis long de la 402, permettant d’intégrer deux places de plus et donc accroître sa capacité à cinq personnes. En revanche, le mécanisme de décapotage devient manuel. Sur cette version, hormis la longueur de la voiture, le pare-brise est également modifié puisque désormais composé d’une seule et unique glace. Les type E4Y et E4T se distinguent par leur roue de secours qui prend place sur le coffre pour la E4T et qui n’est pas visible extérieurement pour la E4Y.
Puis existe une dernière version, la moins produite avec seulement 27 exemplaires, la 402 E5T, qui ne se distingue guère trop de la E4T, seul le toit rétractable est plus arrondi sur sa partie arrière.
La seconde guerre arrivant en 1940, la production des 402 cesse, tout comme les transformations Eclipse, qui ne reprendrons malheureusement pas après guerre, mettant aux oubliettes le coupé-cabriolet, avant qu’il ne soit remis au goûts du jour en 1998 par le concept Peugeot 20 Cœur sur base de 206 ! Mais le système Eclipse lui, disparaît, Peugeot préférant un simple capotage pour sa 203…
Entre l’Eclipse des années 30 et les 206 CC (ou autre « CC » des années 2000) in ne faudrait peut être pas oublier les Ford Skyliner 1957-59 ! Ford a fait passer le coupé cabriolet à l’échelle industrielle avec plus de 48 000 exemplaires vendus en 3 ans.
Dans le Schpounz, la place des phares interdit de penser que c’est une 402 et un bruit de 6 cylindres ensuite fait penser à la 601. Quand à l’Hotchiss : quelle exhubérance ! On dirait quasiment une Hispano !
L’Hotchkiss à été détruite, il s’agit d’une 301 la deuxième photo !! Et pour répondre à Hugo, je suppose que la ligne Ponton dont vous parlez est la 601 éclipse de Marcel Pagnol que vous pourrez voir dans Le Schpountz avec Fernandel 🙂
Bonjour,
Merci de ces précisions que je vais corriger dans l’article. Auriez-vous le titre d’un ouvrage ou d’un site parlant spécifiquement des Eclipse qui permettrait de justifier tout ceci ?
Bonjour,
Quelle est cette 402 présentée dans l’article avec une ligne ponton? S’agit-il du prototype?
Bonjour,
Les deux 402 présentées sont des voitures de série, ou du moins de pré-série, comme c’est souvent le cas avec les photographies des constructeurs pour la présentation du modèle. Mais je ne saurais en dire plus !
Alex »