Dans les dix années qui suivent la fin de la Seconde Guerre Mondiale, le marché automobile européen voit arriver de nombreuses petites voitures, les microcars, dont les qualités sont inégales selon le producteur. En Allemagne, le producteur d’avions Dornier tente sa chance sans aller jusqu’à la commercialisation de sa voiture…
Dornier est un constructeur d’avions fondé en Allemagne en 1914, et comme après chaque guerre mondiale, la défaite de l’Allemagne entraîne l’interdiction de la production d’aéronefs sur le territoire allemand. Constructeur reconnu, Dornier décide en 1945 de délocaliser ses usines en Suisse (comme en 1918) ainsi qu’en Espagne afin de continuer à produire des avions. Ce n’est qu’en 1954 que Dornier se rétablit en Allemagne, et l’une des préoccupations de Claude Dornier, directeur de l’entreprise, est de lancer un plan de diversification pour être moins dépendant au secteur aéronautique.
Claudius Dornier, fils de Claude, a ainsi développé une petite voiture à quatre places, pour ne pas dire une microcar. Ces petites automobiles sont nombreuses à la fin des années 1940 et pendant la première partie des années 1950, il faut dire que leur prix bas permet à une clientèle de troquer les deux roues motorisés contre une automobile à bas coût, avec des délais de livraisons bien plus rapide que les voitures populaires des grands constructeurs, pour lesquels il n’est pas rare d’attente plusieurs mois – voire années.
La voiture de Dornier, la Delta, est une quatre places dont les passagers avant et arrière sont installés dos à dos. La voiture présente la particularité d’avoir des faces avant et arrière symétriques, ce qui permet à Dornier de limiter l’investissement et le coût de production de cette voiture avec des moules de carrosserie limités, au détriment de l’esthétique de la Delta. Notons que les portes se trouvent sur les faces avant et arrière du véhicule.
Dévoilé dans le cadre du salon de Francfort 1955, le public découvre la petite voiturette Dornier, mue par un monocylindre à deux temps situé au centre de la voiture, sous son plancher, et entraînant les roues arrière. La présentation de cette voiture ne fait pas un grand effet, il faut dire que BMW avait dévoilé, quelques mois plus tôt, une microcar plus soignée esthétiquement parlant : l’Isetta. Le marché allemand comptait déjà la Messerschmitt KR 175 (depuis 1953) et la Glas Goggomobil (depuis 1955), pour les plus connues.
En plus d’un manque d’intérêt lors de sa présentation, Dornier ne s’y retrouve pas financièrement parlant : la société n’a pas l’expérience de l’automobile – contrairement à BMW – et les investissements nécessaires pour lancer la production d’une telle voiture sont importants à réaliser, les volumes de ventes requis pour une telle installation sont tout bonnement irréalisables, encore plus avec autant de rivales dans les roues.
L’investissement de Dornier n’est toutefois pas perdu, l’entreprise revend son projet de voiture au constructeur de deux roues Zündapp qui était alors à la recherche d’un tel produit pour compléter sa gamme. La Dornier Delta donne naissance, après quelques modifications, à la Zündapp Janus dont la carrière débute en juin 1957…