Dans l’univers des Ferrari, les Dino sont des voitures à part car n’ayant jamais porté le blason au cheval cabré. Pourtant, tout le monde fait le lien entre la marque Dino et Ferrari, la raison est simple, les Dino sont en réalité des « petites » Ferrari. Zoom avec le modèle original, la Dino 206 GT produite quelques mois seulement…
Au début des années 1960, Ferrari a failli se faire acheter par Ford à cause de difficultés financières, l’opération échoue à la dernière minute car Enzo Ferrari souhaitait conserver sa pleine liberté en compétition automobile. Pour cela, le choix est fait de rester indépendant, mais cela a un prix et nécessite d’élargir sa clientèle tout en voyant à la baisse les coûts de production. Ferrari propose alors une recette miracle, produire une petite voiture de sport de 1,6 litres de cylindrée.
Toutefois, Ferrari a une image de marque à conserver, Enzo Ferrari lui-même ne souhaite pas qu’une Ferrari porte un autre moteur qu’un V12. Produire une voiture accessible semble antinomique, mais Enzo Ferrari lance sa recette miracle : lancer une nouvelle marque. Et c’est le nom « Dino » qui fut choisi et déposé en 1964, en hommage au fils d’Enzo Ferrari décédé à l’âge de 24 ans en 1956 et qui avait, avant de mourir, conçu un moteur V6 avec l’ingénieur Vittorio Jano. D’ailleurs, le nom « Dino » était déjà utilisé depuis le début des années 1950 en compétition pour désigner les Ferrari à moteur six cylindres.
Cependant, la société Ferrari n’a pas toutes les ressources nécessaires pour mener à bien un tel projet, une alliance avec un autre constructeur est indispensable pour partager les frais de développement. Et le seul élément qui est vendeur pour attirer un autre constructeur, c’est la mécanique que Ferrari propose de partager à qui voudra investir dessus. Et c’est l’italien Fiat qui répond à l’appel, le constructeur de Turin est en effet demandeur d’un tel moteur pour équiper ses modèles haut de gamme et proposer une véritable sportive, qui donna naissance à la Fiat Dino présentée en 1966.
Chez Ferrari, la production de la Fiat Dino permet de dépasser les 500 unités nécessaires pour homologuer un moteur dans certaines compétitions, notamment en formule 2. Mais Ferrari ne perd pas de vue l’objectif premier de la Dino, donner naissance à une voiture de route. Ainsi, Pininfarina s’attèle à la tâche et avait déjà présenté en 1965 la Dino 166P, un modèle inspiré des voitures de compétition mais pour un usage routier. Surtout, ce prototype place le moteur en position centrale arrière, une solution qu’Enzo Ferrari ne voulait pas voir sur ses voitures, la jugeant trop dangereuse pour ses clients.
Toujours en 1965, Pininfarina propose un nouveau prototype nommé Dino 206 GT Speciale, l’étude porte cette fois sur une voiture prévue pour circuler sur routes ouvertes mais en se basant sur le châssis d’une voiture de sport, et donc présentant toujours le moteur en position centrale arrière. La ligne de la voiture fut sans doute validée par Ferrari puique c’est à partir de ce modèle que fut développé la Dino de route , avec un détail qui fut repris : la lunette arrière de forme concave.
Lors du salon de Turin 1966, si Fiat présente sa Dino, Ferrari travaille encore à son projet et Pininfarina et présente une voitures proche de la série, les grandes lignes sont celles du prototype de l’année précédant avec toutefois, un habitacle plus haut, la présence de pare-chocs, un avant avec des phares plus conventionnels. En 1967, le prototype s’affine encore, les lignes définitives sont validées et ne seront que peu retouchées avant la mise en production du modèle.
La mise en commercialisation de la Dino 206 GT commence à se préciser, les derniers prototypes sont présentés à la fin de l’année 1967 puis au salon de Bruxelles ayant lieu en janvier 1968. Le modèle effectue ses tests définitifs, puis la production est lancée au cours du premier semestre 1968.
La Ferrari Dino 206 GT est donc équipée d’un moteur V6 de deux litres de cylindrée, lequel développe 180cv, et finalement placé en position centrale arrière. Le moteur de la Dino 206 GT fut revu par l’ingénieur Lampredi avant d’être assemblé par Fiat en vertu des accords signés en 1964. Celui-ci se retrouve accolé à une boite à cinq rapports synchronisés, alimenté par trois carburateur Weber double corps, un ensemble qui permet des performances honorables : 235km/h, 7,5 secondes pour le 0-100km/h et 28,2 secondes pour le 1.000 mètres départ arrêté.
La carrosserie est réalisée en aluminium par le carrossier Scaglietti, habituel sous-traitant de Ferrari depuis les années 1950 concernant ce matériaux. Ainsi, le poids affiché de la Dino 206 Gt est annoncé à 900kg, mais sans doute plus proche de la tonne en réalité. On le constate donc, la Dino 206 GT n’a pas été conçue comme une sportive au rabais, la preuve encore dans son équipement puisque la voiture se dote de quatre freins à disque ventilé, de suspensions indépendantes, de jantes 14 pouces à écrou central… Tout est fait dans l’optique de la performance !
Commercialisée 15.000$, la Dino 206 GT affiche un prix qui reste élevé mais la clientèle n’est pas dupe de la stratégie marketing mise en place par Ferrari pour différencier les deux marques. Aussi, la brochure de la voiture sait habillement jouer de l’image de Ferrari pour vendre la voiture. Ainsi, la clientèle est attirée par la voiture de part sa ligne, les performances mais aussi par son statut de « petite Ferrari ».
Aussi, très rapidement, les premiers retours de la clientèle montre que la voiture satisfait la demande sur divers points mais qu’un petit surplus de puissance serait le bienvenu. Ainsi, Ferrari (ou plutôt Dino) fait évoluer très rapidement le modèle pour laisser place en 1969 à la Dino 246GT, plus puissante et aux performances encore plus vendeuses…Entre temps, 155 Dino 206 GT avaient été construite.
Une de mes Ferrari préférées au point de vue de la ligne. Heureusement que la mariage Ferrari/Ford ne s’est pas fait. parce qu’entre la raffinement mécanique et l’aspect extérieur d’un moteur Ferrari et un V8 Américain, il y a un monde